Oujda, c’est cette ville frontalière où beaucoup de Français élisent domicile parce que, pour eux, il fait bon être dans le grand Oriental marocain.Elle est liée depuis 2005 à Lille (France), qui représente le grand Nord, par un jumelage inédit, dont le bilan vient d’être fait.
C’est à cette occasion que Martine Aubry, maire de Lille, s’est rendue à Oujda à la tête d’une forte délégation. Probablement plus connue à Oujda que le maire de la ville, elle déploie des efforts considérables pour booster ses relations inter-villes et en faire profiter les populations des deux rives dans un esprit de continuelle aide à «vivre ensemble», de fraternité et de solidarité. Principes que Martine Aubry a déclinés au-delà des frontières de Lille, jusqu’à la ville d’Oujda où les habitants lui portent beaucoup d’affection en retour.
Ce sont d’ailleurs ces efforts et tout le dévouement envers le développement humain dans cette région marocaine qui lui ont valu ce titre de Docteur honoris causa de l’Université Mohammed 1er. Un geste de reconnaissance par cet établissement, certes, mais aussi par toute la population d’Oujda marquée par l’implication volontaire et inconditionnelle de Martine Aubry dans le développement des partenariats avec la région de l’Oriental. «Ce titre constitue une consécration de cette personnalité exceptionnelle pour l’excellence de son niveau académique dans le domaine des sciences politiques et un couronnement de l’expérience, incontestablement très riche, qu’elle a cumulée durant les hautes fonctions qu’elle a exercées. C’est aussi une reconnaissance de notre université pour l’importante contribution de Mme Aubry dans le dialogue et la réconciliation entre les civilisations et les peuples, mais également ses patentes positions sur les questions et les préoccupations de la communauté marocaine vivant en France, sans oublier le rôle de premier plan dans le jumelage de Lille avec Oujda et dans le renforcement de la coopération entre les Universités de Lille et notre Université», a dit, à cet effet Abdelaziz Saddok, ex-président de l’université.
Bilan d’un jumelage
Le jumelage entre Oujda et Lille a permis de développer au cours de ces années d’importantes coopérations en matière d’urbanisme, de développement social des quartiers, d’enseignement, de recherches universitaires (diplômes communs), de relations entre entreprises et de développement culturel, outre la création d’un Office du tourisme durable à Oujda et la mise en place dans les quartiers de coopératives génératrices de revenus.
Ainsi, sur le plan urbain, les échanges entre les experts des deux villes sur les enjeux urbains ont permis un véritable apport sur certains projets, tels que l’aménagement des places de la ville, la création du centre d’affaire «Oujda City Centre» et la revitalisation de la médina.
Des expériences pilotes en matière de coordination
Au-delà d’une volonté politique réelle -marquée en 2010 par l’installation d’un correspondant technique permanent à Oujda-, la diversité des projets de coopération développés et envisagés dans la région d’Oujda est réelle. Ceci appelle nécessairement une coordination entre les acteurs. Cette coopération se décline à travers des expériences novatrices. Ce qui fait que tous les projets de coopération développés par la ville de Lille impliquent un volet de renforcement des capacités visant à favoriser l’appropriation des projets par les partenaires. Ceci est complété par la sensibilisation aux questions de bonne gouvernance et l’appui à la mise en place des processus de démocratie participative. À cela s’ajoute la signature, en octobre 2008, d’une charte de coopération décentralisée avec les autres collectivités (la région Champagne-Ardenne, la ville d’Aix-en-Provence et le conseil général de Seine-Saint-Denis) agissant dans la région de l’Oriental et la création de la plate-forme Lille-Oujda qui fédère l’ensemble des habitants, acteurs associatifs, institutionnels et privés de la société lilloise ayant envie de s’impliquer dans le partenariat. Cette plate-forme, réunissant près de 80 acteurs, permet de mettre en place des «groupes-projet» afin de créer et de poursuivre un véritable dynamisme entre citoyens lillois et oujdis dans des thématiques telles que la culture, l’économie sociale et solidaire, l’échange-citoyen, l’université et le développement du territoire.
DNES à Oujda, Hamid Dades
Parcours Née à Paris en 1950, la fille de Jacques Delors est diplômée de l’ENA en 1975. Elle occupera ensuite différents postes au ministère des Affaires sociales et du Travail entre1983 et 1987. |