Le retour du Roi

Le retour du Roi

Long périple en Afrique, travail colossal à l’UA et au-delà… Mais au Maroc, les Marocains réclament leur Roi ; le Gouvernement attend un arbitrage salvateur ; et tous les espoirs de déblocage (parlement, budget de l’Etat…) reprennent avec la fin de l’absence royale.

Cela fait plusieurs mois que SM Mohammed VI enchaîne les visites en Afrique subsaharienne. Rentré pour la COP22 qu’accueillait Marrakech -et le Sommet africain que le Maroc organisait en marge de cette conférence internationale sur le réchauffement climatique- le Roi n’a pas tardé à reprendre son bâton de pèlerin, allant de pays en pays, proposer la formule désormais connue du Maroc: une coopération multidimensionnelle sud-sud et win-win.

Ce partage de savoir-faire se voulant sans prétention et destiné à resserrer les liens bilatéraux, voire multilatéraux -qui ne se limite pas à la diplomatie économique, mais en fait son axe principal- a un mérite pour la 1ère fois clairement mis en avant. Celui de prendre en considération les avantages que peuvent tirer de cette coopération les populations locales et pas seulement les gouvernements. C’est tout le sens de projets tels que ceux lancés en Ethiopie, à Madagascar, au Nigéria, ou en Côte d’Ivoire, par exemple. Des projets dont il est attendu qu’ils profitent aux populations, dans les secteurs de l’agriculture, l’électricité, ou la pêche… Outre les avantages en termes de création d’emplois…

Le périple royal en Afrique n’a pas impressionné par sa seule longueur. Il a surtout marqué les esprits par l’ingéniosité des approches qui y ont été déployées.

Ainsi, SM Mohammed VI n’est pas allé uniquement vers les pays qui sont connus pour être les alliés traditionnels du Maroc, mais également -dans une percée à l’Est et au centre du continent- vers d’autres Etats auxquels il était jusque-là impensable que le Roi s’adresse, compte tenu de leur soutien aux séparatistes du Polisario. Une approche inattendue, reposant sur un pragmatisme qui s’est révélé payant, au moins dans la mesure où la glace a été brisée… Ce qui a largement permis de faciliter l’opération «Retour du Maroc à l’UA (ex-OUA)».

Le Roi est donc revenu au Maroc, cette semaine, après avoir effectué un travail colossal, dont le suivi sera –que personne ne s’y trompe- tout autant colossal. Mais le Souverain est connu pour être extrêmement vigilant sur le suivi des projets qu’il lance, ou dans lesquels il s’engage…

Le coup de grâce

Pour les Marocains, l’attente a été longue

Si, en Afrique, le Roi n’était pas en villégiature, mais en visites de travail dans les pays où il a séjourné –et bien que la télévision ait fidèlement retransmis toutes ses activités dans ces pays- son absence n’en a pas moins semblé longue aux Marocains. D’autant que les concertations pour la formation d’un nouveau Gouvernement s’enlisaient au fil des mois…

Les péripéties du chef de Gouvernement Abdelilah Benkirane et des autres parties aux concertations, le pays sans Gouvernement, le Parlement paralysé et l’absence du Roi… La situation ne pouvait pas échapper à l’habituel humour populaire ! Et l’on a vu se multiplier les commentaires, bienveillants mais amusants, sur les réseaux sociaux, ainsi que dans la rue, les commerces, les taxis… De petites phrases du genre «la prochaine visite du Roi Mohammed VI sera pour… le Maroc», ou encore, «les Africains nous l’ont pris, mais ils lui donneront bientôt un congé pour venir nous voir»…

Puis, après l’humour, est venu le temps de l’impatience et de l’inquiétude. 5 mois et toujours pas de Gouvernement !? Et, surtout, impasse totale avec des déclarations ne laissant aucun espoir de déblocage… Tous les regards ne pouvaient se tourner que vers le Souverain. Du coup, les blagues

Ont laissé place aux expressions d’angoisse… «C’est presque une demi-année de perdue… Pas de Gouvernement, donc, pas de Parlement, pas de lois, pas de budget de l’Etat… Aucune décision ministérielle hors du Décret relatif aux crédits nécessaires à la marche des services (Décret en vigueur, en attendant le vote de la Loi de Finances)… Quand rentre le Roi ? Il n’y a que lui pour mettre fin à tout ça !».

C’est donc avec un grand «Ouf» que l’annonce du retour du Souverain a été accueillie.

Qu’est ce qui attend le Roi à son retour ?

Le principal problème qui attend le Roi est celui de la formation du nouveau Gouvernement.

Abdelilah Benkirane a dit son dernier mot: il propose la reconduction de la majorité sortante avec les mêmes membres de la coalition. Soit: son parti (le PJD), le PPS, le RNI et le Mouvement Populaire. A la limite, croit-on comprendre de ses déclarations et de celles de ses lieutenants, acceptera-t-il l’UC du fait de son alliance avec le RNI que ces deux partis avaient annoncée dès le lendemain du scrutin du 7 octobre. Mais Benkirane est catégorique, il n’acceptera pas l’USFP. Si l’USFP entre au Gouvernement, c’est que je ne suis pas Abdelilah Benkirane, a-t-il lancé lors de son dernier meeting à Oualidia.

Al Omrane : Beau travail, côté social !

Une crispation qui complique considérablement les choses, lorsque, en face, la détermination n’est pas moindre. Il n’y aura pas de Gouvernement sans l’USFP, avait dit Aziz Akhannouch, chef de file du RNI derrière lequel se rangent les autres partis de l’éventuelle coalition (MP, UC, USFP).

Quelle sortie possible de cette impasse ? Nul ne le savait. Mais tous les observateurs étaient convaincus qu’à la suite du retour de SM Mohammed VI, le problème serait résolu et qu’il le serait au cours de ce mois de mars. Dès mercredi 15 mars au soir, un communiqué du Cabinet royal annonçait que Abdelilah Benkirane n’était plus chargé de former le nouveau Gouvernement et qu’une autre personnalité du même parti, le PJD, sera reçue par le Roi pour se voir confier cette tâche… 

D’autres problèmes attendent par ailleurs le Roi, conformément aux tâches de politique étrangère dont le charge la Constitution.

Des problèmes qu’il suit déjà avec la plus haute attention, d’où qu’il se trouve. Mais auxquels il va falloir se consacrer encore plus maintenant.

Il s’agit du problème de Guergarate où les provocations du Polisario, encadré par l’Algérie, vont crescendo ; et où le rôle de la Mauritanie, sous la direction du Président mauritanien, est de plus en plus troublant…

Et il y a le dossier du Sahara qui revient sur les devants de la scène onusienne, à l’approche du mois d’avril, mois où le Conseil de Sécurité se réunit pour étudier le rapport du Secrétaire général de l’ONU et émettre sa résolution annuelle.

Dans ce dossier, il y a plusieurs éléments nouveaux, cette année. Notamment, le changement à la tête du Secrétariat général, Antonio Guterres succédant à Ban Ki moon ; et la démission du Représentant spécial, Christopher Ross, lequel devra être remplacé…

On le voit. Le Roi est revenu, mais pas de répit pour le Roi…

Avant de passer à tous ces casse-têtes, il commence par un élan… de Solidarité !

C’est le lancement de la semaine nationale de Solidarité de la Fondation Mohammed VI qui a lieu, cette année, à Casablanca. Il en a donné le coup d’envoi ce mercredi 15 mars, dans sa 1ère apparition publique, à son retour d’Afrique.

Bahia Amrani

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