«Pôle de stabilité », le Royaume du Maroc demeure le principal « appui » de la France et de l’Europe en Méditerranée et dans les profondeurs du Grand Sahara, soulignent Jean-Sylvestre Mongrenier et Antonin Tisseron, chercheurs associés à l’Institut Thomas More.
Entre la volonté expansionniste turque en mer Méditerranée, le conflit libyen et la menace migratoire, les événements des dernières semaines auront illustré la gravité des menaces qui pèsent sur les frontières méridionales de l’Europe, en Méditerranée et dans les profondeurs du Grand Sahara, estiment les deux chercheurs dans une Tribune publiée lundi par le Figaro.
De même, au sud du Maghreb, la France et l’Europe sont aussi confrontées à des menaces. Géographiquement éloignées, celles-ci n’en ont pas moins des conséquences en Méditerranée et sur les frontières européennes, notamment sur le plan migratoire, relèvent-ils.
Selon les deux chercheurs, « l’heure n’est assurément pas à la célébration de l’Eurafrique et de ses promesses ». « Pourtant, la France et ses alliés européens n’auront pas le loisir de se retrancher derrière d’illusoires parapets: les frontières se défendent à l’avant. Aussi est-il important d’identifier quelques points d’appui et pays capables de s’engager dans le traitement d’un certain nombre de situations géopolitiques », relèvent-ils.
Parmi ces pays, les deux chercheurs mettent l’accent sur le Royaume du Maroc, qui se caractérise par sa solidité et qui demeure « un pôle de stabilité ». S’il souffre lui aussi de la récession mondiale, le Maroc s’est illustré par une vigoureuse réponse sanitaire et économique. À l’extérieur de ses frontières, Rabat a pu apporter son aide sanitaire aux pays d’Afrique de l’Ouest, menant ainsi une efficace «diplomatie du masque», soulignent les deux chercheurs.
Au sud du Maghreb, la France et l’Europe sont là encore confrontées à des menaces. Géographiquement éloignées, celles-ci n’en ont pas moins des conséquences en Méditerranée et sur les frontières européennes, notamment sur le plan migratoire, analysent-ils.
Dans l’immédiat, le coup de force militaire au Mali, les tensions entre la junte et le mouvement de contestation (le M5-RFP) et la réaction de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) font planer une incertitude qui accroît les difficultés de la guerre contre les groupes djihadistes dans la zone. « Engagées dans une guerre contre les franchises locales d’Al Qaida et de l’Etat islamique, les forces de l’opération «Barkhane» et la diplomatie française sont d’une certaine manière menacées sur leurs arrières », jugent les deux chercheurs.
Le Maroc, qui mène le combat sur le front religieux en promouvant « un islam du juste milieu », figure comme un point d’appui, notent-ils.
Dans son combat contre le terrorisme au Sahel, « la France n’est pas seule ». « Elle peut compter sur l’appui des États-Unis. L’Union européenne et plusieurs pays européens sont mobilisés à ses côtés », affirment les deux chercheurs, qui relèvent que « dans la continuité de son action diplomatique en Afrique de l’Ouest, le Maroc s’investit également pour renforcer les dynamiques de paix ».
« La monarchie chérifienne mène le combat sur le front religieux en promouvant dans la région un «islam du juste milieu» », soulignent-t-ils.
LR/MAP