Abdelilah Benkirane fait tout pour se réconcilier avec son parti. Pour ce, il crie au loup, le G4 dont il connaît mieux que quiconque la capacité de nuisance.
Quand on sait à qui a profité la nouvelle coalition gouvernementale -à savoir le Rassemblement National des Indépendants (RNI) et dans une moindre mesure le Parti du Progrès et du Socialisme- on imagine aisément le malaise qui sévit actuellement au sein du parti de la Justice et du Développement qui chapeaute le gouvernement «Benkirane II».
Le malaise a en fait commencé dès le coup d’envoi des négociations entre le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane et le chef de file du RNI, Salaheddine Mezouar. Ce dernier s’est montré très friand de portefeuilles ministériels et non des moindres. Il a su avec brio mettre la barre le plus haut possible et, du coup, forcer la main du patron des islamistes pour avoir le maximum de départements. Et il a obtenu gain de cause.
Durant ces négociations pour une nouvelle coalition, Abdelilah Benkirane a fermé jusqu’au trou de la serrure du lieu où se déroulaient les négociations avec le RNI, histoire d’empêcher toute filtration de l’ambiance et des informations sur les négociations; ce qui n’a pas été pour plaire aux différentes instances du PJD, en particulier son Conseil national, parlement du parti, lequel s’est senti lésé et a vu ses compétences et prérogatives dépréciées.
C’est dans ce contexte que s’est tenue une réunion du Secrétariat général du PJD au cours de laquelle Abdelilah Benkirane, sentant la température de ses militants monter au maximum, a tout fait pour temporiser et calmer les ardeurs. Il a appelé les partisans à veiller à sauvegarder l’union du parti. Il a ainsi fait vibrer la corde sensible, sachant que le PJD est en danger de mort face à des attaques imminentes du G4 qui rassemble désormais des partis politiques de gros calibre, dont USFP, le PI et le PAM. «Benkirane a toutes les raisons de craindre ces partis qu’il connaît mieux que quiconque pour les avoir côtoyés au sein de l’alliance gouvernementale… Il connaît donc leur capacité de nuisance», nous a confié un député PJD. Benkirane en a donné un avant-goût lors de la réunion du Secrétariat général du PJD. Il a rappelé le voyage du dirigeant PAMiste, Elias El Omari et de l’istiqlalien Hamid Chabat dans des pays du Golfe. Il y a vu une tentative de fausser l’image du PJD et a appelé à contrecarrer ces nuisances en renforçant les rangs du parti que les partis du G4 n’hésitent pas à qualifier d’obscurantiste et d’intégriste.
Toutes ces tractations démontrent que, malgré l’annonce par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, du report des élections communales à 2015, le pays connaît d’ores et déjà une campagne électorale prématurée où tous les coups sont permis.
Mohammed Nafaa