Majorité Vs Opposition | Les nouveaux rapports de force

Les résultats des élections générales du 8 septembre 2021 ont dessiné une nouvelle carte politique avec des gagnants, des perdants, mais aussi et surtout une nouvelle configuration au sein de l’opposition.

Le Rassemblement National des Indépendants (RNI) est arrivé en tête des législatives 2021. Sur 395 sièges à pourvoir à la Chambre des représentants, le parti de la Colombe en a obtenu 102. De son côté, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), s’est classé deuxième avec 87 sièges. Le Parti de l’Istiqlal (PI) a occupé la troisième place du classement, avec 81 sièges. Le top 3 est suivi de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, 34 sièges), du Mouvement Populaire (MP, 28 sièges), du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS, 22 sièges), de l’Union Constitutionnelle (UC, 18 sièges) et du Parti de la Justice et du Développement (PJD, 13 sièges), alors que les autres formations politiques se sont partagées les 10 sièges restant à la 1ère Chambre du Parlement.  

Une majorité confortable

La conjoncture, les rapports entre les leaders des partis et le poids politique et représentatif de chacun des acteurs sont autant d’éléments qui permettent d’identifier les futurs alliés au sein d’une même majorité. Si par le passé, les gouvernements marocains étaient composés de plus de 3 partis, les élections du 8 septembre 2021 ont jeté un pavé dans la marre. En effet, les trois partis arrivés en tête des élections législatives (RNI-PAM-USFP), disposent d’un total de 270 sièges à la Chambre des représentants. Cette situation confortable fait que le gouvernement Akhannouch ne risque de souffrir d’aucun éparpillement, contrairement aux gouvernements précédents, notamment celui de Saâdeddine El Othmani qui se composait de 8 partis politiques. Avec une majorité de 270 sièges à la 1ère Chambre, il est tout à fait logique que la nouvelle majorité soit formée de trois partis politiques seulement, à savoir le Rassemblement National des Indépendants, le Parti Authenticité et Modernité et le Parti de l’Istiqlal.

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L’opposition appelée à se renouveler

Toutefois, ce changement de procédé n’arrange pas les affaires de certains partis politiques qui s’étaient habitués, en quelque sorte, à faire partie des gouvernements au Maroc. C’est le cas du Mouvement Populaire (MP) de Mohand Laenser et l’Union Constitutionnelle (UC) que dirige Mohamed Sajid. Le MP a participé à plusieurs majorités, notamment en 2017 et 2019 (Gouvernements El Othmani I et II). Taxé de «roue de secours», le parti de l’épi n’a d’autre choix aujourd’hui que de se ranger dans l’opposition. Les observateurs estiment que le MP peut être très utile de l’autre côté de la barrière, en utilisant son expérience au pouvoir, pour contrôler et si besoin, redresser la trajectoire du gouvernement Akhannouch, en cas de faux pas. Idem pour le l’Union Constitutionnelle (UC) qui a fait partie du gouvernement El Othmani I en 2017.

L’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) était disposée à faire partie de la coalition gouvernementale. Le Conseil national avait même fait part de sa volonté de faire partie de la majorité. Or, le parti de la Rose se retrouve finalement dans les rangs de l’opposition, après avoir participé au gouvernement El Othmani et pris la présidence de la Chambre des représentants. La décision de se ranger du côté de l’opposition a été annoncée par l’USFP, à l’issue de la réunion de son Bureau Politique, organisée mercredi 22 septembre 2021 à distance. Le parti explique son passage à l’opposition par sa volonté de cohérence politique et son attachement à ses principes fondateurs. En fait, la vraie raison n’est autre que l’absence d’offre de participation à la Majorité. Une fois la décision prise d’une Majorité gouvernementale limitée aux 3 premiers partis, aucune offre ne pouvait être faite par Aziz Akhannouch au Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, pour rejoindre le gouvernement. Ainsi l’USFP rejoint les sièges de l’opposition aux côté d’autres partis comme le PSU (Parti Socialiste Unifié) de Nabila Mounib qui n’a eu qu’un seul siège à la Chambre des représentants et le PPS (22 sièges).

Élections du 8 septembre | Un taux de participation de 36 pc à 17H00 au niveau national

Mohcine Lourhzal

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PJD

Effondrement spectaculaire et difficile reconstruction

Le Conseil national du Parti de la Justice et du Développement (PJD) a annoncé la tenue, fin octobre 2021, des travaux de son Congrès national extraordinaire.  Outre la date du congrès, le Conseil national réuni le 18 septembre 2021 par visioconférence, a nommé un Comité de direction qui se chargera d’élire une nouvelle direction apte à gérer la prochaine étape au sein du PJD et préparer ledit Congrès. Le PJD est entré dans une phase extrêmement délicate. Après avoir dirigé la coalition gouvernementale pendant 10 ans, le parti islamiste a essuyé une lourde défaite. Le parti islamiste n’a pu décrocher que 13 sièges lors des élections législatives du 8 septembre, occupant ainsi la huitième place. Aujourd’hui, le PJD n’est même pas en mesure d’avoir un groupe parlementaire. Au lendemain de l’annonce des résultats des élections du 8 septembre 2021, le Secrétariat général du PJD a présenté sa démission collective suite à la défaite du parti au titre des échéances législatives, régionales et communales. Le parti a également annoncé sa décision de rejoindre l’opposition. Il n’avait de toutes les façons pas d’autre choix.

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