Ils ont demandé une rencontre urgente avec les responsables du ministère de tutelle. Elle devrait avoir lieu d’ici le 16 mai, avec pour objectif d’essayer de trouver des solutions à cette situation.
Depuis quelques jours, c’est l’effervescence au marché des dattes de Derb Mila (Milan) à Casablanca. Et, comme à la veille de chaque Ramadan, les dattes font une apparition très remarquée sur les étals des hypermarchés et des commerces. Mais, c’est surtout dans ce marché d’envergure que les clients viennent de tous les quartiers de la capitale économique et même des autres villes pour s’approvisionner.
Au marché de Derb Mila, connu de tous les Marocains, les étals d’une trentaine de magasins débordent de boîtes de 1 à 5 kilogrammes de dattes tunisiennes, algériennes ou encore égyptiennes. On y trouve toutes les variétés. Mais les produits tunisiens et algériens sont particulièrement appréciés par les consommateurs marocains.
La variété tunisienne «Defla Nour», très prisée pour son goût sucré, est, à titre d’exemple, vendue entre 32 et 35 DH le kilo. Les dattes algériennes, quant à elles, sont vendues entre 45 à 60 DH/kg. A signaler que les produits émiratis, égyptiens et saoudiens sont les moins chers des dattes importées. Ils sont vendus à partir de 13 DH le kilo.
Comme c’est le cas depuis quelques années, la récolte n’a pas coïncidé, cette année, avec le mois de Ramadan. Les dattes produites localement ne sont pas présentes en force sur les étalages de ce marché. Chez certains grossistes, la production locale de cette denrée est même absente depuis le mois de décembre, explique un grossiste. Mais, souligne-t-il, le marché est bien approvisionné.
En effet, les dattes d’origine étrangère inondent ce marché. Plus de 90% des produits vendus à Derb Mila proviennent ainsi de l’importation. Ce qui permet, selon notre interlocuteur, un approvisionnement suffisant du marché local et d’augmenter la disponibilité des dattes, lesquelles restent l’un des produits incontournables de la table marocaine pendant le mois de Ramadan.
L’activité dans ce marché donne l’image d’un commerce juteux. Pourtant, à en croire les dires de Hamid Echarif, grossiste importateur de dattes, le chiffre d’affaires des grossistes a baissé de 40%. «Cette année, on estime que la demande a diminué de 20%. Mais c’est surtout la disponibilité en grandes quantités des produits venant de l’extérieur qui a fait baisser nos marges bénéficiaires», précise-t-il. Des importateurs étrangers de dattes commencent, depuis un certain temps, à conquérir le marché national avec plusieurs variétés de ce fruit, selon Hamid Echarif, qui est aussi vice-président de l’Association nationale des dattes au Maroc. La concurrence, dit-il, est de plus en plus rude avec ces sociétés, ce qui n’a pas manqué de nuire au secteur. «Les grossistes marocains importateurs ont beaucoup de difficultés à faire face à la concurrence imposée par ces étrangers», affirme le vice-président. En un mois, poursuit-il, la production étrangère importée a atteint 60.000 tonnes, dont une grande quantité vient d’Algérie à travers le port de Béni Ensar.
Ce grossiste a déploré, dans ce sens, les pratiques de certains importateurs étrangers (algériens, tunisiens et saoudiens) qui, avec la complicité de certains Marocains, «exercent un monopole» sur l’activité d’importation de dattes. Selon Hamid Echarif, une quarantaine de sociétés se sont ainsi positionnées sur ce commerce rentable des dattes importées de Tunisie, d’Algérie, des Emirats Arabes Unies, mais aussi d’Egypte et d’Arabie saoudite. «Ces étrangers viennent au Maroc pour un ou deux mois. Et, en une semaine, ils créent leur société et importent de grandes quantités de dattes. Ils arrivent en un mois à vendre leurs dattes, alors qu’ils n’ont ni local, ni frigo, ni même des charges salariales», tient à souligner Hamid Echarif, qui déplore le manque d’organisation du secteur de l’importation des dattes au Maroc. C’est pourquoi, poursuit-il, «nous avons demandé une rencontre urgente avec les responsables au ministère de tutelle. Cette rencontre devra avoir lieu d’ici le 16 mai à Rabat, avec pour objectif d’essayer de trouver des solutions à notre situation difficile».
Naîma Cherii