Développement, régionalisation, jeunesse et Afrique… Signaux forts, mais aussi orientations claires qui s’inscrivent dans la continuité du Discours du Trône. C’est ainsi que l’on peut qualifier le discours-électrochoc prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, devant les membres des deux Chambres du Parlement, à l’ouverture de la 1ère session de la 2ème année législative de la 10ème législature.
D’emblée, le Souverain a posé les jalons d’une approche efficiente en matière de gestion de la chose publique et balisé le terrain pour une marche d’un genre nouveau. Une vision globale, réaliste et intégrée, pour un développement probant sur tous les plans.
Sa Majesté a ainsi souligné qu’il s’agira de trouver les moyens de faire face aux difficultés qui empêchent l’évolution du modèle de développement. Il a ainsi noté: «Cette session fait suite au Discours du Trône dans lequel nous avons identifié les difficultés qui empêchent l’évolution de notre modèle de développement et constaté les dysfonctionnements qui sévissent à tous les paliers de l’Administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales».
Cela signifiait le nécessaire lancement de l’élaboration et de la mise en place de politiques publiques efficientes. Des politiques publiques qui devraient être le moteur du progrès économique et social et un facteur de réalisation du bien-être pour la population.
«Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer, tout en laissant les choses en l’état. Notre volonté est, plutôt, de redresser la situation, en veillant à rectifier les erreurs commises et à corriger les dysfonctionnements constatés», a souligné SM le Roi, pour insister avec fermeté sur les pannes et les dysfonctionnements dont pâtissent les politiques actuelles, préconisant des actions porteuses de solutions réalistes, pour répondre aux attentes légitimes des habitants, en matière de développement et d’offre de services publics de qualité.
Un modèle de développement défaillant
Les responsables ont ainsi été invités à repenser le modèle de développement marocain qui a atteint ses limites, surtout que l’effort financier déployé par l’Etat en matière d’investissements publics doit, en fait, être couronné de succès sur les plans économique et social.
Le Souverain a également souligné que la réflexion sur une nouvelle dynamique du modèle de développement «devrait être marquée d’objectivité et productrice de solutions innovantes et audacieuses, à travers l’écoute et l’implication des citoyens, ainsi que la prise en compte des problématiques économiques et sociales liées à la jeunesse».
Le Discours royal impute la responsabilité de cette situation aux institutions élues et à leurs partenaires. La charte de déconcentration est ainsi de nature à ouvrir de nouvelles perspectives devant les élus, pour œuvrer de concert avec les différents secteurs publics d’une manière fluide, résoudre les problématiques liées à l’informel et créer des opportunités de formation et d’emploi au profit des jeunes.
Le Discours constitue aussi un réel outil de travail qui nécessite un sens élevé de responsabilité et de fermeté, pour traduire dans les faits les dispositions de la Constitution se rapportant à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. C’est en fait un agenda national nouveau qui exige un suivi de la part de l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile.
Quant aux orientations données par SM le Roi à la Cour des comptes, pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du Royaume, elles viennent souligner la nécessité d’assurer une mise en œuvre efficace des projets de développement programmés et mis en chantier, tout en adoptant des solutions pratiques, novatrices et réalisables aux vrais problèmes des citoyens.
Régionalisation, la nécessaire mise en œuvre
Le Discours royal a de même mis en valeur la politique de régionalisation avancée, en tant que voie pour la réalisation de performances aussi bien économiques que sociales. Le Souverain a, dans ce sens, fait observer: «Si le Maroc a réalisé des progrès manifestes, mondialement reconnus, le modèle de développement national, en revanche, s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale».
«A cet égard, nous invitons le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement, pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays», a poursuivi SM le Roi.
Le Souverain a noté que «quel que soit le niveau de maturité atteint par notre modèle de développement, il aura toujours une rentabilité limitée, s’il ne s’appuie pas sur des mécanismes efficaces, capables d’assurer son évolution aux niveaux local et régional».
«Voilà pourquoi nous avons constamment appelé à agir avec plus de célérité dans le domaine de la régionalisation avancée, car sa mise en œuvre pleine et entière apportera des réponses tangibles aux demandes sociales, aux attentes en développement qui s’expriment dans les différentes régions du Royaume», a relevé SM le Roi.
La jeunesse au centre…
Le Souverain a, d’autre part, indiqué: «Le progrès enregistré au Maroc ne profite pas à tous les citoyens. En particulier, il ne touche pas ceux à qui nous vouons une bienveillante sollicitude: nos jeunes qui représentent plus d’un tiers de la population».
SM le Roi a appelé, dans ce cadre, à l’élaboration d’une nouvelle politique intégrée dédiée aux jeunes. «Axée fondamentalement sur la formation et l’emploi, celle-ci devrait avoir le potentiel nécessaire pour proposer des solutions réalistes aux problèmes réels des jeunes, notamment ceux qui vivent en milieu rural et dans les quartiers périphériques et pauvres», a souligné SM le Roi. Dans la perspective de l’élaboration et de l’adoption de cette politique, le Souverain a également appelé à «activer la mise en place du Conseil consultatif de la Jeunesse et de l’Action associative». «La mission de cette institution constitutionnelle est, en effet, d’animer le débat sur les questions liées à la jeunesse, d’émettre des avis sur le sujet et d’assurer un suivi de la situation de cette catégorie de la population».
Le Discours royal a certes relevé que le pilier du projet de développement escompté reste la régionalisation, mais avec les jeunes comme locomotive et qui doivent bénéficier des fruits du progrès.
Il est ainsi clair que l’on entame une étape où chacun doit assumer sa responsabilité, pour apporter des solutions aux différents dysfonctionnements et problèmes dont souffrent le pays et parachever les chantiers lancés, notamment après la Constitution de 2011.
Le Discours royal est, à cet effet, porteur de plusieurs messages, notamment la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes, ainsi que l’identification des lacunes et défaillances, tout en accordant une importance à la jeunesse et à ses préoccupations, notamment en matière de formation et d’emploi. Dans ce sens, le Souverain a appelé à impliquer le Conseil de la jeunesse et de l’action associative, qui verra le jour, dans l’avenir, afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle en tant qu’institution consultative.
… Et un ministère pour l’Afrique
Volet diplomatique, la décision du Souverain de créer un ministère délégué au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, chargé des Affaires africaines, vient consacrer la politique marocaine menée sur le continent et la ferme volonté du Royaume d’inscrire l’Afrique au centre de sa politique étrangère, de promouvoir la coopération sud-sud et de réaffirmer son attachement à ses racines africaines.
Ce ministère délégué constituera également un moyen d’accompagnement des visites du Souverain en Afrique et de la mise en œuvre des accords conclus, afin d’honorer les engagements du Royaume envers le continent et aussi envers les partenaires en Europe et en Amérique.
Un ministère qui vient prouver que le Maroc, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, place le continent africain au centre de sa politique étrangère et couronner les différentes initiatives prises lors des multiples déplacements du Souverain en Afrique, ces cinq dernières années. Et ce, dans le cadre d’une véritable action diplomatique, politique, économique et sociale en faveur du continent.
La mise en place de ce département ministériel est aussi de nature à accompagner les énormes investissements lancés par le Royaume dans le continent africain et qui couvrent presque tous les secteurs (finances, télécommunications, infrastructures, santé, agriculture, transport, hôtellerie et tourisme).
Cette initiative traduit l’approche visionnaire de SM le Roi qui confirme, encore une fois, que l’Afrique, forte de ses énormes ressources économiques et humaines et de ses dimensions géostratégiques et géopolitiques, demeure le continent du 21ème siècle. La création de ce département pour l’Afrique intervient, en outre, après l’historique décision du retour naturel du Maroc au sein de sa famille institutionnelle africaine (l’UA) et l’accord de principe pour l’adhésion du Royaume à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ceci démontre aussi la volonté du Maroc de renforcer l’intégration régionale.
Hamid Dades