Manifestations en Algérie, au Liban, en Irak, au Chili, à Hong Kong…qu’ont-elles en commun ?

Manifestations en Algérie, au Liban, en Irak, au Chili, à Hong Kong…qu’ont-elles en commun ?

Les quatre saisons de la contestation

En suivant l’actualité dans le monde arabe, on a comme une impression de déjà vu. Une fois encore, des centaines de milliers de personnes manifestent dans les rues des grandes capitales. Encore une fois, les régimes sont dans la ligne de mire et hués par des manifestants qui n’en peuvent plus de crouler sous la dictature, la pauvreté et l’exclusion. 

Huit ans après la première vague du printemps arabe, la Syrie et la Libye sont toujours aux prises avec les guerres civiles. La structure politique de l’Europe a quant à elle connu des changements profonds. En effet, la migration de masse qui a résulté du printemps arabe de 2011, a porté atteinte  aux partis politiques traditionnels et en a renforcé de nouveaux, souvent d’extrême droite.

Aujourd’hui, on parle d’un printemps arabe 2.0. Abdelaziz Bouteflika (Algérie) et Omar Al Bashir (Soudan) ont rejoint en 2019, les Tunisiens Zine El Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak (Égypte), Ali Abdallah Saleh (Yémen) et Mouammar Kadhafi (Libye), tous renversés lors des soulèvements populaires en 2011. A ce jour, le syrien Bachar Al Assad est le seul président encore en place de l’ère pré-printemps arabe. Un privilège qu’il doit en grande partie à ses alliés russes et chiites (L’Iran et le Hezbollah libanais).

L’euphorie des récents soulèvements en Algérie et au Soudan rappelle les espoirs suscités par le renversement des dirigeants, lors de la première vague du Printemps arabe. Plus récemment, les Libanais ont à leur tour, évacué leur colère intérieure contre leurs dirigeants qu’ils tiennent pour responsables de la situation économique et sociale désastreuse dans laquelle se trouve leur pays. 

Plusieurs spécialistes en géopolitique ont prédit une deuxième vague de Printemps arabe, en raison de la stagnation politique et des difficultés économiques qui caractérisent aujourd’hui la plupart des pays arabes, autant ceux qui ont réussi à renverser leurs régimes, que ceux qui ont, jusque-là, été épargnés par la vague de soulèvements populaires. 

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Reste à savoir si les nouvelles protestations de 2019 peuvent apporter le changement tant attendu dans un monde arabe qui dans sa majorité, a longtemps été en proie à l’autoritarisme.

Durant le printemps arabe de 2011, les mouvements de protestation n’ont pas tous réussi à atteindre leurs objectifs, après un début prometteur. À l’exception du Maroc qui a amorcé une réforme de sa Constitution en mars 2011 et de la Tunisie qui semble aujourd’hui plus libre, les autres pays arabes ont vu leurs révolutions détournées de ses principes fondateurs. L’Égypte par exemple, connaît depuis quelques semaines, des mouvements de protestations contre le président Abdelfatah Al Sissi, au pouvoir depuis 2013. 

En Libye, Mouammar Kadhafi est certes mort, mais le pays a sombré dans le chaos et de facto, une guerre civile, sans fin ni dénouement, s’est déclenchée. La Syrie de Bachar Al Assad est un terrain de bataille entre les forces régionales et internationales, ainsi que les groupes armés aux idéologies nationalistes ou religieuses. Le Yémen est le théâtre d’une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui règlent leurs vieux comptes, alors que l’aggravation de la crise humanitaire accentue la misère de la population locale. 

L’actuel mouvement de protestation algérien appelé «Hirak», est une source d’espoir. Les manifestants continuent de descendre dans les rues pour demander la destitution des symboles hérités, voire implantés, du régime Bouteflika et à leur tête, le numéro un de l’armée Gaïd Salah. 

Les prochains jours et les prochaines semaines pourraient être un indicateur de la direction que prendra la «deuxième vague du printemps arabe»: un pas en avant vers la démocratie ou deux pas en arrière? D’autant plus qu’un nouveau pays, le Liban,  est venu se joindre au club des peuples en colère contre leurs classes dirigeantes.  En fin de compte est-ce que cela signifie que les soulèvements arabes sont voués à l’échec? Il est clair que le printemps arabe 2.0 a tous les ingrédients pour réussir. Encore faut-il tirer les leçons des échecs des expériences passées.

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En 2019, le vent de révolte qui a soufflé sur le monde arabe huit ans auparavant, s’est internationalisé. En effet, le feuilleton des contestations dans le monde occidental a été ouvert en France, par les Gilets Jaunes, le 1er décembre 2018.  Aujourd’hui encore, ces derniers manifestent chaque week-end, à  Paris ainsi que dans plusieurs autres villes françaises, pour exiger des politiques sociales justes et équitables de la part du gouvernement et du Président Macron. Au Chili, les manifestants battent le pavé depuis plusieurs semaines. Eux aussi exigent des réformes sociales et politiques, outre l’appel au départ du président chilien Sebastian Pinera. Le plus surprenant, c’est que même la Chine a été contaminée par les révoltes qui secouent l’occident, depuis quelques mois maintenant. A Hong Kong, ainsi que dans plusieurs autres villes autour du monde dans lesquelles la diaspora hongkongaise est présente, plusieurs manifestations ont lieu, chaque jour, contre l’amendement de la loi d’extradition décidé par le gouvernement local, mais pas seulement…

Pour les protestataires, tout a commencé avec une revendication: annuler l’amendement de cette loi. Selon eux, elle donnera l’occasion à la Chine continentale d’intervenir dans le système juridique indépendant de Hong Kong. Mais, au fil de la contestation, les revendications ont évolué… La Chine continentale désigne le territoire de la Chine administré par la République populaire de Chine (RPC), à l’exception des régions administratives spéciales (RAS) de Hong Kong et de Macao.

Mohcine Lourhzal

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