La BAD promeut l’esprit d’entreprise auprès des jeunes
En marge du lancement de l’initiative Souk At-tanmia à Guelmim, Leila Farah Mokaddem, représentante de la Banque africaine de développement (BAD) au Maroc, a livré au «Reporter», ses impressions sur le partenariat du Maroc avec la BAD, les champs d’intervention de la banque africaine au Maroc et les différents domaines dans lesquels elle s’implique, ainsi que sur les visées et les perspectives de cette initiative lancée au Maroc à partir des provinces du sud qui traduit une nouvelle approche du partenariat…
Tout d’abord, comment estimez-vous, aujourd’hui, la coopération de la BAD avec le Maroc?
Le groupe Banque Africaine de développement est présent au Maroc depuis bientôt un demi-siècle. Faut-il rappeler que le tout premier projet qu’il a financé dans le Royaume, en 1978, portait sur le secteur de l’eau potable et de l’assainissement? Puis, entre 1978 et fin 2018, ce sont plus de 160 opérations dans différents secteurs qui ont été approuvées par la banque, pour un total de plus de 10 milliards de dollars. Dans l’ensemble de ses opérations, la banque poursuivait ses 5 grandes priorités dites «High five», à savoir «Nourrir l’Afrique», «Eclairer l’Afrique», «Industrialiser l’Afrique», «Intégrer l’Afrique» et «Améliorer la qualité de vie des Africains». La banque soutient ainsi le Maroc, tout en contribuant à favoriser les conditions d’une croissance forte, durable et inclusive.
Dans cette optique, quels sont les secteurs touchés par l’intervention de la banque?
Il faut noter que, jusqu’à présent, le portefeuille actif de la banque compte plus d’une trentaine de projets et de programmes, pour près de 3 milliards de dollars d’engagements. Nous intervenons ainsi dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau, de l’assainissement, des opérations multisectorielles, du développement social et de l’agriculture. Nous accompagnons également les grands projets structurants en intervenant dans le financement comme c’est le cas, par exemple, pour le domaine des énergies renouvelables, notamment avec Noor Ouarzazat et Noor Midelt, le secteur portuaire avec le complexe Portuaire Nador Med West et l’aéroportuaire via l’aéroport Marrakech-Menara…
Le Maroc est entré dans une phase de réformes très importantes, pensez-vous que l’approche de la BAD est toujours en harmonie avec les nouvelles orientations du Royaume?
Evidemment, nous suivons avec beaucoup d’intérêt ces réformes, ainsi que tous les investissements que le Royaume a réalisés durant ces deux dernières décennies. Nous estimons qu’il est nécessaire de traduire ces investissements en création d’emplois. Pour ce faire, deux priorités: renforcer encore plus la compétitivité des entreprises marocaines et élargir l’offre à l’export. Deux points d’une nouvelle approche intégrée du développement prônée aujourd’hui par la banque. Ainsi, au-delà de son engagement financier, la banque soutient le développement social et humain, en appuyant les réformes dans le secteur de l’éducation, de la formation et de la protection sociale, notamment la généralisation de la couverture médicale. La banque favorisera aussi la création d’emplois en déployant des projets ciblés, en accompagnant les PME marocaines et en en encourageant l’entreprenariat. Elle appuie la compétitivité logistique de l’économie marocaine et accompagne la modernisation de l’économie en soutenant les grands chantiers de réformes, comme par exemple le développement du secteur financier…
Dans quel cadre entre donc le programme Souk At-tanmia qui vient d’être lancé au Maroc et quels sont ses objectifs?
Souk At-tanmia entre dans le domaine de la valorisation du capital humain et vient en appui aux projets de réformes qui ont contribué à améliorer le quotidien des Marocains. C’est un programme d’appui à l’entreprenariat qui permettra de soutenir, sur une durée de 4 ans, 350 TPE, afin d’assurer leur viabilité et de pérenniser près de 1.800 emplois. C’est un programme qui œuvrera à promouvoir l’esprit d’entreprise, notamment auprès des jeunes. Il a l’ambition d’être une nouvelle forme de partenariat qui change la dynamique et modifie les paradigmes du développement, pour placer l’humain au centre des priorités et des solutions.
Il a pour objectif la mise en place d’un mécanisme de coordination, pour une meilleure efficience et une efficacité des actions gouvernementales et privées et l’accompagnement non financier, afin d’aider à la création et au développement d’entreprise. Notons que la Banque complétera son appui par des actions d’appui technique (pré et post création) et d’appui financier (renforcement des fonds propres) pour les très petites et moyennes entreprises à fort potentiel.
Il devrait également inclure un appui non financier qui consistera à accompagner les nouvelles start-up, grâce à des groupes de soutien animés par les pairs, au mentorat par des entreprises confirmées, aux services de conseil et l’organisation de réunions régulières pour faciliter et développer le réseautage et à une aide financière ciblant spécifiquement les entreprises les plus vulnérables, afin de soutenir leur croissance.
Propos recueillis à Guelmim par H. Dades