Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, s’en est vanté lors de la clôture du Dialogue national sur la société civile. Le meilleur, a-t-il dit, dans l’histoire du Maroc est que celui qui est né (il entend les associations de la société civile) avec une cuillère en or dans la bouche, c’est sûr qu’il ne la gardera pas longtemps. Lors de la cérémonie de clôture (15 mai 2014) de ce Dialogue, Benkirane a précisé: «Il n’est pas logique que des associations possèdent des milliards, alors que d’autres ne bénéficient d’aucune subvention».
Des obstacles, mais aussi des avancées
Dans sa déclaration finale, la Commission nationale sur le Dialogue, qui avait entamé ses travaux le 13 mars 2013, a reconnu avoir réussi, malgré moult difficultés, à toucher plusieurs aspects de la situation de la société civile et tous les obstacles et défis qui entravent son action. Elle a aussi examiné ce dont cette société civile a besoin comme subventions et aide sur les plans juridique, financier, de la formation et de la gestion.
Le meilleur dialogue de l’histoire du Maroc
Lors de la cérémonie de clôture, les intervenants, dont le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et le président de la commission nationale du dialogue national sur la société civile, ont été unanimes à mettre en exergue l’importance et le caractère exceptionnel du dialogue qui a drainé des milliers d’associations. Les recommandations l’ont d’ailleurs démontré: elles sont percutantes, comme l’a dit à l’assistance Abdelilah Benkirane (au Théâtre national Mohamed V, le 15 mai 2014). «Il y a eu nombre de dialogues nationaux depuis l’indépendance. Mais je prétends personnellement que nous sommes aujourd’hui face au plus grand dialogue de l’histoire du Maroc, par la manière dont il a été conçu et géré, puisque les organisateurs ont pris contact directement avec 7.000 associations et ont pris attache avec des dizaines de personnes, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du pays», a crié haut et fort Benkirane.
Un registre national des associations
Les recommandations du Dialogue national sur la société civile, consignées dans la plate-forme juridique de la vie associative, reconnaissent la création d’un registre national des associations, qui serait chapeauté par l’autorité judiciaire, ainsi que la nécessité de délivrer illico le reçu réglementaire qui permet à l’association de jouir de tous les droits qui figurent dans cette plate-forme juridique. Une nouveauté de taille à mettre à l’actif de ce dialogue national: la consécration du droit des enfants âgés de plus de quatorze ans de fonder des associations ou d’y adhérer avec approbation de leurs parents ou tuteurs. Encore une nouveauté qui devrait faire jurisprudence: refuser de réceptionner tout dossier émanant d’une société ou conditionner sa réception par des documents en dehors de ceux exigés par la plate-forme juridique de la commission nationale sont considérés comme une violation de l’article 6 de la Constitution et une atteinte à la liberté des associations et à leurs droits.
Les Marocains n’ont plus peur de l’Etat
Les pétitions doivent être accompagnées des signatures (pas moins de 25.000) de citoyens marocains ou d’étrangers qui séjournent légalement au Maroc, en prenant en compte la nécessaire légalisation des signatures.
Ces avancées de la vie de la société civile ont fait dire à Abdelilah Benkirane: «Le Dialogue national est l’indicateur qui prouve que les Marocains n’ont plus peur les uns des autres, que l’Etat n’a plus peur des citoyens et que ces derniers eux-mêmes ne craignent plus l’Etat».
Mohammed Nafaa