L’ingérence de trop de ma belle-mère

Awatef, 28 ans, fonctionnaire, sans enfants, est mariée. Son ennemie jurée, c’est sa belle-mère. Cela fait un an qu’elle résiste à tous ses stratagèmes pour lui pourrir la vie, le dernier en date: lui faire porter le foulard…

«Je ne sais pas où j’ai pu puiser ma patience durant ces douze mois, mais maintenant, l’étau se resserre autour de ma gorge, j’étouffe, au secours! C’est grave parce que j’en suis arrivée à ne plus supporter mon mari. Et puis, j’aurais pu continuer de lutter s’il n’avait pas tout le temps eu cette affligeante indifférence devant les agissements de sa «maman». C’était plus qu’il n’en fallait, c’était ou moi ou sa mère. J’ai la conviction qu’il m’aurait sans doute été plus facile de défendre mon mariage contre une femme qui aurait jeté son dévolu sur mon mari que de me protéger de ma belle-mère.
Mon mari et moi, nous nous sommes fréquentés durant trois années avant de nous marier. Nous étions en couple, mais pas vraiment prêts pour rendre légale notre union. Tous les deux étions étudiants, sans situation stable pour envisager quoique ce soit.

Ni lui, ni moi n’étions assez mûrs pour envisager la vie à deux. Nous avons poursuivi nos études, nous avons trouvé un emploi stable et puis, finalement, nous nous sommes mariés. Comme toutes les belles-filles qui veulent garder leur mari, je prenais mille et une précautions pour ne jamais froisser ma belle-famille. Je crois que c’était une très grosse erreur, parce que tout cela a été mal interprété, surtout par ma belle-mère. Je me souviens que dès le départ, elle ne m’avait pas vraiment portée dans son cœur. Au cours de nos premières présentations, elle n’avait pas eu d’effusions, ni de tendresse à mon égard. Elle m’avait reçue poliment, mais je sentais son regard dur et froid me détailler. Je n’en ai pas dit un mot, j’essayais de ne pas gâcher mon bonheur avec des impressions et pressentiments. Puis par la suite, elle ne s’était pas gênée à l’occasion de nos fiançailles officielles, chez mes parents. Elle tirait la gueule et n’avait pas pipé un seul mot durant toute la soirée. Il n’y avait que mon mari qui paraissait heureux. Pourtant, mes parents avaient mis tout le monde à l’aise, même si mon père n’était pas très convaincu par mon choix. Mon père aimait bien mon mari, mais l’attitude de sa mère ne lui avait pas échappé. Il m’avait dit seulement qu’il n’aimait pas notre empressement à vouloir aussi vite établir un contrat de mariage. Et puis, il y a eu d’autres incidents, heureusement sans grande importance. Mais à mon avis, ma belle-mère, maintenant que je la connais, n’avait pas eu d’autre choix que d’accepter ce mariage et qu’il se déroule au plus vite. Une autre jeune fille, la cousine de mon mari, le convoitait et ma belle-mère pour rien au monde n’aurait approuvé cette alliance. Notre mariage s’est déroulé sans problème, nous nous sommes installés dans notre maison. Ma belle-mère, comme un cadeau empoisonné, y a également élu domicile. Elle se fichait complètement de son mari qui se plaignait de son absence. Elle prétextait qu’il vieillissait mal et qu’être chez nous lui procurait de la sérénité. Moi, je ne pouvais m’opposer à sa décision, encore moins mon mari. Au bout de quelque temps, la situation était devenue complètement grotesque, nous n’avions plus aucune intimité. Nous travaillions comme des fous toute la semaine, nous n’avions que le week-end, au lieu de nous reposer et faire ce que bon nous semblait. Il nous fallait exécuter son programme, l’écouter nous faire des reproches sur nos habitudes et nos manies. Moi, dépitée, je faisais semblant d’être heureuse pour que mon mari soit parfaitement convaincu de mon amour pour lui. Je jouais un jeu dangereux, ma belle-mère en était bien consciente et me le faisait cher payer. Petit à petit, elle avait fini par me laisser en dehors de toute décision qui concernait mon couple. Mon mari ne se concertait pas avec moi mais avec elle, en premier et pour tout.
La stabilité de mon couple s’est mise à tanguer lorsqu’elle a été jusqu’à lui mettre en tête que mon habillement n’était pas celui d’une femme respectable et qu’il fallait que je change d’aspect. Il n’était même plus question que je me mette du rouge à lèvres, ni du vernis à ongles…
Un soir, mon mari, sans se soucier des conséquences, a eu le toupet de me demander de porter le foulard, parce que sa mère lui avait dit que mes cheveux attiraient l’attention des hommes. Je n’ai pas accepté, parce que ce n’était pas dans mes convictions, ni n’était pratique pour moi.
J’ai aussitôt fait mes valises. Il était hors de question que je continue de laisser faire ma belle-mère. Elle devait s’en aller chez elle, s’occuper de son propre mari et me laisser tranquille avec le mien, même si c’est son fils. Mon mari n’a pas encore tenté la réconciliation, je crois que tout se complique, mais je ne capitulerai pas!».

Mes voisins sados masos

Mariem Bennani

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