Le retard des pluies commence à décourager les agriculteurs. L’espoir est toujours là, mais les marges de manœuvre se rétrécissent à l’approche de la mi-novembre. Et la politique agricole n’arrange rien !
L’inquiétude des agriculteurs commence à s’installer, après plus d’un mois du lancement de la campagne agricole2013-2014. Pourtant, la situation n’est pas aussi grave que l’on pourrait imaginer. C’est du moins ce que laisse croire Mohamed Hakech, Secrétaire général de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA/UMT). «Certes, le retard des pluies pique du nez. Cependant, l’emblavement des terres vient à peine de commencer et la situation pourrait encore tenir jusqu’à mi-novembre. A l’expiration de ce terme, l’on pourrait dès lors commencer à s’inquiéter sérieusement», explique-t-il. Il est donc question de quelques semaines. Or, les données météorologiques actuelles ne sont pas assez prometteuses et tout dépendra en définitive de la bonne volonté du ciel.
Les premières précipitations déterminantes
Les craintes des agriculteurs trouvent leur fondement, comme l’explique Hakech, dans le fait que les premières précipitations sont déterminantes pour les rendements agricoles; ajoutant que les chercheurs scientifiques établissent une forte corrélation entre les premières pluies et les premiers labours, indépendamment des caractéristiques des sols et des paramètres des cultures. De l’avis du Secrétaire général, c’est l’agriculture pluviale (bour) qui est menacée durant la période des labours-semailles. D’autant plus qu’elle occupe à elle seule la grande part des sols cultivés en céréales (plus de 5 millions d’hectares). Quant à la céréaliculture irriguée, elle n’occupe que 15 % des superficies cultivées, selon les chiffres du ministère de tutelle. Il faut souligner également que l’agriculture irriguée ne manquerait pas de promettre cette année de bonnes récoltes bénéficiant du niveau encourageant des retenues des principaux grands barrages, estimé à plus de 10,4 milliards de m3, selon le département de l’Eau. Ce qui équivaut à un taux de remplissage de 66,4 % à la date du 24 octobre 2013, contre 53,8% (8,5 milliards m3) il y a un an.
La politique agricole en question
Les préoccupations des agriculteurs liées au risque climatique sont déjà partagées par le gouvernement qui prédit une production de céréales aux alentours de 70 millions de quintaux, au titre du projet de loi de Finances 2014. Une campagne agricole moyenne, pour reprendre les termes de Hakech. A ses yeux, on oublie toujours que la récurrence des sécheresses est la règle au Maroc. «Malheureusement aucune tentative de dépassement de ce stade n’a eu lieu jusqu’à aujourd’hui, au point de remettre en cause même la vocation agricole du pays. Le plan Maroc Vert, censé apporter son lot de solutions à la question de la sécurité alimentaire, n’a pas répondu aux contraintes d’intensification de la céréaliculture», déplore-t-il en précisant que la politique agricole poursuivie est loin de procurer une indépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger. Faut-il encore que le PIB rompe avec sa forte corrélation avec le PIB agricole? Chiffres à l’appui, il rappelle que le pays dépend encore de 50%, en termes d’approvisionnements, du blé. Il importe respectivement 95% et 75% de ses besoins en huiles et en sucre. Hakech informe enfin que, pour pouvoir importer les besoins en blé du pays pour une année, il faut exporter en contrepartie l’équivalent de 4 récoltes annuelles de tomates fraîches.
Mohamed Mounjid