Le Parlement marocain vient de boucler ses cinquante ans. Un demi-siècle durant, des parlementaires, femmes et hommes, ont marqué de leur empreinte l’action de cette haute institution.
Le Parlement a fêté, vendredi 20 décembre 2013, son 50ème anniversaire en présence des anciens présidents de cette haute institution qui ont tenu, sur invitation de l’actuel président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, à ne pas rater ce rendez-vous, tels le doyen des parlementaires, Abdelouahad Radi, le fondateur du RNI (Rassemblement National des Indépendants) et ancien Premier ministre, Ahmed Osman, l’ancien président des deux Chambres, Mohamed Jalal Essaïd et l’ancien ministre de la Santé, Biadillah Mohamed Cheikh. Un absent cependant, pour cause de voyage: Mustapha Mansouri, ancien ministre du Transport, puis de l’Emploi, de l’Industrie…
Un moment de fierté
Karim Ghellab a voulu faire de la célébration du cinquantenaire du Parlement un moment de fierté, mais aussi et surtout, comme il nous l’a confié: «Une marque de gratitude envers tous ceux qui, femmes et hommes, ont contribué à l’édification de l’action parlementaire». Convaincu que le passé constitue la force du Maroc et des Marocains, Ghellab a tenu à cette occasion à rendre un fort hommage à tous ceux qui ont œuvré un demi-siècle durant à la construction démocratique. Emus mais fiers, les anciens présidents du Parlement ont suivi avec beaucoup d’intérêt l’exposition qui a relaté le parcours des femmes et des hommes du Parlement, que les photographes du ministère de l’Information de l’époque et soldats inconnus avaient mémorisé pour la postérité, en plus de la riche photothèque de l’institution parlementaire.
Fidèle mémoire
Abdelouahad Radi, en sa qualité de plus ancien parlementaire, s’est constitué, volontairement et spontanément, «guide» pour les visiteurs de cette exposition photographique qui restera deux semaines dans le hall (1er étage) de la Chambre des représentants. Il montrait tel ou tel député du doigt avec un «nous» à l’appui: Khatri Ould Sid Saïd El Joumani, Abdelhadi Boutaleb, Abdelkrim El Khatib, Abdelkhaleq Torres et d’autres… Un timbre postal a été édité pour immortaliser cet événement et les photos des anciens présidents ont été accrochées au mur pour mémoire et en reconnaissance à leurs services rendus au Parlement et à la nation. Une photo de famille a clôturé cette célébration, pour que tout le monde se souvienne que «nous n’avons pas perdu de temps et que nous avons fait du bon travail qui a été unanimement reconnu, ici et ailleurs», nous a confié Abdelouahad Radi.
Karim Ghellab, président de la Chambre des représentants
Un moment de fierté et de gratitude
«Tout d’abord, c’est un moment de fierté et de gratitude envers toutes les personnes qui ont contribué à la construction de l’action et du travail parlementaires, ainsi que de l’institution parlementaire durant ces cinquante années. C’est toute l’accumulation du savoir et des compétences qui est célébrée en cette occasion. C’est aussi un hommage rendu à tous les députés, femmes et hommes, qui ont œuvré tout au long de ce demi-siècle, à toute la classe politique, toutes les institutions, à SM le Roi Mohammed VI et au parcours de construction démocratique qui fait aujourd’hui la spécificité du Maroc, reconnue d’ailleurs à travers le monde. C’est en même temps une opportunité pour ne pas se limiter au passé et se projeter dans le futur, le passé constituant notre force et nos points de déploiement qui visent un avenir meilleur et plus rayonnant et une continuité dans l’effort de développement de cette institution. Une institution qui appartient aux Marocains, les représente, défend leurs intérêts de manière démocratique, en fonction des opinions qui peuvent être tout à fait différentes au sein d’une société et qui applique les règles démocratiques dans le cadre de notre monarchie constitutionnelle».
Mohamed Nafaa
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Leurs déclarations
Abdelouahad Radi, doyen des présidents du Parlement
50 années de réalisations
«La célébration, aujourd’hui, du cinquantième anniversaire du Parlement évoque pour moi énormément de choses. J’ai eu personnellement la chance et le privilège d’être parmi les élus de 1963. Cela fait aujourd’hui 50 ans pleines d’activités, de militantisme et de réalisations. Je suis donc très heureux de constater qu’aujourd’hui, le Maroc a franchi de très grands pas par rapport au départ. Un départ qui était certes difficile, mais dont l’arrivée est réussie.
J’ai été élu en 1963; je suis toujours parlementaire et même président de l’Union interparlementaire. Tout cela donne beaucoup de satisfaction. Cela veut dire que nous n’avons pas perdu notre temps et que nous avons un travail qui a été unanimement reconnu sur le plan national, puisque j’ai eu l’honneur et le privilège d’être président pendant une douzaine d’années. C’est aussi une reconnaissance internationale, car je suis aujourd’hui le président de l’Union interparlementaire. Je remercie Dieu de m’avoir permis d’apporter une modeste contribution à la construction de la démocratie dans notre pays et sur le plan international».
MN
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Ahmed Osman, fondateur du RNI et ancien Premier ministre
Renouer avec le passé
«Nous remercions le président de la Chambre des représentants, M. Karim Ghellab, qui a pris l’initiative de célébrer le 50ème anniversaire du Parlement. C’est une occasion de renouer avec des personnalités qui ont assumé de hautes responsabilités dans cette institution. Aujourd’hui, je me remémore des moments forts de l’action parlementaire où nous avons eu l’honneur de présider aux destinées de l’institution parlementaire et également de la Primature pendant près de seize années».
MN
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Mohamed Jalal Essaïd, ancien président des Chambres des représentants et des conseillers.
Le Parlement au quotidien des Marocains
«Je dois reconnaître que c’est une première que de célébrer le 50ème anniversaire du Parlement. L’initiative est très louable et permet de reconstituer la mémoire du Parlement avec l’exposition photographique qui relate l’action parlementaire avec ses femmes et hommes. On ne peut donc que se féliciter et féliciter le président, Karim Ghellab, d’avoir organisé cette manifestation qui atteste, si besoin est, que notre institution parlementaire est entrée dans la vie quotidienne de la société. Il faut reconnaître que le Parlement a de plus en plus d’attributions renforcées avec la nouvelle Constitution de 2011. On ne peut donc que se féliciter de pareille manifestation qui mérite d’être appuyée par les médias dont vous faites partie.
Je suis à l’origine un enseignant, professeur à la Faculté de Droit de Rabat. Je dois reconnaître que je n’ai jamais quitté l’université. J’ai continué à enseigner même quand j’étais ministre de l’Urbanisme et du Tourisme et puis président des deux Chambres. Je n’ai jamais quitté l’université. Donc, une fois mes responsabilités officielles terminées, j’ai continué d’exercer le métier qui est le mien, c’est-à-dire celui d’enseignant-chercheur. Vous dire que le Parlement me manque ou ne me manque pas, c’est une question qui ne me préoccupe pas outre mesure».
MN
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Biadillah Mohamed Cheikh, président de la Chambre des conseillers
«La célébration du 50ème anniversaire du Parlement marocain évoque pour moi la profondeur de l’histoire marocaine et sa faculté adaptative extraordinaire. Le fait que notre pays arrive toujours à négocier les grands virages avec sagesse est une introspection fantastique qui éclaire l’avenir. Les leçons à tirer sont toujours en faveur d’un mouvement dynamique, mais harmonieux».
MN