Le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a avoué qu’il avait pensé à maintes reprises claquer la porte du gouvernement, avant de changer d’avis.
Le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a avoué que l’affaire dite du chocolat l’a beaucoup dérangé personnellement et a fait savoir qu’ils (l’Exécutif) prendront les mesures qui s’imposent au cas où il serait établi, preuves à l’appui, que le ministre Haraki, Abdelaâdim Guerrouj, a bel et bien payé sa commande de chocolat avec des deniers publics.
Il a cependant précisé que les rapports qui lui ont été soumis attestent du contraire et que les documents que lui a remis Guerrouj mentionnent que c’est bien sa famille qui avait réglé la facture.
Qui a payé le chocolat?
Abdelilah Benkirane, qui était l’hôte de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), a précisé: «Au cas où nous aurons la preuve irréfutable du paiement de la commande de chocolat par l’argent du contribuable, nous prendrons les mesures nécessaires. Avant lui, Mohand Laenser, ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire national et secrétaire général du Mouvement Populaire, -lors du point de presse organisé au siège de son parti pour recevoir les excuses du journaliste d’Al Akhbar qui avait calomnié le ministre Mohamed Mobdie et une militante Harakie-, avait tenu le même langage en promettant de prendre «les mesures qui s’imposent» à l’encontre du ministre Guerrouj au cas où les preuves l’accableraient. Laenser a aussi évoqué ce jour-là l’éventualité pour son parti de claquer la porte du gouvernement s’il s’avérait que leurs opinions n’étaient pas prises en considération et qu’on se servait d’eux comme une roue de secours.
Profitant de l’opportunité qui lui était offerte à l’ENA, le chef de gouvernement s’est empressé de nier toute volonté du Mouvement Populaire de quitter le gouvernement. Certes, la presse en parle, mais Laenser est toujours au gouvernement!
Non à une confrontation avec le Roi !
Comme à l’accoutumée, le Chef de gouvernement n’a pas manqué de fustiger ceux qui veulent le presser pour une confrontation avec le Roi. Concernant des nominations aux hauts postes de responsabilité, il leur a tout simplement répondu: «Quel mal cela pourrait-il vous faire si le Roi me proposait quelqu’un de compétent pour un poste de valeur ou une décision à prendre dans une affaire déterminée?». Toutefois, Benkirane ne s’est point dérobé en avouant que les réformes et la lutte contre la corruption ne sont pas aussi faciles à concrétiser qu’il l’avait imaginé avant de prendre en main la gestion des affaires publiques et que ceux qu’il pensait qu’ils allaient l’épauler dans ce sens lui ont tout simplement fait défaut, puisqu’ils se sont rangés aux côtés des protestataires. C’est peut-être ce qui lui a fait dire qu’il avait pensé, à plusieurs reprises, claquer la porte du gouvernement, mais y a renoncé au bout du compte.
Joutes oratoires…
Rappelant les insultes de Hamid Chabat à son égard, Benkirane a reconnu que le discours de la classe politique est descendu trop bas et qu’il ne comprenait pas pourquoi on le critiquait, lui personnellement, pour avoir renvoyé l’ascenseur au dirigeant istiqlalien. Et d’ajouter: «Malgré cela, j’ai dit: »Allah yahdih ou yahdina maâh »».
L’autorité bouleverse
Une autre confidence: Abdelilah Benkirane a reconnu qu’à un certain moment, il a pensé proposer le portefeuille des Habous et des Affaires islamiques à Saâd-Eddine El Othmani et à Mustapha Benhamza. Ces deux derniers ont repoussé l’offre et c’était finalement la candidature d’Ahmed Taoufiq qui a été retenue par SM le Roi Mohammed VI. Ce qui n’a pas été pour lui déplaire, vu les liens d’amitié qui les liaient et la compétence de Taoufik. Idem pour Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement et Abdellatif Loudyi, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé de l’administration de la Défense nationale. Benkirane a conclu son intervention en affirmant que l’autorité produit des bouleversements chez l’être humain et que c’est un monde nouveau qui l’attendait.
Mohammed Nafaa