Le 2 février 2013, François Hollande était accueilli à Tombouctou, au Mali, en vainqueur et dans la liesse. Grâce à l’opération Serval, déclenchée le 11 janvier de la même année, le Mali était assuré de conserver son intégrité territoriale.
L’armée française avait délogé et chassé les groupes armés qui avaient pris le contrôle des grandes villes du nord du pays. Quatre ans plus tard, le Mali a bien conservé sa souveraineté, mais il est loin d’avoir retrouvé la paix et il n’est plus question de bain de foule pour le président de la République française. Embuscades, engins explosifs improvisés, commandos-suicide, enlèvements, les groupes armés qui se revendiquent d’AQMI, Ansar Dine, Mujao et d’autres «katibas» djihadistes harcèlent l’armée malienne et celles des pays voisins, de même que les forces de l’ONU, tandis que des zones entières du Mali échappent encore au contrôle des forces étatiques ou étrangères. L’an dernier, 257 attaques ont été recensées, contre 106 en 2015. Toutefois, la communauté internationale ne ménage pas ses efforts pour lutter contre les mouvements terroristes au Sahel. A l’opération Serval, a succédé en août 2014 l’opération Barkhane qui déploie encore 4.000 soldats français sur les cinq pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). C’est la plus importante opération extérieure de la France, supérieure en hommes aux interventions en Irak et en Syrie.
Deux groupements tactiques sont mobilisés autour de N’Djamena, au Tchad et Gao, au Mali, tandis que 7 avions de chasse et 17 hélicoptères sont répartis sur des bases au Niger et au Tchad, sans compter le déploiement de drones de reconnaissance Reaper fournis par l’armée américaine.
Il s’agit à la fois de maintenir la pression sur les groupes armés terroristes, de développer la coopération et le savoir-faire des armées africaines et de rassurer la population. L’Union européenne vient de prolonger jusqu’en 2019 sa mission de formation des forces de sécurité maliennes. Quelque 8.000 soldats ont d’ores et déjà été formés. Enfin, l’ONU a déployé au Mali la plus grande force de maintien de la paix du continent, avec plus de 13.000 hommes.
Tout cela ne semble pas impressionner les groupes terroristes. Comme en témoigne l’attaque d’Aqmi, groupe algérien Al Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar de ce 18 janvier, qui a fait 77 morts et des dizaines de blessés à Gao…
Patrice Zehr