En visite au Maroc (29 juin-10 juillet 2017), une équipe des services du Fonds Monétaire Internationale (FMI) a mené avec les autorités marocaines les discussions concernant la deuxième revue de l’accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Les conclusions de ces entretiens.
L’équipe des services du FMI, dirigée par Nicolas Blancher, a donné, lundi 10 juillet 2017 au siège du ministère de l’Economie et des Finances, une conférence de presse au cours de laquelle elle a présenté les conclusions de ses contacts avec les autorités marocaines autour de la revue de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Pour rappel, le conseil d’administration du FMI avait approuvé un accord LPL en faveur du Royaume pour un montant de 2.504 milliards de DTS (environ 3,42 milliards de dollars) en juillet 2016.
Poursuivre les réformes
Les performances et les politiques macroéconomiques sont restées solides, en dépit de la volatilité de la production agricole, de la faiblesse de la croissance chez les partenaires commerciaux et des risques extérieurs qui demeurent élevés, a annoncé Nicolas Blancher en ouverture de la conférence de presse. Ajoutant néanmoins que les autorités marocaines «restent déterminées à poursuivre des réformes importantes sur le plan budgétaire, financier et structurel, afin de rendre l’économie plus résiliente aux chocs extérieurs et de favoriser une croissance plus élevée et plus inclusive».
Perspectives favorables
C’est un réel satisfécit qui se dégage de la mission de l’équipe des services du FMI pour laquelle les perspectives économiques pour 2017 s’avèrent favorables. Après la sécheresse de 2016, a précisé Nicolas Blancher, «la croissance devrait rebondir à 4,8% cette année, grâce à une reprise vigoureuse dans le secteur agricole. Tandis que la croissance hors agriculture s’accélérerait de manière modeste à 3,3% (+ 0,2 point). L’inflation, de son côté, devrait ralentir à 0,9% pour l’année. Le chômage demeure élevé en particulier chez les jeunes et les femmes».
Système fiscal plus équitable
Le déficit budgétaire devrait se réduire à 3,5% du PIB, en 2017, grâce à l’augmentation des recettes et à la maîtrise des dépenses. Volet réformes, l’équipe du FMI note avec satisfaction que les autorités marocaines ont l’intention de poursuivre les réformes budgétaires, notamment en vue de mettre en place un système fiscal plus équitable et plus juste et de réduire la dette publique à moins de 60% du PIB à l’horizon 2022. Ces réformes, assure le FMI, sont essentielles pour accroître les marges de manœuvre nécessaires. Et ce, afin de réduire la pauvreté et de promouvoir l’emploi au moyen de dépenses publiques, en particulier l’investissement et les programmes sociaux qui profitent, fait remarquer le FMI «aux couches les plus pauvres de la population et qui aident à réduire les inégalités».
Flexibilité structurante
S’agissant de la flexibilité des changes, Nicolas Blancher a précisé que celle-ci est structurante pour le Maroc qui «s’est préparé depuis longtemps à une décision souveraine, une étape dans l’intégration du Maroc dans l’économie mondiale», expliquant qu’il ne s’agit pas là d’une décision prise à la légère. Les marges de manœuvre, a assuré Nicolas Blancher, sont plus fortes «aujourd’hui que ce qu’elles étaient auparavant… Nous enregistrons une résistance de l’économie marocaine à des chocs éventuels et considérons que le Maroc est aujourd’hui prêt».
Le pourquoi du retard
En réponse à une question sur le retard pris dans la mise en œuvre de la flexibilité des changes, l’équipe du FMI a précisé «ce sont les autorités marocaines qui jugent et prendront la décision au moment opportun. Le Maroc, s’étant amélioré et se trouvant aujourd’hui dans une position de force, a la possibilité de prendre cette décision. Il n’y a pas de raison aujourd’hui de dévaluer. Mais, estime Nicolas Blancher, «le Maroc est en mesure de faire cela de façon graduelle».
Progrès concluants
L’équipe du FMI s’est félicitée des progrès effectués dans le renforcement de la solidité du secteur financier marocain «et encourage les autorités marocaines à accélérer les réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires et la gouvernance, à lutter contre la corruption, à réduire le chômage en particulier chez les jeunes, à réduire les disparités régionales et sociales et à réformer le système éducatif de manière à accroître les qualifications des travailleurs».
Economie compétitive
L’équipe du FMI en arrive à conclure que «l’économie marocaine est compétitive aujourd’hui, on ne voit donc pas de raison de dévaluer le dirham sachant que, assure Nicolas Blancher «les amortisseurs de réserve se sont renforcés».
S’agissant de la compensation, l’équipe FMI estime que «c’est un outil qui bénéficie aux riches et rarement aux pauvres et les autorités marocaines y réfléchissent… ».
Mohammed NAFAA