Une enquête est réclamée. L’Union générale des entreprises et professions (UGEP) envisage de demander l’ouverture d’une enquête sur la gestion des marchés de commerce de proximité réalisés, jusqu’à aujourd’hui, dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi, ainsi que sur le devenir des recettes perçues par la société en charge de l’encaissement des redevances.
Décidément, le sujet des marchands ambulants ne finit pas de nourrir la polémique. Alors que plusieurs marchés de commerce de proximité (PCP) ont été initiés au niveau de Casablanca, ces dernières années, pour combattre la prolifération des marchands ambulants -même si le problème n’est pas pour autant résolu-, des commerçants ayant bénéficié de ces projets se disent en colère. C’est le cas notamment de ceux exerçant dans les PCP créés dans la Préfecture de Sidi Bernoussi, chez qui la grogne est palpable.
La raison de leur mécontentement: Les commerçants disent protester contre «la gestion autoritaire de l’association responsable de la gestion de ces PCP et l’expulsion – pour une raison ou une autre- de certains d’entre eux, qui sont aujourd’hui en chômage et sans aucun droit social», déclare au Reporter Mohamed Dahbi, SG de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), qui fédère, entre autres catégories, les commerçants exerçant dans des marchés pilotes créés au niveau de Casablanca.
Le SG de l’UGEP a tenu dernièrement des réunions avec plusieurs d’entre eux. Objectif : s’enquérir de leurs problèmes et créer la commission préparatoire du bureau de leur future association, précise Mohamed Dahbi.
Selon lui, l’objectif est également de créer de nouvelles associations, qui seront affiliées à l’Union pour défendre les intérêts des commerçants qui ne sont pas encore fédérés dans le cadre d’un syndicat ou d’une association, explique le SG de l’UGEP, lequel assure que les préparatifs vont bon train. Il fait savoir qu’une autre rencontre avec les commerçants est prévue dans les jours à venir.
«Aujourd’hui, la première chose que l’UGEP va faire c’est de veiller à la création d’un cadre syndical pour les commerçants de l’ensemble des marchés initiés au niveau de Casablanca et pas uniquement ceux exerçant dans les PCP lancés dans la Préfecture de Sidi Bernoussi», indique le SG de l’Union.
Pour ce dernier, qui ne mâche pas ses mots, «on ne peut pas dire que les bénéficiaires de ces marchés ont pu intégrer le secteur formel. Car avec la démarche adoptée dans ces PCP, les vendeurs ne disposent d’aucun droit social et ne peuvent jamais devenir des auto-entrepreneurs». D’ailleurs, déplore-t-il, «ils n’ont ni identité fiscale, ni couverture médicale, ni retraite…etc. ».
On ne peut donc pas, poursuit-il, «prétendre pouvoir régler la problématique des marchands ambulants». A tout moment, déplore-t-il, les commerçants peuvent être expulsés de ces espaces. D’ailleurs, ajoute-t-il, plusieurs d’entre eux ont été expulsés et sont actuellement en chômage. Il est donc tout à fait normal que les commerçants exerçant dans ces marchés pilotes veulent créer leur association, afin de se structurer réellement et de défendre leurs intérêts, dit-il.
Pourquoi une enquête ?
Ce que conteste par ailleurs l’UGEP, c’est surtout le manque de transparence et le flou qui entourent la gestion de l’association responsable de la gestion de ces PCP initiés, dans le cadre de l’INDH, dans la commune de Sidi Bernoussi. Pour son SG, le sujet suscite en tout cas plusieurs interrogations. C’est pourquoi, dit-il, l’UGEP envisage de demander l’ouverture d’une enquête sur la gestion des marchés de commerce de proximité réalisés jusqu’à aujourd’hui dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi, ainsi que sur «certaines irrégularités» ayant accompagné leur gestion.
Il sera également question de demander un audit sur le devenir de l’argent que perçoit l’association en question, ajoute le SG.
Selon lui, la question sera, entre autres, à l’ordre du jour de la prochaine réunion du bureau exécutif, qui sera tenue d’ici fin septembre.
Pourquoi un audit ? Chaque mois, dit-il, les commerçants, qui sont installés dans ces marchés, doivent verser à la société -chargée d’encaisser les redevances- un montant de 1200 dirhams. A noter que sur le chiffre global, la société en question récolte 2,5%, soit prés de 17 millions de DH, chaque année, précise-t-il.
«Cet argent ne va pas à la trésorerie de l’Etat mais à une association constituée de fonctionnaires de l’administration ! Ce n’est pas normal. Sachant que ces marchés ont été créés par l’INDH. Ce qui veut dire que le financement de ces projets est 100% étatique», poursuit le SG de l’Union.
Et de conclure «De nombreuses questions restent encore en suspens. Si pour les autres marchés pilotes réalisés à travers le pays, on a créé des associations qui sont, toutes, constituées de professionnels, dans le cas de ceux de Sidi Bernoussi, l’association en charge de la gestion est composée uniquement de fonctionnaires de l’Administration. Pourquoi ?».
Rappelons enfin que le premier marché de commerce de proximité réalisé dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi, a été ouvert en mars 2015. Il est installé près du lycée Mokhtar Soussi, où des chapiteaux ont été mis en place. L’ancien gouverneur voulait le faire inaugurer par le Souverain, mais le projet avait été boudé par le Roi.
Naîma Cherii