Le Maroc produira le vaccin et l’exportera en Afrique
Mais étonnant mutisme du Comité national scientifique…
A la surprise générale et alors que le virus Covid-19 enregistre des taux inquiétants au Maroc, aussi bien en termes d’infection que de décès, lundi 9 novembre 2020, le Roi Mohammed VI tient une réunion au cours de laquelle est annoncé le lancement effectif d’une campagne de vaccination anti Covid-19 et ce, dès les prochains jours.
Le Maroc récolte ainsi les fruits de la politique d’anticipation du Souverain qui, dès le début de la course à l’acquisition du vaccin, a vu loin… Pour le Maroc et tous les Marocains, mais aussi pour les pays amis voisins et d’Afrique.
Dans les milieux des «Covido-sceptiques», rejoints par ceux qu’on appelle désormais les «vaccino-sceptiques», s’expriment déjà certains doutes et réserves qui se nourrissent du discours international des «anti-vaccin», mais aussi de clichés et stéréotypes anti-chinois.
Or, si le Maroc avait annoncé que toutes les garanties entouraient les vaccins qui seraient administrés, qu’il s’agisse de ceux qu’il allait acquérir ou de ceux qu’il pourrait produire, il n’y a personne aujourd’hui pour rappeler cela et dissiper, au moins, les plus invraisemblables des doutes émis…
Le silence qui soulève le plus de questions dans l’opinion publique est celui du «Comité national scientifique ad hoc» qui n’a jamais communiqué sur sa composition ni sur ses méthodes de travail, pas plus qu’il ne s’est concerté avec d’autres scientifiques et virologues du pays, les acculant à des commentaires amers et parfois contradictoires.
Les observateurs le reconnaissent en toute objectivité, le Maroc aura constamment fait preuve d’anticipation, depuis le début de la pandémie du nouveau Coronavirus Covid-19.
Et –il faut rendre à César ce qui est à César- cela tient à la volonté et à l’implication personnelle du Roi Mohammed VI.
A l’apparition de l’épidémie, transformée très vite en pandémie, le Maroc a été parmi les premiers à prendre les mesures inédites de fermeture des frontières, confinement, état d’urgence, etc destinées à limiter la circulation du virus.
Il a également été l’un des premiers à s’assurer l’acquisition du vaccin anti-Covid dès lors qu’il serait prêt, en prenant une décision qui a constitué une véritable première, celle de participer aux essais cliniques du vaccin, afin de se positionner de façon certaine au moment de la validation de son utilisation.
C’est ainsi qu’il a signé, le 20 août 2020, un accord de coopération en matière d’essais cliniques du vaccin anti-Covid-19, avec le laboratoire chinois Sinopharm.
Conformément à cet accord, 600 volontaires marocains se sont soumis aux tests cliniques qui ont commencé en aout dernier aux CHU de Casablanca et Rabat.
Les résultats définitifs de ces essais portant sur l’innocuité, l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin, seront connus ce 15 novembre.
Le Maroc, mais aussi l’Afrique
Assistant –aux côtés du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, à la signature de cet accord, qui a eu lieu à Rabat via une visioconférence, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, avait expliqué que l’entente portait sur une coopération à trois volets. Le premier volet concerne la coopération en matière d’essais cliniques de Phase III du vaccin anti-Covid-19. Le second volet porte sur une coopération globale. Et le troisième volet, avait précisé le ministre, «concerne une volonté de transcender nos deux seuls pays, pour s’ouvrir au Sud et au Nord». Ajoutant que c’est ainsi que les signataires traduisent leur «engagement pour que le futur vaccin contre Covid-19 soit accessible à tous, en particulier le continent africain».
En effet, le Maroc, dans le cadre de son accord de coopération avec le laboratoire chinois, peut aussi bien produire le vaccin aux essais duquel il a participé, que l’exporter. Et ses pensées vont naturellement vers l’Afrique, comme l’a annoncé le ministre Bourita.
D’autant que ce n’est pas la Chine qui s’y opposera, Pékin ayant adhéré, le 9 octobre dernier, au dispositif onusien d’accès mondial au vaccin contre Covid-19, baptisé Covax (Covid-19 Vaccine Global Access), dont l’objectif est de garantir l’accès au vaccin à 92 pays pauvres.
Selon le schéma qui se dessine, dans un 1er temps, il s’agira pour le Maroc de s’approvisionner suffisamment pour les besoins des nationaux. D’où, outre l’accord avec le laboratoire chinois Sinopharm, d’autres pré-commandes ont été envisagées, voire négociées, avec divers laboratoires (Astra Zeneca, Pfizer, Johnson & Johnson, CanSino Biologics).
Ensuite, comme pour les masques, en plus des besoins en vaccination qui devront être couverts à l’intérieur du pays, le Maroc aura à cœur ceux de son continent.
Les «vaccino-sceptiques» et leurs doutes
A peine la campagne de vaccination annoncée, les «vaccino-sceptiques» se sont lancés dans des supputations de risques qui pourraient entourer le vaccin du laboratoire Sinopharm aux essais duquel le Maroc a participé et qu’il se prépare à mettre en circulation.
Les arguments sont avancés pêle-mêle. Certains se contentent de rappeler qu’aucun vaccin n’a encore été validé et que les pays qui anticipent prennent seuls des risques, les laboratoires s’en lavant les mains tant qu’il n’y a pas validation internationale en bonne et due forme.
D’autres soutiennent que même avec une homologation de l’OMS, un vaccin préparé dans ce contexte de course contre la montre et sans véritable recul pour évaluer, sur un long terme, d’éventuels graves effets secondaires, ils resteront opposés au vaccin…
Les 3èmes versent dans les stéréotypes et poncifs anti-chinois, mettant en doute la qualité de tous les produits chinois, vaccin compris.
Enfin, les 4èmes, «auto-flagelleurs» invétérés, mettent déjà en doute –avant même que l’opération de vaccination ne soit lancée- les capacités des différents acteurs qui s’en chargeront à assurer une maîtrise de la chaîne du froid pour une distribution saine du vaccin (dont la conservation exige une température constante, entre moins 70 et moins 80 degrés)…
Cela, alors que des réponses à plusieurs doutes ont déjà été données, notamment concernant le contrôle de la qualité du vaccin ; et que le Roi lui-même a mis en garde contre d’autres risques évoqués par les sceptiques, en attirant l’attention sur «le bon déroulement de cette opération nationale d’envergure, tant sur les plans sanitaire, logistique que technique» (communiqué du Palais Royal du lundi 9 octobre). Ce qui entraînera une application particulière des futurs responsables de l’opération, sachant qu’il y aura inévitablement un suivi royal en amont et en aval.
Le mutisme du Comité national scientifique
Le plus étonnant est le silence du Comité national scientifique, qui est depuis le début de son existence muet sur ce qu’il est et ce qu’il fait. Même de célèbres virologues n’en connaissent pas la composition. Dans des déclarations aux médias, certains s’interrogent ouvertement sur le fait qu’ils n’aient jamais été approchés par ce Comité scientifique, alors qu’ils font partie du corps scientifique…
Mais le pire, c’est l’opinion publique qui, face au déficit de communication de ce Comité, se laisse gagner par le doute que diffusent plus ou moins imperceptiblement les sceptiques.
La question est: pourquoi le Comité national scientifique ne relaie-t-il pas les décisions royales et/ou nationales (comme tout ce qui a trait au vaccin), en s’attachant à lever les doutes, expliquer, informer, rassurer…?
Pourquoi ne rappelle-t-il pas au moins les arguments déjà avancés et qui ont leur poids ?
Par exemple, que les essais de la phase 3 du vaccin de Sinopharm, auxquels participe le Maroc, sont supervisés par trois commissions à la fois. Une Commission composée d’experts du laboratoire Sinopharm, une Commission internationale indépendante et une Commission nationale qui relève du ministère de la Santé. De plus, pour mieux s’assurer du vaccin qui sera administré aux Marocains, un échantillon du sang des volontaires nationaux ayant participé à la deuxième étape de cette 3ème et dernière phase, a été envoyé en Chine pour y subir une série de tests visant à mesurer et vérifier les capacités du système immunitaire.
Par ailleurs, il ne serait pas inutile de signaler une nouvelle fois que ce vaccin n’a été testé que sur les Marocains, mais sur des centaines de milliers de personnes. Non seulement en Chine, mais également en Egypte, Brésil, Argentine, Emirats, Bahreïn, Pérou… Et que le vaccin a été administré à 1 million de Chinois, non pas sous forme de test, mais sous forme de vaccin définitif.
Il est temps, peut-être, que le Comité national scientifique communique directement avec l’opinion publique et prenne en mains, avec un soin particulier, la communication sur le vaccin et la grande opération de vaccination massive qui se prépare.
D’autant qu’avec cette annonce d’imminente campagne nationale de vaccination –déjà en cours de préparation sur le terrain- le Maroc vient de marquer un remarquable coup, permettant au pays de se positionner parmi les meilleurs dans la gestion de cette crise sanitaire, puis aux citoyens marocains d’en éprouver une grande fierté, en même temps –et ce n’est pas peu- que d’être rassurés sur une proche fin du cauchemar de la pandémie.
Un vaccin au Maroc avant la fin du mois de novembre, c’était inespéré.
Dans quelques jours pourtant, les personnes les plus exposées et les plus fragiles pourront se voir injecter leur vaccin en deux fois, à 21 jours d’intervalle… Et conjurer la peur de ce maudit virus Covid-19 !
BA
Extrait du Communiqué du Palais Royal Concernant la séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre Covid-19, que SM le Roi Mohammed VI a présidée lundi 9 novembre 2020 au Palais Royal de Rabat, le communiqué du Palais Royal informe… «Cette réunion s’inscrit dans le cadre du suivi continu par SM le Roi, que Dieu le préserve, de l’évolution de la pandémie et des mesures prises dans le cadre de la lutte contre sa propagation et de la protection de la vie et de la santé des citoyens. Au cours de cette réunion, et sur la base de l’avis rendu par le Comité national scientifique ad hoc soulignant que la campagne vaccinale est une réponse réelle pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie, et fidèle à l’approche royale proactive adoptée depuis l’apparition de ce virus, Sa Majesté le Roi a donné ses hautes orientations en vue du lancement, dans les prochaines semaines, d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19. Cette opération nationale, d’envergure inédite, vise la couverture de la population par un vaccin en tant que moyen idoine d’immunisation contre le virus et de maitrise de sa propagation. Selon les résultats des études cliniques déjà achevées ou toujours en cours, la sécurité, l’efficacité et immunogénicité du vaccin ont été prouvées. Ainsi, cette opération devra couvrir les citoyens âgés de plus de 18 ans, selon un schéma vaccinal en deux injections. La priorité sera notamment donnée aux personnels de première ligne, en l’occurrence, le personnel de Santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation nationale, ainsi qu’aux personnes âgées et aux personnes vulnérables au virus, et ce, avant de l’élargir au reste de la population. Le Royaume a pu occuper un rang avancé dans l’approvisionnement en vaccin contre la covid-19, grâce à l’Initiative et à l’Implication Personnelle du Souverain qui ont abouti à la participation réussie de notre pays, dans ce cadre, aux essais cliniques. Sa Majesté le Roi a ainsi donné Ses directives aux autorités compétentes pour veiller à la bonne préparation et au bon déroulement de cette opération nationale d’envergure, tant sur les plans sanitaire, logistique que technique. L’accent a été mis notamment sur l’accessibilité du vaccin, dans un cadre social et solidaire, et sa disponibilité en quantités suffisantes, ainsi que sur la logistique médicale de transport, d’entreposage et d’administration du vaccin sur l’ensemble du territoire et la mise en place d’un système efficace de pré-enregistrement des bénéficiaires. A cet effet, le Souverain a appelé à la mobilisation de tous les services et départements concernés, en particulier le personnel de la Santé, l’administration territoriale et les forces de l’ordre, ainsi que l’appui nécessaire des Forces Armées Royales, conformément aux missions qui leurs sont confiées par Sa Majesté le Roi, Chef Suprême et Chef d’État-major général des Forces Armées Royales, dans le cadre de la lutte anti-Covid19».