Depuis qu’il a réintégré sa famille institutionnelle africaine en 2016, le Maroc ne cesse d’œuvrer pour fédérer les forces vives du continent. En effet, le Royaume croit foncièrement au potentiel économique de l’Afrique et considère que les pays africains peuvent voler de leurs propres ailes et prendre leur destin en main.
Après plus de deux années de pandémie due au Covid-19, l’heure est aujourd’hui à la relance économique, en dépit des circonstances et facteurs géopolitiques qui jouent en la défaveur des économies émergentes, notamment africaines. Pour changer la donne, le Maroc a réuni les patrons et représentants d’une dizaine de fonds souverains africains et arabes. Organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, ce conclave qui a duré deux jours (20-21 juin 2022-Rabat), à l’initiative du fonds souverain marocain «Ithmar Capital», a été marqué par le lancement d’une nouvelle structure pour dynamiser l’investissement en Afrique. Baptisé Forum Africain des Investisseurs souverains (ASIF), cet espace de réflexion et d’action, devra préparer des projets et plateformes d’investissements, capables de mobiliser suffisamment de capitaux privés et publics, pour accompagner la croissance du continent africain, en encourageant à travers l’investissement, l’émergence de secteurs d’activité innovants et à forte valeur ajoutée pour l’Afrique.
Une belle opportunité s’offre à l’Afrique
La cérémonie de lancement officiel de l’Africa Sovereign Investors Forum (ASIF) a été marquée par le message Royal, adressé aux participants à cet événement d’envergure continental et dont lecture a été donné par le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. SM le Roi Mohammed VI a ainsi souligné que les fonds souverains et stratégiques d’investissement, constituent de véritables révélateurs d’opportunités et constituent des aiguillons pour une meilleure allocation des capitaux vers les secteurs créateurs de valeur économique et à fort impact social, pour les pays africains. SM le Roi a également fait le constat qu’à ce jour, et malgré les réformes économiques mises en place par un grand nombre d’Etats africains, «l’accès au capital reste timide et dominé par les financements des agences et banques de développement», notant qu’il est temps que l’Afrique s’affirme, prenne son destin en main et occupe le rang qui lui échoit. Pour ce faire, rien de mieux que les Fonds souverains et stratégiques, dont le mandat principal consiste à agir en investisseurs avisés et patients, assurant le relais entre les priorités nationales à long terme et les investisseurs privés, dans le cadre d’une approche partenariale et de développement durable. Ceci est d’autant plus crucial, a poursuivi le Souverain, quand il est question d’assurer l’arrimage de l’Afrique au système financier privé international, notamment par le renforcement et la généralisation des compétences pour les mettre au diapason des meilleurs standards internationaux, consacrant ainsi l’Afrique comme une terre d’accueil des investisseurs et des investissements.
Rappelant les efforts déployés par le Maroc au service des intérêts du continent africain et de son essor économique, SM le Roi Mohammed VI a assuré que «l’Afrique est un choix de cœur et de raison. C’est un choix clair et volontariste, matérialisé par notre engagement à travers de nombreuses initiatives qui dynamisent et promeuvent la coopération et le développement économique interafricain». Par ailleurs, Sa Majesté le Roi a relevé que le temps est enfin venu, pour faire de l’investissement un véritable moteur de développement économique et social et d’intégration régionale et continentale au service de l’Afrique, mettant en exergue les approches inclusives dans lesquelles le Maroc s’est engagé pour faire face aux nombreux défis actuels et futurs auxquels fait face le continent. Le Souverain a cité, à ce titre, les projets de mise en place d’unités de production de vaccins, de construction d’usines de production d’engrais et de fertilisants, visant respectivement à assurer la souveraineté sanitaire et alimentaire du continent, ainsi que le travail engagé pour l’accélération de l’inclusion financière du continent, ou encore les projets visant à renforcer la souveraineté énergétique du continent, notamment à travers le projet de gazoduc Nigeria-Maroc. Pour faire face aux enjeux et aux défis majeurs auxquels le continent africain se trouve confronté, SM le Roi a appelé à tout mettre en œuvre pour «accélérer les démarches volontaristes et concertées en matière d’investissement, pour répondre aux aspirations légitimes de nos peuples de manière durable».
Trois accords et une lettre d’intention signés
Trois accords ont été signés à l’occasion de la première édition du Forum africain des investisseurs souverains (Africa Sovereign Investors Forum-ASIF), tenu au Maroc, les 20 et 21 juin 2022. Ainsi, un protocole d’accord de création de l’ASIF a été conclu par Ithmar Capital et des fonds souverains africains. Ce protocole consolide et accélère les principes clés de la déclaration conjointe, fixe une feuille de route ambitieuse et des objectifs clairs et organise la gouvernance entre les membres. Il s’agit aussi de la signature d’une lettre d’intention entre la Banque africaine de développement (BAD), Africa50 et ASIF, pour la coopération autour des sujets d’identification et de préparation de projets, la mobilisation de capitaux pour la préparation et la réalisation des projets, et la coopération pour le développement des compétences et expertises. En outre, Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), ADQ des Émirats Arabes Unis, Kuwait Investment Authority (KIA), et ASIF ont signé la déclaration de Rabat et ce, en guise d’expression de soutien à l’initiative ASIF. A cette occasion, le Directeur Général d’Ithmar capital et président d’ASIF, Obaid Amrane s’est dit convaincu qu’ASIF «pourra répondre à de nombreux challenges auxquels les investisseurs internationaux font face, en ce qui concerne l’investissement en Afrique et permettra certainement d’ouvrir les opportunités pour un impact positif sur le continent et ses aspirations pour un futur meilleur». Pour sa part, le CEO d’ADQ, Mohamed Hassan Alsuwaidi, a relevé que «l’Afrique se dote d’un potentiel économique important et que l’initiative va renforcer les liens existants et permettra d’explorer de nouvelles opportunités avec les partenaires potentiels en Afrique pour ADQ et ses sociétés de portefeuille». De son côté, le Directeur exécutif d’ADIA, Khadem Al Remeithi, a affirmé que «le Forum des Fonds souverains africains, constitue une nouvelle plateforme solide permettant de donner accès à des opportunités d’investissement importantes, et de mobiliser ainsi des capitaux, en faveur du continent». Ghanem Al-Ghenaiman, CEO de Kuwait Investment Authority a, quant à lui, fait savoir que la création dudit Forum se veut une opportunité pour le Fonds souverain koweitien, afin de renforcer davantage son offre d’investissement en Afrique.
De par sa population jeune, le continent africain a plus que jamais besoin de créer des emplois, objectif qui passe impérativement par des investissements ciblés, durables et responsables.
M. Lourhzal
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Il a déclaré au Reporter
Driss Effina, économiste et chercheur en développement
«Diversifier les économies africaines, encore fragiles»
«L’Afrique recèle un potentiel économique substantiel. Le Forum des investisseurs souverains africains est une plateforme solide qui a le potentiel de débloquer d’importantes opportunités d’investissement au profit de l’Afrique. Ce Forum peut relever un certain nombre de défis auxquels les investisseurs sont confrontés lorsqu’ils envisagent d’investir dans le continent africain. Il faut désormais diversifier les économies africaines, encore fragiles. C’est seulement de cette façon que les pays du continent pourront financer leur propre croissance.
D’un autre côté, il faut rappeler que l’ancrage du Maroc en Afrique revêt un aspect économique, social et humain de plus en plus prééminent. C’est là le résultat d’une stratégie globale à l’adresse du continent, engagée depuis plusieurs décennies, cet engagement s’est renforcé de manière considérable au cours des dernières années».