L’INDH pour lutter contre l’exclusion des jeunes

Rachid Belmokhtar

Entretien avec Rachid Belmokhtar

Pour Rachid Belmokhtar, président de l’Observatoire national du développement humain, l’INDH a réalisé des résultats positifs. Il y a des réussites et des succès, même s’il y a encore des efforts à fournir.

Quel est l’impact de l’INDH?

Si l’INDH n’existait pas, il faudrait la créer (rires). L’impact de l’INDH par les travaux que nous avons faits (NDLR: table ronde sur le thème de  »l’INDH et la participation citoyenne ») a montré de manière très claire qu’en général, l’INDH a eu un impact positif sur le revenu des ménages. C’est clair!

Et du point de vue analytique?

Quand on analyse les choses de manière approfondie, on voit que cet impact a beaucoup plus profité à ceux qui sont dans la moyenne, plutôt qu’à ceux qui sont considérés comme pauvres. Ceux-là, leur revenu ne s’est pas amélioré.

Que faut-il faire pour dépasser cette situation?

Il faut un effort particulier vis-à-vis de cette population.

Et en zones urbaines?

En zones urbaines, les choses sont beaucoup plus difficiles.

Pour quelle raison?

Parce que beaucoup de facteurs interviennent. Et puis, il y a des interférences entre les différents acteurs.

Avez-vous relevé du positif quand même?

Il y a, bien entendu, du positif et c’est au niveau de la mesure de la pauvreté multidimensionnelle que nous avons faite que l’on montre qu’il y a des effets positifs, dans le rural comme dans l’urbain.

Quel est l’apport, concernant l’évolution de la mentalité des populations?

Les mentalités sont en train de changer. Il y a maintenant cette propension à travailler ensemble, que l’on voit d’ailleurs avec la création des coopératives et des associations. Donc ça, c’est déjà quelque chose, ce sont de nouveaux facteurs et c’est bien.
Il y a d’autres facteurs qu’il faudrait analyser. Les gens -et c’est tout à fait normal- n’ont pas encore pris conscience de l’importance de prendre des initiatives, des risques aussi.

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D’où vient tout cela?

Ceci vient de la culture dans laquelle ils sont. Ils étaient dans une culture où ils demandaient, plutôt que dans celle où ils s’engageaient.

Comment changer et améliorer cette situation?

Je pense que tout cela va prendre un peu de temps, mais ça va finir par venir.

Qu’est-ce qui vous rend si confiant?

Tout simplement parce qu’il y a des succès, des réussites et que les gens commencent à voir que d’autres comme eux ont réussi.

Ça leur donnera des ailes…

Ça leur donnera plutôt des idées et ils vont dire: pourquoi pas moi? Je pense que l’on créera à ce moment-là une entreprise qui est nécessaire pour faire plus et mieux et pour que les gens cherchent eux-mêmes à évoluer, à s’améliorer et à devenir des citoyens participants.

Les Africains ont commencé à importer l’initiative marocaine qu’ils jugent novatrice et porteuse d’espoir.

Il n’y a pas que les Africains. J’étais moi-même en Chine populaire, sur invitation de l’Unicef. J’ai présenté notre expérience avec ses qualités et ses insuffisances. Il y a eu une très bonne réaction de la part de nos amis chinois qui s’occupent de la pauvreté et de son impact sur la jeunesse. Ils nous ont dit qu’ils envisagent d’organiser une visite au Maroc pour voir l’expérience que nous sommes en train de mener au niveau de l’INDH et comment celle-ci peut lutter contre l’exclusion des jeunes.

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Comment passer de populations concernées à populations impliquées?

Pour ce faire, il faut que l’on puisse aller vers une solution où leurs demandes soient prises en considération.

Comment cela?

Il y a un déficit, je dirais de départ, à savoir la capacité de communiquer sur laquelle il faut, à mon sens, faire beaucoup de travail et d’innovation. Il y a aussi le fait que les gens sont en retrait, parce qu’ils pensent que ceux qui dirigent sont plus éduqués qu’eux et donc, en quelque sorte, ils se retrouvent un peu dans une situation, je dirais de suiveurs. Et quand on leur dit voilà ce qu’il faut faire, ils n’osent pas dire non. Ce n’est pas ce que je veux…

Quel rôle pour les responsables pour changer et orienter cette mentalité?

Il faut que l’on arrive maintenant à ce que les responsables les poussent à se dire eux-mêmes ce qu’ils souhaitent faire et, à partir de là, à créer des projets bien à eux. Dans ce cas, leur possession du projet sera plus forte.

Que souhaitez-vous à l’INDH?

(Rires) Eh bien, pleine réussite et que ça continue!

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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