Les réformes entreprises par le Maroc, les nombreux chantiers et la nouvelle Constitution intercèdent en faveur de sa candidature au PGO (Partenariat pour le Gouvernement Ouvert).
Les réformes et grands chantiers dans lesquels le Maroc s’est investi et les progrès importants, réalisés grâce à des concertations menées avec l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) et à son appui, militent en faveur de sa détermination à adhérer à l’initiative du «Partenariat pour le Gouvernement Ouvert» (PGO) lancée en septembre 2011 par les Etats-Unis et le Brésil et qui regroupe, à ce jour, 67 pays dont un seul de la région MENA, la Jordanie.
Si les acquis du Maroc et les efforts déployés intercèdent en faveur de sa candidature, la Constitution de 2011 consacre la protection des droits de l’homme, la participation démocratique, la liberté de la presse et d’association, la transparence, l’intégrité et la moralisation du service public constituent des principes majeurs et fondateurs de l’initiative pour un gouvernement ouvert. Il n’en demeure pas moins que la candidature du Maroc au PGO reste tributaire d’un critère important et de taille, nous a confié Martin Forst, chef de division des examens de la gouvernance et des partenaires à l’OCDE, à savoir l’accès à l’information. En effet, un projet de loi sur ce volet s’inscrit dans le cadre de la dynamisation des dispositions de l’article 27 de la Constitution qui garantit le droit d’accès à l’information comme faisant partie des droits et libertés fondamentales.
Organisé à Rabat, le 23 janvier 2015, conjointement par le ministère marocain de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration et le programme MENA-OCDE pour la gouvernance, le Comité de pilotage du Gouvernement Ouvert s’inscrit dans le cadre de soutien qu’apporte l’OCDE au Maroc pour aider le gouvernement marocain à promouvoir la transparence, la participation citoyenne, l’efficacité des services publics et la reddition des comptes.
Cette réunion du comité de pilotage a permis de présenter et de discuter les recommandations de la Revue OCDE sur le Gouvernement Ouvert au Maroc; recommandations qui serviront à orienter les prochaines étapes prises par le gouvernement marocain pour mettre en œuvre des politiques de Gouvernement Ouvert et rejoindre à pas sûrs le PGO.
Présidant la réunion du comité de pilotage sur le Gouvernement Ouvert, à laquelle ont participé l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Dwight L. Bush, Martin Forst, chef de division des examens de la gouvernance et des partenariats OCDE et Ottavio Neves, coordinateur pour le gouvernement ouvert et la transparence (Brésil), le ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Mohamed Moubdie, a remercié les pays partenaires, notamment les USA qui ne cessent, a-t-il dit, d’appuyer et d’accompagner le Maroc dans ce projet. Moubdie a rappelé les progrès importants réalisés grâce à l’appui et aux concertations menées avec l’OCDE qui lui permettent de consolider son éligibilité au PGO, notamment en termes de bonne gouvernance et de critères minimums d’éligibilité à ce partenariat. «La Constitution de 2011, consacre des principes comme la protection des droits de l’homme, la participation démocratique, l’accès à l’information, la liberté de la presse et d’association, la transparence, l’intégrité et la moralisation du service public qui constituent des principes fondateurs de l’initiative pour un Gouvernement Ouvert », a souligné Mohamed Moubdie. Et de conclure: «Les acquis du Maroc et les efforts déployés dans ce domaine intercèdent en faveur de sa candidature».
Mohammed Nafaa
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Entretien
Ce que peut l’OCDE pour le Maroc, au PGO
Martin Forst est chef de division des examens de la gouvernance et des partenariats à l’OCDE. Il nous parle de la candidature du Maroc au PGO.
Le Maroc pourrait-il adhérer à l’initiative du «Partenariat pour un Gouvernement Ouvert» (PGO), lancée en 2011 par les USA et le Brésil et regroupant 67 pays? En a-t-il les moyens et répond-il aux 4 critères majeurs exigés des pays demandeurs?
Je dirais que le Maroc remplit presque les critères exigés pour son éventuelle adhésion au PGO.
Vous dites «presque». Que lui manque-t-il en fait?
Il manque une pièce. C’est la loi concernant l’accès à l’information.
Une pièce maîtresse?
Elle est effectivement importante. Mais une fois membre, le plus important, ce seront les changements réels de comportement mis en œuvre dans les administrations ; et surtout dans la relation entre les citoyens et l’administration. Là, je vous le concède: il y a beaucoup de choses qui doivent être faites.
Et le rôle de l’OCDE dans tout cela?
Nous, en tant qu’OCDE, nous pouvons apporter notre expérience et surtout montrer comment mettre en œuvre cette initiative de Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (PGO). Ce n’est certainement pas facile, mais il faut s’y investir. Donc, il faut formellement adhérer à l’initiative, ensuite, nous sommes là pour aider le Maroc s’il en exprime le désir. C’est le côté concret de changer les choses qui prime.
Il y a encore beaucoup à faire pour rétablir la confiance entre les citoyens et l’administration. C’est véritablement un grand chantier…
Il y a beaucoup à faire, certes, mais il faut aussi dire qu’on peut observer dans tous les pays de l’OCDE, aussi bien aux Etats-Unis d’Amérique qu’en France ou en Allemagne, cette question de confiance entre les citoyens et l’Etat. Donc, si c’est aussi le cas au Maroc, ce n’est pas un problème impossible à dépasser.
Qu’apporte l’OCDE au Maroc pour son adhésion au PGO?
D’abord, un soutien technique et comment gérer ces politiques de façon concrète pour leur mise en œuvre.
Ce qui est à mon avis important, c’est de moderniser la façon de gouverner. L’OCDE ne prétend nullement dicter au Maroc ce qu’il doit faire pour réussir sa gouvernance, mais va donner à ce pays, à sa demande bien entendu, la manière adéquate et appropriée au contexte marocain.
Que gagne le Maroc de cette initiative du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert?
Le plus important, c’est l’amélioration de la qualité de la gouvernance. Donc, si le Maroc réussit à mettre en œuvre quatre ou cinq idées de nouvelle politique avec une autre façon de faire, il aura beaucoup à gagner en développement, économique mais aussi social.
Est-ce aussi un label à l’international?
Dans ce genre de réalisations et d’initiatives, c’est évidemment un label, mais c’est un label qui est surtout là pour augmenter l’engagement de tout le monde. C’est important d’avoir un but, un cap.
Interview réalisée par MN