Lutte contre le terrorisme : Le Maroc choisi pour sa stratégie

Forum global contre terrorisme rabat avril 2014

Le Maroc a été unanimement choisi pour abriter les travaux du Forum global de lutte contre le terrorisme, en reconnaissance de la crédibilité et de la pertinence de sa stratégie de lutte contre ce fléau qui, aujourd’hui, n’épargne aucun Etat.

Appréciant l’engagement constant du Royaume dans les activités du Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF), celui-ci avait choisi le Maroc pour tenir la cinquième réunion de son Comité de coordination. Effectivement, cette réunion a eu lieu les 2 et 3 avril 2014 à Rabat.

Reconnaissance du Maroc

Dans ce choix du Maroc pour abriter cette manifestation importante, «le Royaume y voit la reconnaissance de sa stratégie de lutte contre le terrorisme et une volonté de privilégier les approches de coopération de tous les pays», a souligné Nacer Borita, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. En trois ans, a précisé le responsable marocain, le Forum s’est imposé en tant qu’acteur confirmé et reconnu dans l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme.

Se mobiliser pour mieux lutter

Saluant l’intérêt que porte le GCTF à la stabilité en Afrique, devenue le cœur de la stratégie du Forum, M. Borita a relevé que le continent connaît d’autres menaces qui exigent, a-t-il dit, «une mobilisation pour lutter efficacement contre le phénomène du terrorisme». L’on sait que le Maroc a fait de l’Afrique une priorité de sa politique étrangère et un des axes de son action internationale, a rappelé le SG du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. En témoigne le récent périple Royal dans plusieurs pays du continent.

Préconiser une démarche stratégique

Lancé à l’occasion d’une réunion ministérielle à New-York (22 septembre 2011), ce Forum, avec ses 30 membres fondateurs, dont le Maroc (29 pays et l’Union européenne), réunit régulièrement des décideurs et des praticiens clés dans le domaine de la lutte contre le terrorisme issus des pays du monde entier, à côté des experts des Nations Unies et d’autres organisations multilatérales. Parmi ses objectifs, il y a le renforcement de l’architecture internationale de lutte contre le terrorisme du 21ème siècle et la recommandation d’une démarche stratégique à long terme pour faire face à cette menace qui n’épargne plus aucun pays, ainsi que le relèvement des multiples défis auxquels sont confrontées les institutions civiles en matière de lutte contre le terrorisme. Pour ce faire, le Forum Global de lutte contre le terrorisme identifie les besoins urgents, met au point des solutions et mobilise les ressources nécessaires.

Une valeur ajoutée

«Ce Forum est une réelle valeur ajoutée pour lutter contre les idées terroristes qui se développent et font tâche d’huile à travers le monde», nous a confié un participant à cette manifestation internationale. Certains intervenants ont par ailleurs appelé à traiter les raisons profondes qui poussent les terroristes à agir de la sorte. «Il faut donc réunir nos efforts contre la radicalisation sur le terrain et coopérer dans le cadre de l’action du GCTF pour renforcer ses initiatives», ont-ils préconisé.
La stratégie du Forum global de lutte contre le terrorisme nécessite que les différents bailleurs de fonds mettent sérieusement la main à la poche. Les Etats-Unis ont déboursé plus de 230 millions de dollars pour appuyer le renforcement du Forum dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ainsi que des systèmes de justice pénale en prêtant une attention particulière aux pays en transition.

Les bonnes pratiques

La contribution financière nécessaire à la lutte contre le terrorisme a été doublée et renforcée par l’adoption de six bonnes pratiques destinées à guider la mise en œuvre des activités de renforcement des capacités liées à la lutte contre le fléau du terrorisme. Parmi les nouvelles initiatives pour l’année 2014, il y a le soutien au projet du Forum avec «Hedayah» qui étudie le rôle de l’éducation pour ce qui est d’encourager et de contrer l’extrémisme violent.

Mohammed Nafaa
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Structures du GCTF


Le Forum Global de lutte contre le terrorisme (GCTF) se compose d’un comité de coordination coprésidé, au niveau stratégique, initialement par les Etats-Unis et la Turquie, de cinq groupes de travail thématiques et régionaux dirigés par des experts et d’une petite structure administrative.
Les groupes de travail se concentrent sur:
1) le secteur de la justice pénale de l’Etat de droit (coprésidé par l’Egypte et les Etats Unis),
2) la lutte contre l’extrémisme violent (secteur coprésidé par les Emirats Arabes Unis et le Royaume-Uni)
3) le renforcement des capacités de la région du Sahel (coprésidé par l’Algérie et le Canada),
4) le renforcement des capacités de la région de la corne de l’Afrique (coprésidé par l’Union européenne et la Turquie),
5) la détention et la réinsertion (secteur coprésidé par l’Australie et l’Indonésie).

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Ce qu’ils en disent…

Nacer Borita, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération

Nacer borita mae maroc

Lutte contre le terrorisme: Le Maroc très actif

Pour Nacer Borita, le Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF) est une structure récente qui a pu développer au cours des trois dernières années une grande visibilité.

Comment est considéré ce Forum?

Il est considéré à juste titre comme une des plates-formes les plus performantes et les plus efficaces en termes de coordination et de coopération dans la lutte contre le terrorisme.

Qu’est-ce qui fait que le Forum est si actif?

C’est le fait que le nombre de ses membres n’est pas réduit et qu’il représente différentes régions et différents pays très engagés dans ce domaine. C’est aussi le fait qu’il y a eu une méthodologie de travail qui a privilégié, au début, la mise en place de documents de référence. Aujourd’hui, le Forum produit et est le plus actif aux niveaux régional et international.

Quels sont les documents produits et les plus en vue?

Au cours des trois dernières années, un certain nombre de documents de référence ont été élaborés, dont un à Rabat sur la justice pénale. Des groupes régionaux ont vu le jour avec comme mission de s’occuper de l’Afrique et du Sahel. Et des thématiques nouvelles ont été abordées.

Quelle place et quel rôle du Maroc dans cette structure ?

Dans le cadre de cette structure, le Maroc, membre fondateur, a toujours été très actif. Il a abrité un grand nombre de réunions. D’ailleurs, l’un des documents de référence clé dans le domaine de la justice s’intitule le «Document de Rabat». Encore, le Maroc co-préside avec les Pays-Bas un groupe de travail sur les combattants étrangers, une thématique à l’ordre du jour, notamment par rapport au problème syrien. Le Royaume a abrité un certain nombre de réunions, dont une sur la sécurité dans la façade atlantique.
Il était donc normal que le Maroc soit choisi pour abriter la réunion du Comité de coordination qui est la structure de décision de cette plate-forme qu’est le GCTF.

Que représente ce choix du Maroc?

Pour nous, c’est une reconnaissance de cet engagement du Maroc, à la fois au niveau mondial et dans le cadre de cette plate-forme, dans la lutte contre le terrorisme. C’est également une reconnaissance, par la communauté internationale, de la pertinence de la démarche qui a été celle de notre pays pour lutter contre le phénomène du terrorisme.

Quelles sont les particularités de cette démarche?

Elle a su concilier la vigilance sécuritaire, l’effort du développement, l’action au niveau religieux et l’approche en termes de dé-radicalisation et de réintégration. Tout cela a fait de cette stratégie de pointe une stratégie sollicitée dont un certain nombre de pays souhaitent bénéficier.

Qu’en est-il de l’action du Maroc en direction de l’Afrique?

Grâce à l’action du Maroc et également d’autres pays, l’Afrique est aujourd’hui au cœur de l’agenda du Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF). Là aussi, il y a une convergence totale avec les priorités de la politique étrangère marocaine.
SM le Roi Mohammed VI a mis l’Afrique au cœur de l’action extérieure du Royaume. Le développement du continent et sa stabilité sont aujourd’hui devenus des axes fondamentaux de notre action internationale. La dernière tournée royale en Afrique est l’illustration de cet intérêt en termes d’engagement réel, de présence sur le terrain, de projets et d’actions concrètes en faveur du développement et de la stabilité du continent africain.

Propos recueillis par MN

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Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques

Mohamed benhamou

Il faut rendre effectifs les engagements

Quel est l’impact de la tenue à Rabat du Forum global de lutte contre le terrorisme?

C’est une réunion très importante du fait qu’elle indique, d’abord, la place et le rôle du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et qu’elle souligne la confiance dont il jouit.
Cette réunion démontre également la disponibilité du Maroc pour s’engager dans une large coopération, sérieuse et sincère autour d’une question qui est cruciale pour la région, mais aussi à l’échelle internationale.

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Quel intérêt concernant l’approche et la stratégie marocaines de lutte contre le terrorisme?

Quand on voit le nombre et le calibre, si je puis ainsi dire, des participants à ce Forum de Rabat, on déduit que l’approche et la stratégie marocaines sont crédibles à plus d’un titre du fait qu’elles voient surtout dans cette lutte contre le terrorisme, une lutte multidimensionnelle, mais aussi une lutte qui doit s’inscrire dans une stratégie globale.

Quels sont aujourd’hui les enjeux?

Aujourd’hui, les enjeux sont d’abord l’argumentation des différents mémorandums et la possibilité de rendre effectifs ces engagements, mais aussi de donner à ce mécanisme et aux autres retenus la possibilité de pouvoir contribuer à lutter efficacement contre un phénomène qui devient de plus en plus complexe et qui, malheureusement, menace encore de se prolonger dans le temps.

L’impact du périple royal en Afrique a renforcé le rôle du Royaume dans le continent ?

Le Maroc apporte une réponse qui n’est pas basée sur la seule approche sécuritaire. La lutte contre les fragilités sécuritaires et les différentes formes de menaces, qu’elles soient terroristes ou criminelles, passe aussi par le développement économique, social et humain, ce qui fait que le périple royal en Afrique a apporté une dimension nouvelle, à savoir l’engagement. Le travail fait par le Maroc démontre que la stratégie marocaine est une approche des plus appropriées pour lutter contre l’ensemble des vulnérabilités et pour faire face aux problèmes à la fois de sécurité et de développement.

Qu’en est-il de l’expertise marocaine sur le terrain?

C’est une expertise qui est très riche, reconnue et sollicitée à plusieurs égards, que le Maroc cherche d’ailleurs à partager avec l’ensemble des acteurs concernés. C’est aussi une expertise qui a donné des résultats très positifs.

Dans quels domaines plus particulièrement?

Dans la guerre préventive contre le terrorisme, mais aussi dans l’éradication des formes de terrorisme qui représentent un terreau pour l’extrémisme. On le constate dans la gestion du champ de la religion ou du domaine de l’éducation, dans la démocratisation et l’Etat de droit, que ce soit sur les plans politique, économique et social ou sur le plan sécuritaire. Donc, aujourd’hui, le Maroc a acquis une grande expérience qu’il cherche à partager avec nombre de pays.

Le Maroc est fondateur du Forum. Quel valeur ajoutée apporte-t-il?

Le choix de la «terre» de cette plate-forme à Rabat est en lui-même un signe fort et révélateur de la confiance, de la place et du rôle que joue le Maroc, lui qui a toujours été un acteur dynamique positif, engagé dans tout ce qui touche au Forum. Le Royaume a toujours été à l’origine, avec d’autres partenaires, de certaines initiatives qui ont un caractère de prévention et qui permettent de faire face aux multiples menaces émergeantes.

Qu’en est-il de la coopération régionale? Est-elle effective?

Malheureusement, on ne peut pas dans notre région être affirmatif. On l’a vu: la lutte contre le terrorisme n’est pas un acte individuel pour un Etat. C’est un acte qui s’inscrit dans le cadre d’une coopération régionale et internationale. Hélas, dans notre région, la coopération régionale souffre d’un grand déficit et on ne peut parler d’une coopération régionale exemplaire.

Qu’est-ce qui empêche cette coopération?

On voit que la position, la vision et l’approche de certains pays dans la région, ainsi que leur non engagement dans une coopération transparente, sincère et porteuse d’espérance permettent la persistance de certains problèmes.

Lesquels par exemple?

Voyez-vous, on ne peut pas coopérer quand il y a des frontières fermées, quand un pays continue de gérer des formes d’instabilité dans la région et de maintenir des zones de tension et de turbulence chroniques qui menacent gravement l’avenir de la sécurité et de la stabilité dans la région.

Qu’attendez-vous de ce Forum?

Que l’on passe à la phase pratique et que le Forum passe à la vitesse supérieure, à la réalisation et à la mise en œuvre des différents documents et mémorandums. Il faut rendre ces mécanismes et cette architecture proposée par le Forum réalisables et concrets sur le terrain.

Interview réalisée par MN

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