Cette semaine aura été marquée par le décès tragique du ministre d’Etat, Abdallah Baha, qui a trouvé la mort suite à un accident ferroviaire dans la région de Bouznika, non loin du lieu où, un mois auparavant, a péri le parlementaire Ahmed Zaïdi…
Sur ce même lieu que Abdallah Baha est allé inspecter, le défunt ne savait pas que sa vie allait y prendre fin. Certes, «rien ne peut contrer la volonté de Dieu», «nous sommes à Dieu et à lui nous retournons», «est à Dieu ce qu’il offre et ce qu’il enlève». Ceci est une épreuve de la foi et du cœur. Mais il n’en demeure pas moins que cette disparition subite, outre son effet surprise, a de quoi créer un grand vide dans le champ politique national, ainsi que dans les rangs du PJD, voire dans la vie même du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane pour qui l’homme était la lanterne qui éclairait le chemin et guidait dans le bon sens, dans une arène politique qui nécessite beaucoup de tact et de doigté.
Si Benkirane a été profondément affligé par la disparition de feu Baha, la communauté des PJDistes et toute la scène politique en ont été marquées jusqu’au plus haut de la pyramide.
En effet, dans le message de condoléances que SM le Roi a adressé à la famille du défunt, le Souverain, qui a affirmé avoir appris avec une profonde douleur la triste nouvelle du décès de feu Abdellah Baha, a ajouté que les nobles actions de celui-ci et ses qualités appréciées de tous restent l’unique consolation suite à sa disparition, d’autant plus que feu Baha fut un exemple d’empathie, de simplicité, de sincérité et de modestie.
Feu Abdellah Baha était aussi un exemple d’hommes d’Etat qui ont accompli leurs responsabilités et rempli leurs devoirs avec dévouement et abnégation, fidèles aux valeurs sacrées de la Nation, ajoute le message royal, affirmant que ces qualités ont valu au défunt considération et respect de tous.
Une grosse perte
Le défunt a toujours entretenu de bonnes relations avec tous les acteurs politiques, aussi bien quand il présidait le groupe PJD à la Chambre des représentants, alors que le parti était dans l’opposition, que quand il occupait le poste de ministre d’Etat dans l’actuel gouvernement, insiste-t-on du côté de ses compagnons. Saadeddine El Othmani affirme: «Depuis que nos chemins se sont croisés dès l’école primaire où nous étions camarades de classe, jusqu’au baccalauréat, feu Abdellah Baha était toujours connu pour son amabilité, son patriotisme, sa fidélité et sa modestie… La disparition de Abdellah Baha constitue une perte non seulement pour sa famille et son parti, mais également pour le Maroc tout entier».
Le défunt avait fait montre de sagesse, de sérénité et de dévouement dans la gestion des divergences au sein du parti, a confié pour sa part Abdelali Hamiddine, membre du Secrétariat général du PJD. «Le Maroc perd avec la disparition de Abdellah Baha un homme intègre et au franc-parler qui favorisait constamment l’intérêt suprême de la nation au détriment de l’intérêt privé». Abdellah Bouanou estime de son côté que le décès d’un politicien chevronné de la stature de Abdellah Baha «n’est pas seulement une perte pour le PJD, mais elle l’est pour le Maroc dans son ensemble». Louant les qualités du défunt, Bouanou a aussi affirmé: «Le défunt était un homme d’Etat par excellence qui vouait amour au peuple marocain, à son Roi et à la patrie. Il était connu et reconnu pour sa sagesse, son sang-froid et sa sincérité, même dans les moments les plus critiques qu’a traversés le parti. C’était un homme de compromis, d’équilibre et de sages décisions politiques». Il a aussi noté que le regretté prônait la corrélation entre responsabilité et reddition des comptes et appelait constamment à la moralisation de l’action politique pour la hisser au meilleur niveau. Le défunt était présent dans tous les moments critiques du PJD et a contribué à faire sortir le parti des crises difficiles pour le placer en pôle position. Feu Abdellah Baha a joué un rôle de premier plan dans la composition de la majorité gouvernementale actuelle.
Le mardi 9 décembre, dans un climat de piété et de recueillement, ont eu lieu les obsèques de feu Abdellah Baha, au cimetière Chouhada à Rabat.
Feu Abdellah Baha : Le parcours d’un érudit Le ministre d’Etat, Abdellah Baha, décédé dimanche 7 décembre 2014 dans un accident ferroviaire dans la région de Bouznika, est né en 1954 dans la commune d’Ifrane, Atlas Saghir (province de Guelmim). Le regretté occupait les postes de vice-président de la Chambre des représentants (2007), chef du groupe PJD (2003/2006) et président de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme (2002/2003). |
Enquête : Les circonstances d’un tragique décès Le ministre d’Etat, Abdellah Baha, est décédé dimanche 7 décembre 2014, dans un accident ferroviaire. C’est ce qu’a annoncé le ministère de l’Intérieur qui a aussi indiqué: «La Gendarmerie royale a ouvert immédiatement une enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’accident». Et de préciser: «Les résultats de cette enquête qui se déroule sous le contrôle du parquet compétent seront communiqués dès son achèvement». |
Hamid Dades
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Une prière pour le repos de feu Abdallah Baha
Ils étaient des milliers -une véritable marée humaine- venus de toutes les régions du pays accompagner à sa dernière demeure Abdallah Baha, ministre d’Etat qui a trouvé la mort, dimanche 7 décembre 2014, suite à un accident ferroviaire. Les funérailles se sont déroulées au cimetière Achouhada de Rabat, en présence de SAR le Prince Moulay Rachid, des conseillers de SM le Roi, des membres du gouvernement, du monde de la politique de tous bords et de nombreuses personnalités, venus rendre un dernier hommage au défunt. C’est après la prière d’Addouhr à la mosquée d’Achouhada de Rabat que le défunt a été inhumé.
Les yeux rouges, en larmes et les traits tirés, membres du gouvernement, proches et amis n’arrivaient pas ou difficilement à cacher leur tristesse pour ce qu’ils qualifiaient de perte d’un sage, d’un modéré, d’une force tranquille. Tout au long du chemin menant au cimetière, les commentaires fusaient. «Le choc est terrible», a lancé un PJDiste. «Comment peut-il nous quitter alors que nous ne sommes pas encore au bout du tunnel?», lui a répondu un autre. D’autres, que la version officielle n’a pas convaincus, ne cachaient pas leur étonnement: «Comment se fait-il qu’il ait fait tout ce détour pour aller se recueillir sur le lieu qui a vu la mort tragique d’Ahmed Zaïdi? Pourquoi ce jour-là et à cette heure précise?».
L’avenir politique du PJD, après la disparition de Abdallah Baha, a également été évoqué: «Qui le remplacera auprès de son ami Benkirane», lui qui était, de l’avis de tous, sa boîte noire? Les deux hommes étaient tellement proches que Abdelilah Benkirane avait dit: «Parfois, je ne sais plus qui de nous deux est le chef de gouvernement».
La veille de l’inhumation, tout le monde politique, diplomatique et médiatique a tenu à présenter ses condoléances au chef de gouvernement. Une occasion pour les journalistes de croiser des visages qui ne font plus partie du paysage politique.
Mohammed Nafaa