Entretien avec Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des Mines, de l’eau et de l’Environnement
Entretien
Vous venez de lancer trois plates-formes de dialogue et de coopération en matière d’énergie, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Quels avantages pour le Maroc?
Pour le Maroc, c’est très important, parce qu’il s’agit là d’une consécration de ce que notre pays a toujours prôné depuis plusieurs années, plus particulièrement durant ces derniers mois.
Je dois l’avouer, nous avons matraqué nos partenaires européens, concernant l’intégration des marchés énergétiques. Nous sommes aussi clairs que logiques avec nous-mêmes. Nous ne pourrons pas parler de partenariat stratégique et solide si nous n’intégrons pas les marchés électriques. Intégration d’ailleurs profitable à l’ensemble des pays. C’est un véritable cheval de bataille. Or, dans ce domaine précis, l’intégration que nous avons proposée est tout à faire en phase avec ce qui se passe actuellement à l’international.
Quelles sont vos exigences dans ce domaine?
Nous voulons qu’il y ait une intégration des marchés électriques. Donc, ça passe inéluctablement, d’abord, par les interconnexions physiques, ensuite, par la convergence réglementaire, législative et organisationnelle.
Qu’est-ce que vous gagnez avec ces trois plates-formes?
Nous gagnons une plate-forme qui sera dédiée à l’intégration du marché électrique et aux interconnexions.
Et les énergies renouvelables?
Le deuxième aspect, c’est justement les énergies renouvelables. Le Maroc n’a pas attendu. En ce qui nous concerne, nous faisons notre travail dans le cadre de notre feuille de route énergétique. Donc, le fait qu’il y ait une plate-forme pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique permet de donner un coup de pouce aux énergies renouvelables au Sud et au Nord. Ça fera des économies: transfert de savoir et, du coup, les coûts vont baisser. Tout cela sera de toute évidence profitable à notre pays.
Qu’en est-il de la troisième plate-forme?
Elle concerne le gaz naturel. Il se trouve qu’il y a quelques mois, nous avons lancé la feuille de route sur le gaz naturel. C’est un produit structurant et d’envergure qui nous permet d’avoir bien entendu du gaz naturel, donc de l’utiliser de manière massive -parce que nous ne l’utilisons pas encore au Maroc de manière massive- et ça nous permettrait de sceller un bon mariage avec les énergies renouvelables.
Pourquoi le choix de Rabat pour le lancement des trois plates-formes?
Le choix est très important. Il vient consacrer, si besoin est, le fait que le Maroc jouit d’une notoriété régionale et internationale dans ce domaine. De ce fait, la rencontre à Rabat a été minutieusement préparée.
Quel est l’apport de l’Union Européenne dans la concrétisation de cette initiative?
L’Union Européenne est un grand consommateur d’énergie, mais aussi un détenteur de technologie, d’investissement et de fonds. On ne peut pas imaginer pouvoir faire quelque chose dans le portillon méditerranéen sans vraiment que l’UE ne s’y associe de manière énergique et forte.
Les effets de la crise ont-ils facilité les choses?
L’adage arabe ne dit-il pas: «Les problèmes des uns peuvent être bénéfiques aux autres»? Il y a eu la crise ukrainienne et la crise du gaz russe qui ont incité les Européens à considérer davantage cette problématique. Donc aujourd’hui, les choses se prêtent assez bien à ce que nous remettions à plat les données énergétiques nouvelles, les nouveaux caps auxquels nous ambitionnons d’arriver et comment nous pouvons travailler ensemble entre les pays qui sont producteurs et consommateurs, entre de nouvelles donnes sur l’approvisionnement, par exemple.
Interview réalisée par Mohammed Nafaa