Retour à la case départ: l’opposition parlementaire décide de reprendre le dialogue avec la majorité sur l’arsenal juridique électoral.
Après s’être convaincue de l’erreur de la chaise vide, à un moment où les Marocains exigent plus de sérieux dans la gestion de ses affaires, l’opposition parlementaire est revenue au parlement pour participer au débat qu’elle avait boudé une semaine durant, portant sur le projet de loi organique relatif aux régions.
Les groupes parlementaires de l’opposition ont tiré à boulets rouges sur ce projet de loi organique qui n’a pas été apprécié. Les Istiqlaliens lui reprochent d’avoir éparpillé la région du Rif qui «rassemblait une même famille», référence faite au rattachement de la ville d’Al Hoceima à la région de Tanger et de Nador à la région orientale.
Cette régionalisation ne convient pas à l’opposition parlementaire -raisons électorales?- qui reproche au gouvernement de Benkirane d’avoir tout fait pour passer sous silence ses doléances en se contentant de ne prendre en considération que des propositions formelles et en évitant celles de fond auxquelles même des députés de la majorité ont adhéré, nous a confié un député de l’opposition.
Les groupes parlementaires de l’opposition se sont tous accordés, lors de la réunion de la commission de l’intérieur à la Chambre des représentants, à banaliser le projet de loi organique sur les régions présenté par Cherki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur. Ils ont reproché au gouvernement d’être à côté de la plaque, vu l’importance du projet. Selon Milouda Hazeb, chef du groupe du PAM à la Chambre des représentants, l’Exécutif n’aurait pas pris en considération les orientations contenues dans le message royal du 9 mars.
L’opposition a dans le même sillage rendu responsable le gouvernement d’avoir torpillé les élections en retardant le débat sur l’arsenal juridique électoral, tout comme l’implication des partis politiques dans des concertations que «nous voulons, a martelé Milouda Hazeb, politiques et non techniques».
Par ailleurs, les groupes parlementaires de l’opposition se sont défendus d’avoir boudé la réunion de la commission de l’intérieur dans le but de torpiller le projet de loi gouvernemental sur les régions. Ils l’ont plutôt fait, ont-ils insisté, pour appeler l’Exécutif à favoriser les conditions nécessaires à un débat constructif sur le projet en question et à opter pour une meilleure approche concernant l’implication des partis politiques dans les concertations politiques, sachant que le gouvernement, a dit un député socialiste, a préparé unilatéralement l’arsenal juridique électoral. C’était aussi pour amener le gouvernement à mettre en place un code unifié des élections.
Pour sa part, le groupe du PJD à la Chambre des représentants a tenté de jeter la lumière sur la situation qui prévaut à la veille des élections communales et régionales, concernant une campagne électorale qui ne dit pas son nom. Son chef, Abdallah Bouanou, a assuré que le Parti de la Justice et du Développement (PJD) n’avait pas d’intention de ratisser large lors des prochaines élections communales. «Ce qui nous importe, a-t-il dit, ce sont la crédibilité, l’honnêteté et la transparence de ces échéances électorales».
La réunion de la commission de l’intérieur a été une occasion propice pour le PJD de revenir sur la recommandation du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) de faire participer l’armée aux prochaines élections électorales. «Une grande aventure», a lancé Abdellah Bouanou qui a dit ne pas s’expliquer les tenants et aboutissants de cette proposition formulée par le Conseil d’El Yazami. «Une initiative, a-t-il dit, qui n’est pas de mise même dans les pays démocratiques». Revenant au débat sur le projet de loi organique sur les régions, le chef du groupe du PJD à la Chambre des représentants en a profité pour recentrer la discussion et renouveler la position de son parti qui s’oppose à «tout report des élections dont l’agenda a été annoncé en conseil de gouvernement », a-t-il matraqué, justifiant cette position par les orientations royales de voir le pays crédibiliser ses échéances électorales.
Abdallah Bouanou n’a pas non plus ménagé les walis, ni le CNDH. Il a sévèrement critiqué la censure des walis concernant les conseils régionaux et communaux dans le cadre de la nouvelle loi. «Nous avons supprimé la tutelle, elle a été remplacée par la censure», a-t-il souligné.
Mohammed Nafaa