Emmanuel Macron effectue jeudi une courte visite au Maroc pour inaugurer avec le roi Mohammed VI la ligne à grande vitesse entre Tanger et Casablanca.
Répondant à l’invitation du roi, le chef de l’Etat français voyagera avec lui à bord du train rapide, au départ de Tanger, grand hub maritime entre l’Afrique et l’Europe, jusqu’à Rabat, la capitale administrative. Cette ligne à grande vitesse présentée comme la plus rapide d’Afrique, court jusqu’à Casablanca sur 350 km, dont 200 circulables à terme à 320 km/heure, reliant les deux régions les plus dynamiques du royaume en 2h10 au lieu de 4h45 actuellement.
C’est « un projet phare de la relation bilatérale entre la France et le Maroc », souligne l’Elysée. Paris présente également cette LGV comme une vitrine pour tenter d’obtenir d’autres contrats en Afrique, qui offre de « nombreuses opportunités » dans le secteur ferroviaire. Le Maroc, lui, s’emploie à se positionner comme un « hub africain » pour les investisseurs étrangers. La France reste le premier partenaire économique du Maroc mais a vu l’Espagne lui ravir la première place pour les échanges commerciaux.
Emmanuel Macron sera accompagné des patrons des entreprises françaises ayant participé au projet: Alstom (fourniture des rames), le consortium Ansaldo-Ineo (signalisation et télécoms), Cegelec (sous-stations électriques) et le consortium Colas Rail-Egis Rail (voies et caténaires). La SNCF assure l’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès de l’Office National des Chemins de Fer marocains (ONCF).
Côté marocain, cette visite porte une importance symbolique forte, la seule autre visite d’un chef d’Etat cette année remontant à juin avec la venue du président nigérian. Mohammed VI accueillera à Tanger Emmanuel Macron quatre jours après avoir participé aux célébrations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale à Paris.
Alors que la date effective de mise en service pour les voyageurs ordinaires n’est toujours pas connue, des ouvriers se sont affairés jusqu’à la dernière minute pour terminer le chantier qui avait été lancé en septembre 2011 par le président Nicolas Sarkozy et visité en septembre 2015 par François Hollande.
L’ONCF table sur six millions de passagers après trois ans d’exploitation. Le coût de la LGV, financé à 50% par la France via différents prêts, s’élève à environ 23 milliards de dirhams (deux milliards d’euros), soit près de 15% de plus que les estimations initiales, mais très en deçà des coûts moyens européens, selon le ministère marocain des Transports.
A son lancement, le projet avait suscité des contestations, notamment d’un collectif « Stop TGV », qui le juge « non prioritaire ». Le débat a été relancé mi-octobre avec le déraillement d’un train-navette qui a fait 7 morts et 125 blessés à Kenitra (ouest), sur l’axe Tanger-Casablanca. Emmanuel Macron sera accompagné des ministres des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et de l’Intérieur Christophe Castaner, alors que les flux migratoires devraient être abordés au cours des discussions.
Le Maroc est devenu ces derniers mois l’une des plus importantes route vers l’Espagne et l’Europe. Entre janvier et fin septembre, 68.000 tentatives d’immigration clandestine ont été stoppées et 122 « réseaux criminels actifs » démantelés, selon les autorités marocaines. Face à cette « pression », le pays a appelé ses partenaires européens « à s’associer à ses efforts de lutte contre les réseaux de trafic » en Méditerranée.
Avec AFP