Loi contre les violences faites aux femmes : Comme un goût d’inachevé…

Loi contre les violences faites aux femmes : Comme un goût d’inachevé…

Les lois aussi strictes soient-elles ne permettent pas toujours de mettre un terme aux violences subies par les femmes

Aussitôt adoptée par le Parlement, le 14 février 2018, la nouvelle loi contre les violences faites aux femmes a provoqué une  levée de boucliers de la part de la société civile. Explications.

Pour le gouvernement, la loi 103.13 renforce les mécanismes de protection de la femme marocaine victime de violence. Du côté des associatifs, cette loi laisse un goût d’inachevé, du fait qu’elle ne répond pas aux attentes des femmes et encore moins aux recommandations des associations féministes.

Une loi et des approximations

Pour démontrer l’inefficacité de la loi 103.13 face aux violences multiples exercées sur les femmes au Maroc, les acteurs de la société civile, dont l’ex-ministre de la Famille, de la Solidarité et du Développement social, Nouzha Skalli, sont catégoriques dans leur affirmation, que cette loi ne permet pas de protéger les femmes dans le Royaume comme il se doit. Notamment en cas de violences physiques et morales exercées sur la femme au sein même du foyer conjugal.

Bien qu’admettant l’amélioration de la situation des femmes au Maroc, Skalli estime qu’il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire en matière d’égalité hommes-femmes aux niveaux économique, social, politique et légal.

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La loi 103.13 laisse-t-elle un quelconque sentiment de frustration chez la femme marocaine et les acteurs de la société civile qui défendent cette cause? De l’avis de la plupart des associations féministes, ce texte regorge d’imprécisions et comporte plusieurs omissions concernant, notamment, le détournement des biens de la conjointe, le viol conjugal et le harcèlement sexuel dans des lieux publics. Selon les détracteurs de cette loi, le législateur ne donne pas de définition claire à ces actes.

Autre faille relevée par les associations féministes, celle relative à la protection financière des femmes victimes de violences, notamment en milieu conjugal. Là aussi, on considère que la loi 103.13 ne prévoit aucune protection spécifique des victimes, sachant que, selon les résultats d’une récente étude gouvernementale, la majeure partie des femmes violentées par leurs conjoints, par exemple, s’efforcent de se murer dans le silence ou abandonnent les rares poursuites judiciaires engagées, à cause de la pression psychologique et matérielle exercée sur elles par la famille ou même leur bourreau. D’où la nécessité de mettre en place des politiques claires, afin de permettre à ces femmes de recouvrer leur dignité, sans devoir supporter les préjugés d’une société archaïque.

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Selon les acteurs de la société civile, la loi 103.13 aurait très bien pu résoudre le problème lié à la dépendance financière de certaines femmes violentées envers leurs tortionnaires, en prévoyant des formules de financement des maisons d’accueil destinées à l’hébergement de ces victimes.

En définitive, la loi contre la violence faite aux femmes est à repenser, comme le demandent les associations de défense des droits des femmes. En attendant, un long chemin reste à faire pour une émancipation réelle de la femme marocaine. Il est à rappeler que la Constitution de 2011 interdit «de porter atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit».

Le combat de la femme marocaine pour plus de respect, de liberté et de reconnaissance ne fait que commencer au Maroc.

Mohcine Lourhzal

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