Liberté, dites-vous !

Abdelhak Najib Lr

Ne vous leurrez pas. Il ne suffit pas de cliquer sur un bouton pour croire que le mot liberté est engagé. Il ne suffit pas de se planquer derrière un clavier pour se dire que tout est permis et que tout est bon à déblatérer.

Il ne suffit pas non plus de se dire que la toile est un Free and Open Space, et que vas-y que je t’enfume avec des âneries. Tout comme il ne suffit pas de considérer les réseaux sociaux comme un Duty Free et que l’on peut foncer à charger son cadi en calomnies, injures et autres bêtises de cet acabit et de les balancer à la gueule du monde.

Cette immense, sinueuse et dangereuse toile a donné l’occasion aux plus cons, aux plus débiles, aux plus médiocres, à tous les nazes de ce monde de se prendre pour des lumières. Umberto Eco n’avait pas tort, à ce propos. Tout le monde se permet tout. Tout le monde est médecin. Tout le monde est coach. Tout le monde est journaliste. Tout le monde est politologue. Tout le monde est sociologue. Tout le monde est anthropologue. Tout le monde est psychologue. Tout le monde est analyste de quelque chose dont il croit maîtriser les tenants et les aboutissants. Tout le monde est astrophysicien. Tout le monde est philosophe. Tout le monde est psychiatre. Tout le monde est penseur. Tout gribouilleur à la petite semaine se prend pour James Joyce. Tout le monde est chaman. Tout le monde est guérisseur. Tout le monde est champion de tout, et toutes catégories confondues, s’il vous plaît. Oui. Rien que cela.  Cela peut être bon de démocratiser la connerie.

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Pourquoi pas ? Mais, à un moment donné, il faut être sérieux. Il faut poser son cul par terre et réfléchir un bon coup. Ceci pour ceux qui ont encore de la matière grise dans la caboche. Parce que pour beaucoup, ces Viel zu viele, c’est peine perdue. À la place des méninges, ils ont de la crasse, de la poussière et beaucoup de haine, de rancœur et surtout aucune espèce de savoir de rien. Oualou. Nada. Que dalle. Vide aérien. Aucun espoir. Et comme le dit un sage qui, lui, n’écrit rien sur les réseaux sociaux, quand la connerie épouse l’audace, c’est foutu. Il faut tout jeter aux toilettes et tirer fort la chasse. Parce que je vous le dis aussi cru que ça vient: je n’en ai strictement rien à foutre de qui baise qui. Cela ne concerne que ceux qui ont un souci au niveau de la braguette. Je n’en ai rien à foutre de qui sort avec qui. Je m’en contrebalance de qui mange quoi, de qui va là où il veut, de qui chie et nous le dit comme si c’était le plus grand exploit du monde. I don’t give a shit de qui prend un avion et nous l’indique comme si c’était Nikola Tesla qui est revenu de là où il est pour nous dire qu’il va quelque part inventer l’électricité gratuite. Ceci pour le bas de gamme. Allons au plus corsé. Certains, encore une fois beaucoup trop nombreux, n’ont rien à foutre que d’espionner la vie des autres.

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Ragots, médisances, calomnies gratuites et vas-y que l’on balance sur le compte des autres. Putain de merde, vivez un peu. Mêlez-vous de vos merdes. Nettoyez en face de chez vous, et parfois passez un bon coup de Karcher bien profond dans l’enceinte de votre cerveau, parce que c’est de là que vient la merde et la crasse. La vie des autres, cela regarde les autres. Vos jalousies, vos ressentiments, votre haine de voir les autres fare ou réaliser des choses ne les empêcheront pas d’avancer. Au contraire, pour les plus rôdés à la crasse humaine, plus on est jalousé, plus on est insulté et poignardé dans le dos, plus on est galvanisé pour aller plus loin, plus haut et plus fort.

Moralité de l’histoire, il faut savoir fermer sa gueule quand on n’a rien d’important à dire. Ensuite, vivre et oublier la vie des autres. Et surtout se laver les mains de cette race de cons qui a découvert la parole avec des gadgets soi-disant Smart.

Abdelhak Najib

Écrivain-journaliste

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