Le débat sur l’indexation, devant la Commission des finances à la Chambre des représentants, a été l’occasion pour l’opposition de reprocher à la majorité sa mauvaise gestion des affaires publiques et l’absence de dialogue avec ses composantes.
Acculé à la défensive, lors de la réunion de la Commission des finances à la Chambre des représentants, le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Najib Boulif, a sorti toutes ses armes pour convaincre les députés de l’opposition que l’impact de la répercussion des prix des produits pétroliers sur le pouvoir d’achat des Marocains ne serait pas aussi grand qu’on le pensait. La décision gouvernementale de l’indexation voulue partielle serait plutôt une décision politique… C’est sur ce volet d’ailleurs que le ministre PJD a dû faire face à un véritable tir groupé des parlementaires de l’opposition.
Eviter toute surenchère
D’emblée, le ministre Boulif a tenu à remettre les pendules à l’heure en se justifiant. Il a commencé par nier le fait qu’il évitait les parlementaires. En fait, a-t-il précisé, «je n’ai pas été appelé devant la Commission de l’agriculture, contrairement à ce qui a été répercuté par les médias». Ce qui lui a fait dire qu’il fallait éviter toute surenchère politique sur le dossier de la Caisse de compensation, parce que cela nuirait inévitablement au pays du fait que l’approche nationale et internationale s’associent pour reconnaître que cette Caisse a un impact sur l’économie.
Accusés, levez-vous!
La réunion de la Commission parlementaire des finances a tourné en procès du programme gouvernemental et particulièrement de la gestion du PJD. C’est l’ancien allié, l’Istiqlal qui, le premier, a ouvert le feu en tirant à boulets rouges par la voix du chef du groupe des amis de Hamid Chabat, en l’occurrence Noureddine Modyane, dont on rappelle encore sa défense du programme du gouvernement dont il faisait partie avant que l’Istiqlal ne claque la porte de la majorité. Il a commencé par réfuter la vision du ministre Boulif qui a estimé que l’indexation est en fait le prélude à la réforme de la Caisse de compensation. Comment, a dit le chef du groupe istiqlalien à la Chambre des représentants, le gouvernement peut-il se targuer de faire pareille réforme seul, sans consulter l’opposition, sachant pertinemment que l’économie du pays ne repose pas sur la seule Caisse de compensation? Quel rôle pour l’opposition, alors que la décision de l’indexation a été prise et que son application allait suivre?
Un dialogue franc
Même son de cloche au groupe PAM (Parti Authenticité et Modernité). Abdellatif Wahbi a reproché au gouvernement de prendre seul les décisions sans impliquer l’opposition, tout en précisant que son parti ne cherchait pas à faire de la surenchère concernant la hausse des prix des carburants. «Nous voulons ouvrir un dialogue franc sur les questions importantes. Nous sommes prêts, non pas pour nous rapprocher de vous, mais plutôt pour le bien du pays». Et Wahbi d’aller droit au but: «Le gouvernement ne dispose pas d’une vision économique. Si oui, alors qu’en avez-vous réalisé depuis que vous êtes au pouvoir? Quelle valeur ajoutée?».
Le gouvernement lâché par ses alliés
Lors de la réunion de la Commission des finances à la Chambre des représentants, la majorité, le PJD en tête, s’est retrouvée au banc des accusés, bombardés par une opposition décidément à l’aise dans son rôle. Force est de constater que le gouvernement a été lâché même par les siens. Bien plus, il a fait profil bas après avoir été quasiment «charcuté» par l’Istiqlal et le PAM. «Nous ne pouvions faire autrement», nous a avoué un député Haraki.