Après 37 ans de coupure, les relations diplomatiques entre le Maroc et Cuba reprennent. C’est ce qu’a annoncé le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, vendredi 21 avril 2017.
La reprise des relations entre Rabat et La Havane ne s’est pas faite du jour au lendemain. Il a fallu d’abord que les ambassadeurs des deux pays, Omar Hilale et Anayansi Rodriguez, signent, au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU), un accord portant sur le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Selon le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, la réconciliation entre le Maroc et Cuba reflète parfaitement les intérêts des deux pays. Il s’agit, selon la même source, du résultat d’une politique et d’une volonté mutuelle de développer des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays.
A chaque époque ses leaders et ses défis
En 1963, la Guerre des sables éclate entre le Maroc et l’Algérie aidée par l’Egypte et Cuba. A compter de cette année, va s’installer progressivement un sérieux coup de froid entre le Maroc et Cuba. Le pic de la crise diplomatique entre les deux pays est atteint en 1980, quand Cuba reconnaît la fantomatique RASD des séparatistes du Polisario. Vient alors l’époque du changement. De nombreux pays changent de leaders et donc de façon de voir les choses. Au Maroc, la diplomatie est tracée par un jeune Roi qui souhaite adopter une nouvelle approche diplomatique faite de présence, plutôt que de politique de chaise vide. Cette politique est valable même avec les plus grands adversaires du Royaume.
Un voyage pas si privé que ça…
Ainsi, le Souverain multiplie les voyages officiels dans plusieurs pays du monde, même dans ceux hostiles aux intérêts suprêmes du Maroc et proches du Polisario et de ses appuis. Parmi les pays que SM le Roi visite, dans le cadre de vacances privées, Cuba et sa capitale La Havane. Le Souverain y séjourne en compagnie des membres de sa famille, dans un hôtel de la capitale cubaine. Cette visite suscite plusieurs commentaires grinçants de la part de la presse algérienne qui estime, entre autres, qu’«un monarque doit être reçu par un chef d’Etat». Ce qu’ils ne savent pas, c’est que le Souverain, même en vacances, joint l’utile à l’agréable et que les choses les plus importantes sont préparées dans la discrétion. C’est ainsi qu’à l’issue du séjour privé du Souverain à Cuba, l’annonce de la reprise des relations entre les deux pays est faite après de longues années de rupture (près de 4 décennies). Cet évènement qui ne manque pas d’irriter le duo Algérie-Polisario, n’est, selon les spécialistes en questions diplomatiques, que le prélude d’un possible retrait de La Havane de sa reconnaissance du Polisario.
Le Maroc compte passer à la vitesse supérieure dans ses relations avec Cuba. A cet effet, une ambassade du Maroc va bientôt ouvrir ses portes à la Havane, sur instruction de SM le Roi Mohammed VI. Ainsi, le Royaume cueille, doucement mais sûrement, les fruits de sa nouvelle action diplomatique vis-à-vis de l’ensemble des pays du monde, même ceux qui ne portent pas vraiment le Maroc dans leur cœur. Le rétablissement des liens diplomatiques entre Rabat et Cuba n’est, certainement, qu’une étape parmi tant d’autres à venir, dans le cadre du rôle proactif du Maroc.
Mohcine Lourhzal
Texte de l’Accord sur le rétablissement des relations Maroc- Cuba Accord sur le Rétablissement des Relations Diplomatiques, entre le Royaume du Maroc et la République de Cuba, Le Gouvernement du Royaume du Maroc et le Gouvernement de la République de Cuba, guidés par la volonté mutuelle de développer des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays dans les domaines politique, économique, culturel, entre autres, ont décidé de rétablir les relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs, qui entrera en vigueur à la date de la signature de celui-ci. Convaincus que le rétablissement des relations diplomatiques, conformément aux principes et aux objectifs énoncés dans la Charte des Nations Unies et le droit international et conformément à l’esprit et aux règles établies dans la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961, reflète les intérêts des deux pays et contribue au renforcement de la paix et de la sécurité internationales, les plénipotentiaires soussignés signent cet accord en deux exemplaires dans les langues espagnole, anglaise et arabe, chaque texte faisant également foi.