L’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Bernardino Leon (photo), a mis en garde la communauté internationale sur la situation dans le pays: «Si on ne démarre pas rapidement un véritable dialogue politique, en Libye, ce qui est certain, c’est que le pays serait un champ ouvert pour l’Etat islamique qui pourra déployer, ici aussi, ses menaces. Il y a des contacts permanents entre les troupes de l’Etat islamique et des groupes héritiers d’Al-Qaïda en Libye. Les premiers miliciens sont déjà là, après avoir combattu en Syrie et en Irak. Ils n’ont besoin que d’une chose, à savoir la continuité du chaos actuel et du manque de contrôle politique; après, ils sauront quoi faire. Il leur suffira de réorganiser les hommes sur le terrain et opérer un transfert de marque pour qu’on assiste à une nouvelle radicalisation».
Le pouvoir, désormais en exil dans l’est du pays, a annoncé son soutien à l’offensive du général Khalifa Haftar (soutenu par l’Égypte), initiateur de l’«opération Dignité» dont le but est de reprendre Benghazi, principale ville de Cyrénaïque, des mains des islamistes.
Malgré la guerre qui fait rage dans tout le pays (le sud est aussi le théâtre d’affrontements pour le contrôle de la contrebande dans le désert), le Premier ministre libyen s’est rendu à Malte pour discuter de l’immigration clandestine avec les autorités du pays (la Libye est devenue la plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe) et surtout pour rencontrer l’ambassadrice étasunienne qui a dû se replier «provisoirement» avec son équipe sur l’île, après que les islamistes se sont emparés de Tripoli.
Patrice Zehr