Légalisation du cannabis : Benkirane inflexible

Cannabis empiete sur foret

Sur la question de la légalisation du cannabis, qui lui a été posée par les groupes de l’opposition lors de son dernier oral à la Chambre des représentants, le chef de gouvernement est resté intraitable. Cette question ne s’inscrit pas dans la politique gouvernementale.

Les partis politiques de l’opposition, PAM et Istiqlal en tête, ont depuis longtemps mené campagne pour soutirer au gouvernement une éventuelle légalisation de la culture du cannabis (kif). Ils ont réussi à faire inscrire cette question épineuse à l’ordre du jour de l’oral mensuel du chef de gouvernement à la Chambre des représentants, consacré à la politique générale, espérant obtenir gain de cause. Abdelilah Benkirane y a opposé un niet catégorique et irréversible en soulignant: «Le gouvernement n’a pas du tout l’intention de légaliser la culture du cannabis, ce dernier ne s’inscrivant pas dans la politique gouvernementale». Il a quand même reconnu que le gouvernement s’emploie à mettre en œuvre la promotion économique des régions pratiquant la culture du cannabis.

Non aux illusions

Tout en évitant avec doigté de croiser le fer avec les groupes de l’opposition, Abdelilah Benkirane a pointé du doigt, sans les nommer, ceux qui, a-t-il dit, vendent l’illusion aux habitants des régions qui cultivent le cannabis. S’adressant à ces derniers, il a précisé: «Je dis aux habitants de ces régions: n’écoutez pas les illusions, la politique du gouvernement à ce sujet ne changera pas. Nous entendons aujourd’hui des propos émanant de personnes qui cherchent à arnaquer les gens de divers moyens. Ceci doit s’arrêter».

La légalisation n’est pas la solution

Le chef du gouvernement a précisé que, pour son équipe, la légalisation du cannabis ne constitue aucunement la solution à ce problème. Et, répondant au chef du groupe istiqlalien, Noureddine Modyane qui l’a interpellé, il a ajouté: «Ceux-ci (les cultivateurs) sont citoyens marocains. Ils doivent bénéficier de notre soutien et notre sympathie contre tout ce qui leur porte préjudice». Renvoyant l’ascenseur à ceux qui défendent l’utilisation du cannabis à des fins industrielles ou médicales, Abdelilah Benkirane a souligné: «Nous n’avons pas la conviction qu’il est possible de faire des parfums et des médicaments de cette plante, du fait que le genre de cannabis qui sert à les en tirer n’existe au Maroc qu’à raison de 2%».

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Les chiffres ne sont pas fiables

S’agissant des personnes qui commercialisent le cannabis et font de ce fait l’objet de poursuites judiciaires, le chef de gouvernement a émis des doutes sur la véracité des chiffres véhiculés qui font état de milliers d’agriculteurs de cannabis, en faveur desquels les groupes parlementaires de l’opposition plaident l’abandon des charges à leur encontre. Abdelilah Benkirane a été catégorique: «Les charges sont abandonnées au bout de quatre ans. C’est ce que m’a affirmé le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid».

La souffrance des familles

Visiblement ému, le chef de gouvernement a bordé, les larmes aux yeux, le volet des personnes en situation de besoins spécifiques, reconnaissant la souffrance en silence des familles qui les prennent en charge et supportent pour cela les lourdes et onéreuses dépenses, en plus de leur souffrance psychologique. Exposant les grandes lignes de la politique gouvernementale dans ce domaine, le chef de gouvernement a énuméré les mesures prises pour parer à cette situation. Il a détaillé les efforts entrepris par les autorités publiques dans le souci d’intégrer les personnes concernées dans la société et de consolider leur participation au développement économique, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution et plus précisément de l’article 34, lequel oblige les autorités publiques à mettre en œuvre des politiques en faveur des personnes en situation de besoins spécifiques.

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Consolider les droits des handicapés

Benkirane a précisé que la politique gouvernementale a pour objectif de consolider les droits des personnes en situation de besoins spécifiques, ainsi que la réhabilitation des personnes qui souffrent de handicaps corporels et leur intégration dans la vie sociale et économique et de les faire bénéficier des droits et des libertés. Pour ce faire, le gouvernement a mobilisé d’énormes possibilités qui visent plus particulièrement, a dit le chef de gouvernement «l’élargissement de la capacité d’hébergement des hôpitaux psychiatriques, la nomination de 34 médecins et 122 infirmiers spécialisés, une enveloppe budgétaire de 40 millions de DH pour l’acquisition des médicaments appropriés, l’achat de plus de 60 ambulances…».

Le Maroc a gagné des points

C’est avec une certaine fierté que Abdelilah Benkirane a évoqué, serein, le deuxième volet du partenariat du Maroc avec les organisations internationales: «Le Maroc a gagné des points précieux en termes de gouvernance. Un résultat acquis par la signature récente du protocole d’accord avec l’OCDE», fruit de longues concertations entre cet organisme international et le Royaume.

Politique d’ouverture

Le Maroc, a dit Benkirane, a toujours fait le choix de la politique d’ouverture sur son environnement et de relations pour une coopération fructueuse, privilégié qu’il est par sa position géographique et en phase avec son histoire, sa civilisation et ses valeurs basées sur la tolérance et l’ouverture. Ce qui a fait dire au chef de gouvernement: «La stratégie de l’ouverture ne fait plus peur au Maroc». L’orateur a rappelé dans ce sens que le Maroc a tenu quatre hautes commissions avec le Portugal (22 avril2015), la France (28 mai 2015), l’Espagne (5 juin 2015) et la Tunisie (12 juin 2015). C’était l’occasion de consolider la coopération politique, économique et culturelle, d’enrichir le cadre juridique bilatéral et de lancer de nouvelles initiatives de coopération dans divers secteurs.

Mohammed Nafaa

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Un commentaire

  1. Je crois qu’il serait difficile de trouver un pays plus incohérent et hypocrite sur la question du cannabis que le Maroc ! S’évertuer à défendre la prohibition du cannabis quand on est le premier producteur du monde ! Et laisser penser que le pouvoir ne favorise pas officieusement ce marché…

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