Sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la septième édition des Assises de L’agriculture, organisée par le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, s’est tenue à Meknès, le 23 avril 2014 en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), sous le thème «l’agriculture familiale».
Cette thématique s’est inscrite dans le contexte mondial, en se penchant sur «l’agriculture familiale» qui est de plus en plus, aujourd’hui, au centre de tous les débats, surtout depuis que 2014 a été déclarée, année internationale de l’agriculture familiale (AIAF), par la FAO.
Où en est le Maroc?
A-t-il développé un modèle viable et exportable? A-t-il réussi à se positionner sur ce segment et quels sont ses atouts ?
Autant de questions auxquelles cette séance de vérité et de franc parler a pu apporter réponse.
Tout a commencé par la projection d’un film. Court certes, mais qui en a dit long sur ce qu’est réellement aujourd’hui au Maroc l’agriculture.
Agriculteurs et analphabètes dont la spontanéité frôlait, dans certains cas la naïveté, ont témoigné de ce qu’était et ce qu’est devenu leur vie dans et par la terre. Une terre qu’ils ont tous réappris à apprivoiser pour ensuite mieux y vivre et mieux la sentir, voire la fêter à l’occasion de l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale 2014.
Vivre sa terre
L’Année Internationale de l’Agriculture Familiale 2014 vise ainsi à rehausser l’image de l’agriculture familiale et de la petite agriculture en focalisant l’attention du monde entier sur leur contribution significative à l’éradication de la faim et de la pauvreté, l’instauration de la sécurité alimentaire, l’amélioration des moyens d’existence et une meilleure nutrition mondiale.
Dans son allocution, le président malien Aboubakar Ibrahim Kéita a bien souligné l’importance de cette sécurité alimentaire «un homme qui a faim n’a pas de dignité, n’a pas d’honneur» a noté le Président pour expliquer ensuite qu’il est impératif aujourd’hui que les hommes et les femmes d’Afrique et du monde se donnent la main se soutiennent et s’entraident «pour réapprendre à mieux connaitre la vraie valeur de cette terre. Une terre que certains fuient, chacun pour ses raisons, alors qu’elle peut donner plus qu’elle ne reçoit et elle est seule capable d’apprendre aux hommes à vivre en commun et à vivre en paix».
Cependant il ne faut pas oublier l’optimisation de la gestion des ressources naturelles et la protection de l’environnement, ainsi que leur contribution au développement durable, en particulier dans les zones rurales.
Apporter des solutions
Les Assises de l’Agriculture, sont également une occasion pour dresser l’état d’avancement des chantiers structurants instaurés par le Plan Maroc Vert. Initié en 2008, ce plan de mise à niveau et de modernisation de l’Agriculture marocaine est construit autour de deux piliers. Le Pilier I soutenant le développement d’une agriculture moderne à forte valeur ajoutée et le Pilier II ciblant les petits agriculteurs et visant à mettre en place une agriculture solidaire, viable et durable.
D’où il était question d’envisager des solutions pérennes marocaines pour tous les petits agriculteurs nationaux, dans la continuité des chantiers insufflés par le Pilier II du Plan Maroc Vert, qui porte une attention toute particulière à ce modèle économique. Ainsi que de rappeler que l’agriculture familiale concerne plus de 500 millions de petites fermes familiales dans le monde et représente plus de 98 % des exploitations agricoles mondiales. Elle assure ainsi au moins 56 % de la production agricole sur 56 % des terres mondiales.
Les bonnes nouvelles du ministre
Les assises de l’agriculture à Meknès se sont ouvertes sur une bonne nouvelle, annoncée par le ministre de l’agriculture, Aziz Akhannouch, selon lequel la production prévisionnelle des céréales pour la campagne agricole 2013/2014 devrait atteindre 67,3 millions de quintaux, dont 37,2 millions de quintaux pour le blé tendre. «Le Maroc va réaliser une très bonne campagne céréalière, en dépit du repli du cumul pluviométrique de cette saison», a-t-il déclaré dans son allocution d’ouverture des assises de l’agriculture. Avec 67,3 millions de quintaux de céréales prévus, la prochaine récolte, si elle est en deçà de la campagne de l’année dernière (la seconde meilleure campagne de notre histoire avec 97 millions de quintaux), s’annonce comme plus qu’honorable. Ainsi, une campagne moyenne correspond à une récolte globale de 50 millions de quintaux, et l’un des objectifs du Plan Maroc Vert pour 2020 est d’atteindre une moyenne de 70 millions de quintaux par an. Le ministre a aussi annoncé une hausse «spectaculaire» de 77% de la production entre 2008 et 2013, «alors que celle du lait est passée de 1,80 milliard de litres en 2008 à 2,21 milliards de litres en 2013, soit une augmentation de 22%». Ces bons résultats s’expliquent, selon le ministre, par la modernisation du secteur qui entraîne la hausse de la productivité végétale (3,5 tonnes par hectare en 2013 contre 2,8 en 2008). A cela s’ajoute «la nette amélioration de la productivité animale et la valorisation de la superficie agricole utile (exploitation de 420.000 hectares additionnels)». Ainsi qu’une meilleure utilisation des ressources hydriques, à travers la multiplication des superficies équipées en irrigation au goutte-à-goutte, pour atteindre 360.000 hectares en 2013.
DNES à Meknes Hamid Dades
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Assises de l’agriculture
Conventions et contrats-programmes en faveur de l’agriculture
La 7ème édition des Assises de l’agriculture a été marquée par la signature de neuf conventions et contrats-programmes pour le développement du secteur agricole.
La première convention, signée par les ministres de l’agriculture et de la pêche maritime et de l’économie et des finances, Aziz Akhannouch et Mohamed Bousssaid et le président de la Mutuelle agricole marocaine d’assurances (MAMDA), Hicham Belmrah, vise à mettre en place un programme de garantie multirisque pour l’arboriculture fruitière.
Ce programme, qui porte sur les rosacées fruitières, les agrumes et l’olivier, couvre 6 risques climatiques majeurs, dont le gel, le vent violent et les hautes températures. Il concerne 30 provinces à vocation arboricole, au niveau de 10 régions du Royaume. En vertu de cet accord, le gouvernement s’engage à financer le programme à travers une subvention aux cotisations des agriculteurs comprise entre 50% et 70%, pour abaisser le taux de cotisation à un niveau accessible et une contribution prévisionnelle de 60 millions de dirhams par an, pour une superficie cible de 50.000 ha en 2013-2014.
Pour sa part, la MAMDA promet d’assurer la gestion du programme de garantie pour le compte de l’Etat, de commercialiser les contrats de garantie et de prendre en charge les opérations d’expertise et d’indemnisation des sinistres.
Le 2ème contrat-programme pour la période 2014-2020, signé par Akhannouch et Boussaid, et le président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges, Hammou Ouhelli, ambitionne de créer plus de 80.000 emplois additionnels et d’augmenter la production à 612.000 tonnes en 2020, contre 490.000 tonnes en 2013. Il vise également à accroître la consommation par habitant et par an de 14,2 kg à 17,3 kg durant cette période, augmenter le chiffre d’affaires de 30 milliards de dirhams en 2020, contre 25 milliards en 2013, développer l’amont et l’aval de la filière et promouvoir les produits de cette filière sur les marchés intérieurs et extérieurs, outre la mise à niveau du cadre réglementaire de la filière.
Le 3ème accord, relatif au programme national de constitution de coopératives agricoles (2014-2020), a été signé par Akhannouch et Boussaid et la ministre de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatema Marouane. Ce programme, d’un coût global de 450 millions de dirhams, s’assigne pour objectif de mieux insérer les petits exploitants au Plan Maroc Vert en facilitant leur structuration en coopératives agricoles et de créer 15.000 coopératives permettant de passer le nombre d’exploitants structurés en coopératives de 250.000 à 1.000.000. En vertu de ce programme, le gouvernement s’engage à prendre en charge les actions de coordination et de réunion permettant l’aboutissement à la création d’une coopérative, soit 30.000 dirhams par coopérative constituée.
La 4ème convention, signée par Akhannouch et le ministre du Développement rural du Mali, Bokary Treta, vise à mettre à disposition d’un seul tenant par la République du Mali au Maroc d’une superficie de 10.000 ha dans la zone de production de M’Béwani, en zone office du Niger. En vertu de cet accord, la partie malienne s’engage à mettre à contribution tous ses services techniques et apporter toute son assistance et sa coopération au Maroc, à mobiliser les groupes d’experts maliens dans le cadre des études techniques et socio-économiques pour la réalisation des projets et à exonérer les investisseurs marocains de tous les droits de douane, de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de toutes autres taxes, impôts et droits liés à la réalisation de leurs projets.
Le Maroc entend, quant à lui, mobiliser les investisseurs marocains pour aménager, mettre en valeur et exploiter rationnellement le terrain mis à disposition, outre la réalisation à la charge des investisseurs marocains des études techniques, de faisabilité et d’impacts environnementale et sociale.
Le 5ème accord, signé entre le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, le ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, l’agence pour le développement agricole et le groupe Barid Al-Maghrib, porte sur une plate-forme de vente en ligne (e-commerce) de produits du terroir. Il vise à donner un accès préférentiel aux coopératives et groupements de producteurs à la plate-forme de vente en ligne des produits du terroir marocains, alors que Barid Al-Maghrib s’engage à offrir aux coopératives et aux groupements de producteurs une solution complète et intégrée, comportant notamment un service d’assistance, l’hébergement sur une plate-forme nationale sécurisée et la livraison par Amana au niveau national et Chronopost au niveau international.
La 6ème convention, signée par Akhannouch et Boussaid, le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, et le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, ainsi que le président de la Fédération des Chambres d’agriculture du Maroc, El Habib Ben Ettaleb, porte sur la recherche et la formation professionnelle agricole. Cet accord ambitionne d’augmenter le nombre de chercheurs de 180 actuellement à 350 en 2020, et celui de techniciens de 220 actuellement à 390 en 2020, de progresser le budget de la recherche agricole pour atteindre 0,32% du PIB agricole à horizon 2020 contre 0,25% actuellement et de former quelque 100.000 stagiaires sur la période 2014-2020.
Le 7ème accord, signé par Aziz Akhannouch et Mohamed Boussaid, et le directeur général de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Graziano Da Silva, vise à constituer un Fonds fiduciaire administré par la FAO et alimenté par le gouvernement marocain.
Il vise à définir un cadre général de partenariat entre le Maroc et la FAO, afin de mettre en oeuvre des actions de coopération Sud-Sud en faveur du continent africain et à octroyer au moins 1 million de dollars américains alimentés au moyen de dons annuels échelonnés de 2014 à 2020, provenant du gouvernement et du secteur privé marocains.
Le 8ème contrat programme Riz 2014-2020, signé par Aziz Akhannouch et Mohamed Boussaid, et le ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy et la Fédération interprofessionnelle du riz, vise à augmenter les rendements moyens de 70 quintaux/ha à 80 Qx/ha et à améliorer la marge nette des riziculteurs de 3.600 DH/Ha, outre l’extension des superficies de 6.500 Ha à 11 000 Ha.
La 9ème convention, signée par Aziz Akhannouch et le président du Crédit Agricole, Tariq Sijilmassi, porte, quant à elle, sur la mise à la disposition par le groupe Crédit agricole d’un montant de 25 MMDH pour l’accompagnement du PMV.
HD
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Témoignages présidentiels
Alpha Condé, Président de Guinée
«Un modèle réussi dont le Maroc peut se vanter»
Dans son allocution, lors de l’ouverture des travaux des Assises de l’agriculture, le Président de la République de Guinée, Alpha Condé, a sollicité le soutien du Maroc pour accompagner son pays dans le développement de son agriculture, en s’inspirant de l’esprit et de la philosophie du Plan Maroc Vert (PMV) qui se veut l’aboutissement de «la vision extraordinaire de SM le Roi Mohammed VI». «Nous aspirons, a-t-il dit, à ce que le Maroc mette à notre disposition son savoir-faire en matière de développement agricole».
Après avoir souligné «les avancées remarquables réalisées par le Maroc dans le domaine agricole à la faveur du PMV qui se veut l’aboutissement et le couronnement de la vision extraordinaire de SM le Roi», le président Alpha Condé a assuré que le Maroc, «ce pays frère et ami, a bien réussi sa politique agricole et peut s’en vanter».
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Ibrahim Boubabakar Keita, Président du Mali
«Une vision royale porteuse pour le Maroc et pour toute l’Afrique»
Agriculture…
«La vision clairvoyante de SM le Roi en matière agricole est porteuse non seulement pour le Maroc mais aussi pour toute l’Afrique… L’exemple a été donné sur la réussite de la politique agricole au Maroc et qui a donné ses fruits. La lutte contre la pauvreté passe par la maitrise du secteur agricole ainsi que par la maitrise des ressources halieutiques… Le Mali sollicite, dans ce cadre, le soutien du Maroc pour assurer la survie du fleuve Niger, source de vie pour une grande partie de la région du Sahel et qui traverse les zones arides du Mali et du Niger…»
… Et politique migratoire
«… Je salue la mise en œuvre par le Maroc, d’une nouvelle politique migratoire tendant à régulariser la situation des étrangers, principalement de l’Afrique subsaharienne et ce, pour favoriser leur intégration au sein de la société marocaine. Je tiens à rendre un vibrant hommage à SM le Roi Mohammed VI pour avoir ainsi démontré que ces immigrés subsahariens méritaient bien un autre regard que celui du mépris».
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FAO : La consécration en prime Pour avoir réalisé, deux ans à l’avance, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Maroc sera primé en juin par l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). |