Les efforts du Maroc en matière de lutte contre le financement du terrorisme ont été mis en exergue, samedi à New Delhi à l’occasion de la 3e Conférence ministérielle sur la lutte contre le financement du terrorisme.
Organisée par le ministère indien de l’Intérieur, cette 3e édition qui s’est appuyée sur les conclusions des première et deuxième Conférences ministérielles tenues en France (2018) et en Australie (2019), a été marquée par la participation de 93 pays et organisations multilatérales.
S’exprimant lors de cet évènement tenu sous le thème « No Money For Terror« , l’ambassadeur du Maroc en Inde, M. Mohamed Maliki a indiqué que le monde fait face à diverses tactiques utilisées par les groupes terroristes qui adoptent les nouvelles techniques de communication, utilisent de nouveaux systèmes d’armes, et récemment, font recours à de nouvelles technologies émergentes pour financer leurs activités.
Le niveau d’usage des technologies émergentes par des groupes et des individus terroristes peut varier en fonction de sa portée et de son ampleur, mais leurs méthodes de financement se sont fortement développées, a mis en garde le diplomate marocain.
« Ces groupes et individus ont opté, en grande partie, pour les activités en ligne, en utilisant de nouveaux instruments financiers basés sur les réseaux sociaux, le financement participatif ou encore les plateformes de crypto-monnaies« , note M. Maliki.
Conformément à ses obligations et responsabilités internationales, le Maroc, affirme M. Maliki, a mis en œuvre de manière proactive une politique de tolérance zéro basée sur une série d’actions visant à renforcer le cadre réglementaire de la sécurité nationale, à améliorer l’infrastructure technique et les capacités technologiques des autorités chargées de l’application des lois et à promouvoir des partenariats public-privés pour lutter contre le financement du terrorisme.
En effet, cette politique, poursuit-il, consiste en une vision stratégique intégrée reflétant l’engagement du Royaume à lutter efficacement contre toutes les formes de crime financier organisé.
La loi relative à la Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC-FT) en vigueur au Maroc, a mis en place le cadre juridique et institutionnel nécessaire et a intégré les normes et bonnes pratiques internationales en la matière dans le système juridique national.
En vertu des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), le Maroc, a relevé M. Maliki, a officiellement adopté son premier rapport national d’évaluation des risques en juin 2019 et mis à jour ses résultats en avril 2022, dans le but d’identifier les principales menaces et vulnérabilités ainsi que le niveau de risque qui en résulte.
Par ailleurs, la révision de la loi n°43-05 relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux a permis de bien préciser les missions dévolues à la cellule de renseignement financier, qui couvre désormais clairement les aspects relatifs à la lutte contre le blanchiment et les infractions sous-jacentes, ainsi que la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes et leur financement.
M. Maliki a également mis l’accent sur la création de la Commission en charge de la mise en œuvre des sanctions financières ciblées et du registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés créées au Maroc.
Dans ce cadre, a-t-il ajouté, le Maroc préside, depuis le début de l’année 2022, le Groupe d’action financière Moyen-Orient et Afrique du Nord et le Forum de coopération financière des cellules francophones de renseignement financier.
En effet, en sa qualité de co-président du Forum Mondial de Lutte contre le Terrorisme (GCTF), et de co-président de « l’Africa Focus Group » de la Coalition Mondiale de Lutte contre Daech, le Maroc continue de privilégier le travail multilatéral comme pierre angulaire de toute action collective contre le terrorisme en général, et son financement en particulier.
De même, le Maroc accorde une grande importance aux aspects d’échange d’informations, de renseignements financiers et d’analyse et d’évaluation des risques, afin de prévenir les différentes formes de criminalité, en particulier l’utilisation potentielle des cryptomonnaies pour le financement du terrorisme.
Dans ce contexte, la « Déclaration de New Delhi sur la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes » adoptée le 29 octobre 2022 établit un nouveau niveau de coopération dans la lutte contre l’utilisation des nouvelles technologies pour le financement du terrorisme, en réitérant l’importance de renforcer « la traçabilité et la transparence des transactions financières ».
Le Maroc, conclut l’ambassadeur, est convaincu que des efforts coordonnés aux niveaux international, régional et national en sus d’une communication et un échange d’informations transparents entre toutes les parties prenantes contribuerait à la maîtrise réussie du financement des activités terroristes.
Les participants à cet événement ont débattu des tendances mondiales du terrorisme et des canaux officiels et non officiels de financement du terrorisme, de l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes pour le financement du terrorisme et de la nécessité de renforcer davantage la coopération internationale pour relever les défis de la lutte contre ce fléau.
Les participants ont, par ailleurs, salué l’offre de l’Allemagne d’accueillir cet événement en 2024 et 2025, tandis que les discussions sont en cours pour désigner le pays hôte de la conférence ministérielle pour l’année 2023.
LR/MAP