Pour le journal italien La Repubblica, c’est un geste éloquent, «une manœuvre politique qui révèle parfaitement le soutien de Paris à l’offensive de Khalifa Haftar contre Tripoli».
Selon le quotidien italien de centre gauche, dans la nuit du 10 au 11 avril, «la France a bloqué un projet de déclaration de l’Union européenne qui aurait demandé au maréchal Haftar de cesser l’offensive contre la capitale de la Libye». Pour rappel, le 4 avril, Haftar a lancé une offensive contre Tripoli où siège le gouvernement d’union nationale, guidé par Fayez Sarraj et reconnu par la communauté internationale.
A Tripoli et ses alentours, plusieurs témoins décrivent une situation de blocus avec des routes bloquées par des barrages de sable et contrôlées par des hommes armés. Les civils ne peuvent plus se déplacer librement. Certains habitants de Tripoli échangent, de manière informelle via les réseaux sociaux, des tuyaux concernant les voies ouvertes. Et les civils, traumatisés par les précédentes crises de ce type, anticipent d’éventuelles coupures d’eau et d’électricité.
Même réflexe d’anticipation de la part des organisations humanitaires qui distribuent des vivres aux populations. «Nous avons pu pré-positionner des kits de premiers secours pour blessures de guerre et ça, ce sera suffisant pour traiter une centaine de blessés, rapporte Françoise Lambert, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge. Et puis aussi nous assurons des distributions. Ces deux derniers jours, par exemple, nous avons pu distribuer de la nourriture, des produits de première nécessité, pour que les gens puissent recommencer un petit peu à vivre et puis des kits pour l’hygiène. Tout ça pour 900 personnes».
Les observateurs de cette crise partagent une inquiétude: celle de voir ces combats se prolonger dans la durée.
L’Union européenne a évacué les membres de son équipe d’assistance.
L’insécurité touche aussi les nombreux réfugiés et migrants qui transitent par la Libye pour se rendre en Europe. En milieu de semaine, le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés a pu évacuer 150 d’entre eux qui étaient enfermés de manière illégale dans un centre de détention d’Ain Zara, au sud de Tripoli.
LR