Les libertés publiques et individuelles font partie des droits fondamentaux auxquels le Maroc a accordé une importance particulière. De ce fait, personne n’a le droit de se substituer à l’Etat dans ce domaine.
La Constitution marocaine a accordé une place importante aux libertés publiques et individuelles, leur pratique étant régie par des lois strictes. La conformité de ces libertés aux us et coutumes de la société font partie des prérogatives de l’Etat, notamment dans un pays qui prône l’ouverture et la tolérance, dans le cadre de l’institution de la Commanderie des croyants.
Malheureusement, un nouveau phénomène a fait surface au Maroc, concernant les «justiciers de la rue». S’autoproclamant défenseurs des bonnes mœurs et gardiens de la droiture dans la société qu’ils considèrent comme dépravée, cette catégorie de citoyens, imprégnés d’une pensée unique et d’une idéologie de rejet de toute différence, intervient chaque fois que l’occasion se présente, pour faire appliquer sa propre conception de la vie en commun et de la religion, quitte à recourir à la violence. Les victimes de ces agissements, étrangers à la société marocaine, se posent la question de savoir de quel droit ces nouveaux «fous de Dieu» agissent-ils de la sorte?
L’autorité de l’Etat est-elle menacée?
A la lecture des lois en vigueur au Maroc, on s’aperçoit très vite que la question des libertés est entourée d’une attention particulière de la part du législateur. Cela fait de ces «justiciers» des hors-la-loi à réprimander avant que leur idées dévastatrices ne prennent de l’ampleur; surtout chez les jeunes qui constituent une proie facile à influencer.
Le Maroc dispose d’un arsenal juridique capable de barrer la route aux adeptes du terrorisme et de l’intimidation. Parmi les lois qui encadrent les libertés au Royaume, l’article 19 de la Constitution. Il y est énoncé ce qui suit: «L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titre et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume». En outre, l’article 22 de la loi fondamentale du Royaume précise: «Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou publique». La Constitution précise dans le même cadre que nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce soit, des traitements cruels, inhumains, dégradants ou portant atteinte à la dignité. C’est justement ce qui s’est passé tout récemment avec le jeune homme de Marrakech, victime d’agression et de traitements dégradants en raison de sa tenue vestimentaire. C’est également ce qui s’est passé bien avant à Fès, Béni Mellal, Inezgane, Safi, Tanger…, avec des filles considérées comme des débauchées qui méritent d’être remises sur le «droit chemin». Ces agressions sont parfois commises à l’intérieur des domiciles des victimes, ce qui est une atteinte grave à la Constitution. Dans son article 24, la loi fondamentale énonce que toute personne a droit à la protection de sa vie privée et que le domicile, tout en étant inviolable, les perquisitions qui peuvent s’y dérouler ne peuvent intervenir que dans les conditions et formes strictes prévues par la loi. Par conséquent, l’Etat reste le seul habilité à intervenir et à gérer le domaine des libertés dans le Royaume.
Mohcine Lourhzal