Chez l’Union nationale des petits promoteurs immobiliers (UNPI) aussi, le moral est bas. L’Union demande, pour 2019, des mesures de relance et de stimulation concrètes.
Alors que le programme du logement à faible VIT (valeur immobilière totale), lancé en 2009 et destiné aux personnes ayant un revenu inférieur à 5.000 DH par mois, connaissait encore, il y a deux ans, un engouement auprès des petits et moyens promoteurs immobiliers, il semble connaître, aujourd’hui, des difficultés.
L’exercice 2018 aura, d’ailleurs, été peu favorable à ce marché qui peine à décoller. Les raisons: un recul de la production comparée aux années précédentes et une baisse des mises en chantier. A l’Union nationale des petits promoteurs immobiliers (UNPI), on explique ce désintérêt par plusieurs raisons qui plombent le programme des unités à 140.000 DH.
Les membres de l’UNPI réclament, pour 2019, des mesures de relance et de stimulation concrètes de la part de l’Etat. «Sans ces mesures, le secteur de la construction risque de reculer, en termes d’unités réalisées, notamment en ce qui concerne le logement social.
Pour Ahmed Bouhmid, président de l’UNPI, qui a déjà réalisé un programme de 228 logements sociaux à Casablanca, ce produit, qui, à son lancement, était censé concerner la classe sociale à revenu modeste, fait aujourd’hui face à plusieurs contraintes. C’est ce qui explique, dit-il, que les promoteurs commencent à bouder ce produit.
Selon ce promoteur immobilier, cette tendance devrait se poursuivre au cours de l’année 2019. «Les appels à manifestation d’intérêt sont appelés à diminuer au cours de cette année. Car les professionnels sont de plus en plus désintéressés de ce type d’habitat. Le retard pris dans la livraison de la liste des bénéficiaires en est la principale raison», explique Ahmed Bouhmid. Résultat: des appartements qui ne trouvent pas preneurs, décourageant ainsi les petits et moyens promoteurs immobiliers qui boudent de plus en plus ce programme de logement social.
A Casablanca, certains projets, dont les travaux de construction sont lancés depuis une année, ont été finalisés, selon le président. Mais jusqu’à aujourd’hui, ajoute-t-il, les logements achevés ne sont pas encore vendus. Car, dit-il, on n’a pas encore eu la liste des familles devant en bénéficier. «On est arrivé au stade où les promoteurs parviennent à obtenir le permis d’habiter, alors qu’ils n’ont pas encore eu la liste des bénéficiaires. Pourtant, conformément à une convention signée avec les promoteurs, le groupe Al Omrane doit livrer cette liste des bénéficiaires, dans un délai de six mois après le démarrage des travaux de constructions; sachant que les responsables d’Al Omrane nous affirment qu’ils ont adressé un courrier aux autorités locales pour qu’elles nous envoient cette liste. Mais le fait est que cela fait plus d’une année que des projets sont achevés sans que l’on ait cette liste. Ce n’est pas normal», tient à souligner Bouhmid. Celui-ci indique qu’une réunion a eu lieu récemment, au siège du ministère de tutelle, avec pour objectif de discuter justement de ce problème.
Et ce n’est pas tout. Pour le président de l’UNPI, la vision pour le produit dédié au logement social n’est pas claire. C’est pourquoi, dit-il, les professionnels proposent de revoir les conditions d’octroi de ce produit. «Les termes des cahiers des charges de l’habitat économique à 250.000 DH sont claires, alors que celles contenues dans les cahiers des charges de l’habitat à faible VIT sont floues», explique-t-il. Et de préciser: «Dans la loi de Finances 2006, il est souligné que le petit promoteur doit réaliser 500 unités sociales en cinq ans. Mais ce chiffre est très élevé. Il est impossible qu’une petite entreprise puisse réaliser un nombre de 500 en cinq ans». En 2018, ajoute-t-il, «nous avons demandé à ce que ce nombre soit revu à la baisse. Mais cela n’a pas été pris en compte». «Cette demande, l’UNPI l’a renouvelée cette année. Nous espérons que notre doléance soit, cette fois, prise en compte dans le projet la loi de Finances 2019», souligne Bouhmid.
Il évoque enfin la question de la pénurie du foncier. «La demande pour ces logements à faible VIT est là. Mais le foncier nécessaire à ce type d’habitat n’est pas disponible. Tout le foncier qui était disponible à Casablanca, par exemple, a déjà été consommé. En une année et demie, notons-le, il y a eu la réalisation de 2.000 unités à faible VIT», explique le président de l’UNP. Aujourd’hui, conclut-il, «il y a un besoin de 15 à 30 hectares par an, si on veut réellement régler ce problème de la demande».
Naîma Cherii