Les Américains ont pris des contacts avec l’est-Libye et cela conforte le maréchal al Aftar qui ne cesse de marquer des points.
Le mercredi, 5 juillet, il a proclamé la «libération totale» de la ville de Benghazi, où ses troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL) combattaient des groupes «révolutionnaires» -composés de djihadistes, mais pas exclusivement- retranchés dans quelques bastions résiduels. Cette bataille de Benghazi avait commencé au printemps 2014, lorsque Khalifa Haftar (ancien proche de Mouammar Kadhafi devenu dissident en exil aux Etats-Unis, avant de prêter son concours à la révolution de 2011) avait déclenché l’offensive baptisée «Karama» («Dignité») contre des groupes islamistes radicaux qui s’étaient livrés à une campagne d’assassinats dans la métropole de l’est libyen. Trois ans plus tard, le hiérarque militaire, nommé depuis maréchal par l’Assemblée repliée à Tobrouk, émerge comme un vainqueur incontestable, mais au prix de destructions et de victimes civiles dénoncées comme des «crimes de guerre» par ses adversaires.
L’ascension de Haftar aiguise le dilemme diplomatique auquel sont confrontées les chancelleries occidentales. En témoignent les controverses qui ont éclaté dès le lendemain de l’annonce de la «libération» de Benghazi. La mission des Nations Unies pour la Libye et l’ambassadeur britannique en Libye, Peter Millett, ont salué dans un langage quasi identique la «libération» de Benghazi comme «l’espoir» d’une première étape vers «la paix». La formule a été peu appréciée par les adversaires du maréchal Haftar, surtout concentrés à Tripoli et Misrata (ouest). Abderrahmane Souihli, figure politique de Misrata et président du Conseil d’Etat, une institution associée au gouvernement d’«union nationale» siégeant à Tripoli, a dénoncé le commentaire de M. Millett comme un «feu vert» donné au «voyou» Haftar pour «attaquer» Tripoli.
Patrice Zehr