C’était l’Eldorado vers lequel tous les regards du Sud étaient tournés.
En quelques années, les extrêmes droites, la xénophobie assumée, l’islamophobie exacerbée et les politiques politiciennes anti-immigration ont tout changé…
Il y a quelques années encore, c’est des étoiles plein les yeux que le Sud regardait vers l’Occident…
L’Occident, c’était tant de rêves à la fois. Le rêve de la liberté.
L’Occident l’incarnait. Comme il incarnait l’espoir.
La liberté du choix de style de vie, la liberté d’expression, la liberté en tout et de tous les instants.
«Denrée» rare dans les pays du Sud où, soit des dictateurs à la tête de l’Etat, soit des gardiens du Temple des dogmes multiséculaires, soit encore l’étau de la société, ou celui de la famille, étouffaient cette liberté jusqu’à son dernier souffle.
Quel espoir nourrir dans ces pays ? Alors que l’Occident paraissait comme un vaste champ de tous les possibles, où la course à la chance ne connaîtni limite d’horizon, ni plafond de verre.
Aux Etats-Unis, ne disait-on pas que «Le ciel est la seule limite» ?
Et en Europe, combien de citoyens du Sud ont débarqué avec leurs seuls rêves et espoirs pour capital, enchaînant les petits «boulots» parmi les plus rebutants, parfoismême commençant par dormir sous les ponts, avant de se frayer un chemin jusqu’aux plus hautes marches de la célébrité ?
L’attrait de l’Occident était tel que presque tous ceux du Sud étaient prêts à risquer leur vie pour y accéder…
Beaucoup l’ont fait ; et beaucoup ont été utiles là où l’Occident les a accueillis.
Beaucoup ont même donné leur vie, non pas en tentant d’assurer leur survie en Occident, mais en tentantd’assurer la survie de l’Occident…
Il n’est que de se souvenir de toutes ces guerres où ceux du Sud étaient en 1ère ligne sur le Front (guerres mondiales, guerre du Vietnam, etc).
Aujourd’hui, regarde-t-on toujours l’Occident avec les yeux de Chimène ?
La réponse est…Non. Même si les boat people continuent d’affluer vers cette Méditerranée devenue un cimetière à ciel ouvert, chargés de désespérés d’Afrique ou d’ailleurs arnaqués par des passeurs sans foi ni loi ; ou que les assauts contre les hautes grilles de Ceuta et Melillia s’organisent encore régulièrement…
Le rêve et l’espoir d’une vie meilleure sont toujours là (honte aux gouvernants qui, au 21ème siècle, n’arrivent toujours pas à assurer une vie décente à leurs ressortissants !).
Les causes de l’émigration, non seulement n’ont pas disparu, mais elles ont empiré: aux causes politiques se sont ajoutées les causes climatiques. On émigrait pour échapper aux dictatures, aux guerres, à l’absence d’ascenseur social… Depuis quelques années, on émigre pour échapper à la sécheresse, à la famine, à l’eau potable qu’on ne trouve plus pour étancher sa soif, au sol qui se craquelle sous les pieds à perte de vue…
Il reste donc des désespérés qui n’ont pas d’autre choix que de regarder vers ailleurs. Mais quand bien même cet ailleurs reste l’Occident, ce n’est plus bercé de rêves que l’émigré s’y risque.
L’Occident ne veut plus de l’immigré chez lui. Les extrêmes droites ont dit pourquoi. Elles l’ont dit violemment, le répétant à l’envi et joignant de plus en plus l’acte à la parole.
Elles ont désigné clairement leur cible. Ce n’est pas n’importe quel immigré, c’est l’immigré musulman et/ou africain et/ou maghrébin.
Les discours anti-immigration font recette auprès des nationaux «de souche» (Le RN en France a récemment ajouté ce cran à la barre des discriminations. Les binationaux ne sont pas considérés comme des «Français de souche». Ils sont un cran au-dessous et le RN ne les voyait pas occuper des «postes stratégiques»)… Alors, on en déploie à qui mieux mieux…
Des discours désormais décomplexés, on appelle ça «la parole libérée». Haro sur tous ceux qui ne sont pas «de souche» ! Sue à l’immigré ! Des cris de guerre qui rapportent gros en nombre de voix… Donc, surenchère et politique politicienne à volonté… Des voix, il faut des voix. C’est la seule voie vers le Pouvoir. Il faut alors donner de la voix, devenir le «parangon» de la xénophobie assumée, de l’islamophobie exacerbée…
Et cela se répand dans tout l’Occident.
Même en Amérique, qui était donnée en exemple pour son «vivre ensemble», où un Chinois aux yeux bridés, un Africain à la peau noire, ou un Arabe au teint basané, pouvait proclamer haut et fort «je suis citoyen américain» sans que le moindre sourcil ne se fronce, aujourd’hui arrive un candidat Trump qui, lui aussi, se saisit du thème de l’immigration le plaçant au même plan que son «America First !»…
Ne parlons même pas de cet Occident du «deux poids deux mesures», grand défenseur des droits de l’homme devant l’éternel, qui après 9 mois de guerre à Gaza et des milliers de morts, ne montre aucune capacité (volonté ?) de substituer aux bombardements des négociations de paix.
Mais si, à force d’humiliation et de rejet, l’Occident ne faisait définitivement plus rêver, qui pour le supplanter dans l’imaginaire sublimé des populations du Sud ? La Chine ? La Russie ?
Ceux qui veulent chasser l’immigré devraient y réfléchir…
BA