Tous pour protéger les plus vulnérables de la société: enfants et femmes, sans oublier les handicapés. Ce mois de novembre reste une période où on célèbre la Journée mondiale de l’enfant et la Journée mondiale de la lutte contre la violence faite aux femmes. Une campagne nationale allant dans ce sens est en cours et se poursuivra jusqu’au 10 décembre 2014.
Mardi 24 novembre, un reportage a été diffusé dans le JT d’Al Oula. Il s’agit du témoignage d’une femme qui a sauté du 4ème étage de chez elle pour fuir son mari. Le médecin qui la soignait à Tanger a présenté son état de santé: fémur éclaté… La femme a donc besoin d’une intervention chirurgicale avec des greffes osseuses et des séances de kinésithérapie. C’est là un autre cas, après celui devenu célèbre de Khaoula à Marrakech, elle aussi agressée par son mari.
Il est vrai que des pas de géant ont été faits en matière de droits humains dans notre pays. Mais il reste beaucoup à faire, surtout pour arriver à trouver un équilibre entre les acquis juridiques et quelques mentalités et poches de résistance qui, malheureusement, posent des obstacles pour empêcher qu’un jour on puisse enfin crier victoire.
La coalition des associations féministes vient de tenir, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, un sit-in devant le Parlement pour dénoncer le retard accusé dans la promulgation du projet de loi 103-13 relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes. Elle rappelle le fait de ne pas prendre en considération la définition et les recommandations internationales relatives à la lutte contre la violence se rapportant au genre, ainsi que la négligence des quatre dimensions essentielles pour chaque projet de loi, à savoir la prévention, la protection, la dissuasion et la prise en charge. D’ailleurs, la Coalition prévoit l’organisation, le 6 décembre à Rabat, d’une marche avec la participation de femmes victimes de violence et de discrimination pour protester contre «la régression» constatée dans la mise en œuvre de l’égalité et exiger l’activation des lois et des programmes prévus par la Constitution en la matière. Elle souligne aussi que si les chiffres officiels parlent de quelque 6 millions de femmes sur un total de 9,5 millions de victimes de violences (2011), la réalité est tout autre, surtout qu’il y a celles qui ne dénoncent pas le violeur.
Ainsi, la femme reste le maillon faible quand on sait que l’ONU souligne que selon les statistiques: «Une femme sur trois a été victime de violence physique ou sexuelle, principalement exercée par un partenaire intime. Environ 120 millions de filles ont été forcées à avoir des rapports sexuels ou à se soumettre à d’autres actes sexuels à un moment donné de leur vie et 133 millions de femmes et de filles ont subi une mutilation génitale».
«Wach teqbel tkoune chmata?»
A cette occasion, Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social (PJD), lance la 12ème campagne de lutte contre les violences faites aux femmes autour du slogan «Wach teqbel tkoune chmata?». Un message destiné à tous ces hommes «machos» qui frappent et humilient leur compagne tous simplement par ce qu’elle est femme. Il est vrai que le terme «chmata» dans notre culture signifie beaucoup de choses négatives, mais l’espoir reste qu’il arrive à secouer les consciences. L’ONU mène aussi une campagne autour du slogan «Lui pour elle».
En attendant que l’observatoire national dédié à cette cause voie le jour prochainement, la société civile ambitionne de s’assurer de la conformité de la législation nationale avec les dispositions constitutionnelles et les conventions internationales relatives à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et de veiller au suivi et à l’accompagnement des politiques publiques en matière d’égalité du genre et au respect par le Maroc de ses engagements nationaux et internationaux.
Travail domestique des mineures
L’exploitation à travers le travail domestique touche particulièrement des fillettes issues pour la plupart de régions rurales et périurbaines caractérisées par la marginalisation et la précarité. Il y a quelques initiatives de la société civile qui ont aidé ces filles à la réinsertion en famille et à l’école à travers une somme d’argent versée aux parents et à Dar Taleb qui les accueille durant leur scolarité. Mais on peut faire mieux… Existant déjà à l’époque du ministre Aghmani, le projet de loi 19.12 n’a été adopté en Conseil des ministres qu’en juin 2013. Un retard au niveau du Parlement. Par conséquent, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont été saisis pour apporter plus d’éclairage sur la question. En tenant compte de leurs différentes recommandations et sur la base des dispositions du Code du travail et des conventions internationales ratifiées par le Royaume, le texte placerait le Maroc au rang des pays les plus respectueux des droits de l’Homme. Un exemple: pour pouvoir employer un jeune entre 15 et 18 ans, il faudra obligatoirement obtenir l’autorisation de son représentant légal. Si cette disposition n’est pas respectée, le futur employeur s’exposera à des amendes très lourdes (25.000 à 30.000 dirhams)… Pour la société civile, malgré les avis contraires du CNDH et du CESE saisis par la Chambre des conseillers, dans le cadre de l’examen du dernier projet de loi 19.12, le ministère de l’Emploi et des Affaires sociales persiste à maintenir à 15 ans l’âge d’accès au travail domestique.
A rappeler que, depuis 2009, le Collectif a mené plusieurs actions qui ont abouti à l’élaboration, entre 2011 et 2013, de plusieurs versions de projets de loi par le ministère du Développement social, d’abord, puis par le ministère de l’Emploi.
Bouchra Elkhadir
Pour un Maroc digne de ses enfants La Convention Internationale des Droits de l’Enfant fête son 25èmeanniversaire sous le thème de la protection des enfants contre toutes les formes de violence. Le Maroc a ratifié cette convention en 1993, ainsi que plusieurs autres plus tard et la Constitution adoptée en 2011 consacre les droits de l’enfant comme des droits incontournables. |