Fort d’un programme clair, d’objectifs chiffrés et datés, de la cohérence de sa composition (RNI, PAM, Istiqlal), ainsi que d’une grande détermination, le nouveau Gouvernement a démarré sa mission en trombe.
Certes, l’élan, pour un «Maroc social» et un Nouveau Modèle de Développement, est pris. Il est prometteur. Mais, gare aux Variants de Covid, qui peuvent parfois faire faire de mauvais choix…
Il fallait sacrifier à la tradition napoléonnienne du bilan des 100 premiers jours. Le nouveau Gouvernement n’y a donc pas échappé… Au Parlement, dans la presse…
Invité des deux chaines de télévision –Al Oula et 2M- mercredi 19 janvier (2022), le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch avait toutes les raisons de défendre ce bilan. Du reste, durant les 75 minutes qu’a duré l’émission, il était moins question de le défendre que d’en rappeler les principales actions et, quand il y avait lieu, les réalisations…
Ce ne sont que 100 jours d’un mandat de 5 ans, mais force est de reconnaître que le démarrage s’est fait sur des chapeaux de roue.
Le nouvel Exécutif dirigé par Aziz Akhannouch, est arrivé en pleine crise sanitaire, avec de grands chantiers qui l’attendaient… La relance économique, la mise sur rails du Nouveau Modèle de développement, la généralisation de la protection sociale, la promotion de l’investissement, la création d’emplois… La réduction des inégalités sociales et des disparités territoriales, etc.
A son avantage, le nouveau Gouvernement savait tout cela et avait préparé un programme détaillant tous ces objectifs, pour la plupart d’entre eux datés et chiffrés avec précision.
Programme présenté devant les deux Chambres du Parlement, voté conformément à l’article 88 de la Constitution et validé.
Disposant d’une majorité très confortable, le Gouvernement Akhannouch n’avait plus qu’à concrétiser ses promesses et tenir ses engagements.
Il s’y est attelé, en effet…
Il y avait le chantier Royal de la généralisation de la protection sociale. Ce projet-phare, qui devrait être concrétisé dans les délais arrêtés sous la supervision du Souverain, nécessitait l’achèvement du dispositif juridique y afférent.
Dès ses toutes premières réunions en Conseil, le Gouvernement a ainsi adopté quatre projets de décrets concernant d’importantes catégories de professionnels, de travailleurs indépendants et de personnes non salariées.
Ces nouveaux dispositifs portent sur l’assurance médicale et le régime de pension au profit de près de 8 millions de Marocaines et Marocains, dont principalement 1,6 million d’agriculteurs, 500.000 artisans et 170.000 chauffeurs de taxis, ainsi que leurs ayants-droit.
A terme, ce sont 11 millions de Marocaines et Marocains et leurs ayants-droit qui pourront avoir accès à l’assurance et à la pension de retraite, avec les mêmes services et prestations de soins dont bénéficient les salariés du privé et les fonctionnaires du secteur public.
Autre immense chantier auquel s’est attaqué le nouveau Gouvernement, celui de l’emploi.
Le programme de l’Exécutif, tel que présenté devant les deux Chambres du Parlement au moment de l’investiture, prévoit la création d’un million d’emplois directs pour relancer l’économie.
Aussi, Aziz Akhannouch pouvait bien évoquer avec fierté les initiatives du Gouvernement. Lequel a lancé deux importants programmes dans le domaine de l’emploi et de la création d’entreprises.
Il s’agit du programme «Awrach», doté de 2,25 milliards de dirhams (MMDH) pour la création, en 2022 et 2023, d’une activité professionnelle temporaire au profit de 250.000 personnes ; et du programme «Forsa», avec un budget de 1,25 MMDH, visant à créer et à accompagner, sur une période de 5 ans, 12.000 entreprises.
Il y a également eu les réunions -au pas de charge- de la Commission nationale des investissements, qui ont permis l’approbation de 31 projets de conventions et d’avenants pour un montant global de plus de 22,5 MMDH et la création de près de 11.300 emplois directs et indirects.
A l’actif de ce Gouvernement, pour les 100 premiers jours de son mandat, on peut également mettre plusieurs initiatives visant des réformes, au niveau de l’éducation, de l’administration, de la fiscalité…
Sans oublier le programme «Intilaka», dont 26.000 entreprises ont bénéficié. Ce qui représente 90 % des objectifs fixés.
Concernant la préservation du pouvoir d’achat, a souligné le Chef du Gouvernement, malgré la dérégulation de la chaîne d’approvisionnement au niveau mondial, l’inflation reste maîtrisée au Maroc et les produits essentiels, dont la farine, sont subventionnés. Ce qui permet au Marocain de «ne pas payer son pain plus cher».
Un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams a été mis en place pour soutenir le secteur touristique, durement impacté par la pandémie et la fermeture des frontières, a-t-il ajouté.
Et pour ce qui est du dialogue social, Aziz Akhannouch a annoncé qu’il sera lancé en février et que le Gouvernement est ouvert à des échanges constructifs avec les partenaires sociaux, partie prenante essentielle dans la réalisation des chantiers sociaux.
«Le Gouvernement inscrit son action dans un processus démocratique impulsé par la Vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», a dit A. Akhannouch, lors de cette émission des deux télévisions, ajoutant que «Le gouvernement actuel connaît parfaitement les attentes et les priorités des Marocains et sait comment y répondre, sans intermédiaire».
Reste, cependant, que malgré ce bilan des 100 jours qui compte autant d’actions, le Gouvernement doit rester très vigilant au moins sur deux volets.
Le premier concerne l’économie dans son ensemble.
Le pays est toujours sous le coup de la crise sanitaire et les Variants de Covid, s’ils retardent la sortie de crise, ne doivent pas aggraver cette crise (sur le plan économique).
Désormais, tous les citoyens du monde savent quelles mesures prendre, individuellement, pour se protéger de la pandémie. L’Etat n’est donc plus obligé de sacrifier l’économie nationale pour lutter contre la propagation du virus. Fermer les frontières, c’est pénaliser gravement l’économie et tous les secteurs que cette fermeture condamne à l’arrêt.
Il suffit d’imposer des mesures strictes aux frontières et à tous les citoyens qui, s’ils craignent pour leur vie, les respecteront.
Si le Gouvernement continue de pénaliser l’économie, son bilan des 5 ans ne sera pas celui des 100 jours. Omicron aura ruiné l’économie et, par la même occasion, ruiné tous ses efforts.
Le 2ème volet qui appelle la vigilance de l’Exécutif, concerne les sommes que l’Etat injecte. Toujours dans l’optique de la relance de l’économie, ces sommes doivent, soit être directement créatrices de valeur ajoutée, soit permettre de créer à court, moyen, ou long terme, une valeur ajoutée.
Le Gouvernement doit donc veiller à un équilibre entre «l’Etat social» évoqué par le chef du gouvernement et l’Etat encourageant la création de richesses. C’est ainsi que les richesses créées pourront couvrir les dépenses sociales et éviter que le déficit budgétaire se creuse dangereusement… Et que les efforts du Gouvernement partent en fumée.
KB