Manque d’expérience, disent les uns, méconnaissance des grands dossiers économiques, disent les autres, ou encore incompétence à gérer la chose économique, le gouvernement marocain semble ne plus savoir où donner de la tête et c’est aux dépens de l’économie!
Complètement égaré, le chef de gouvernement ne semble pas avoir la tâche facile. Tiraillé par des guerres politico-politiques que lui mènent aussi bien l’opposition qu’un certain Parti de l’Istiqlal, qui fait pourtant partie de ce gouvernement, Benkirane s’éloigne de plus en plus des grands intérêts économiques du pays. Il n’est d’ailleurs pas seul, puisque aussi bien la majorité que l’opposition sont concernées, mais personne ne semble vouloir se tourner vers l’économie. Et voilà que celle-ci «patauge» et risque même de perdre «gros» si des réformes draconiennes ne sont pas mises en œuvre pour stopper la dérive actuelle. Une dérive qui rend l’action du gouvernement dans ce sens encore plus lente et plus inefficace.
Les risques pour le Maroc
Les experts du FMI, qui étaient en mission spéciale jusqu’au 12 juin au Maroc, pour faire le point sur les engagements pris par le gouvernement pour mener des réformes structurelles, notamment la Caisse de compensation, le régime des retraites et la baisse des dépenses de fonctionnement, ne se montrent pas aussi agacés par l’attitude du gouvernement quant au rythme de ces réformes. Car, si ces experts concluent que celles-ci sont insuffisantes, c’est tout «simplement» la Ligne de précaution liquide (LPL) de 6,2 milliards de dollars (accordée au Maroc le 3 août 2012) qui sera suspendue, d’où la perte de confiance des marchés internationaux et l’aggravation de la crise. Et ce ne sont pas des discours «populistes» et «politiciens» qui vont alors arranger les choses pour l’économie nationale.
Dans ce cas, le FMI, qui ne croit certainement plus aux promesses du gouvernement de rétablir les équilibres macroéconomiques à moyen terme, pourrait imposer un plan de redressement, surtout avec la situation actuelle de l’économie marocaine qui peut être tout sauf «brillante», avec notamment un déficit budgétaire qui s’est creusé, à fin avril 2013, à 21,3 MMDH, soit près de la moitié de la prévision (43,5 MMDH) retenue par la loi de Finances 2013. Cela éloigne de plus en plus les prévisions du retour progressif du déficit budgétaire à moins de 3% en 2016. En 2012, il a dépassé 7%!
D’autre part, il y a la réforme de la Caisse de compensation, dont le budget valait 8% du PIB en 2012. Réclamée par l’opposition et le FMI, cette réforme est gangrenée par une polémique politique stérile à laquelle le gouvernement Benkirane accorde plus d’importance face à l’opposition. L’Istiqlal voudrait la supprimer et accorder une aide directe aux plus démunis, alors que le gouvernement compte la maintenir avec quelques transformations, bien qu’elle ait coûté, en 2012, plus de 54 MMDH au budget de l’Etat.
Un FMI plus exigeant
Le FMI ne conseillerait plus, mais exigerait l’accélération de la mise en œuvre de la réforme en ciblant les populations les plus pauvres par la distribution d’aides directes. Il avait notamment appelé le gouvernement à agir efficacement et à réformer cette Caisse de compensation. De même, il avait aussi préconisé la révision du système de retraite et prédit une augmentation de l’inflation à 2,5%, la stagnation du déficit budgétaire à 5,5% et le recul des réserves de change. Il semble aujourd’hui impatient face à l’absence de réaction du gouvernement. Ceci explique la présence au Maroc, jusqu’au 12 juin, d’une délégation du Fonds conduite par Jean-François Dauphin, chef du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Délégation reçue d’ailleurs par Abdelilah Benkirane qui a, selon un communiqué des services de la Primature, passé en revue, à l’occasion, les récents développements macroéconomiques, ainsi que les perspectives de mise en œuvre des réformes structurelles annoncées par le gouvernement.
Son discours a-t-il été convaincant? A-t-il réussi à persuader ces experts du FMI que le gouvernement est décidé à se mettre au travail pour éviter le pire? Tout sera su bientôt. Mais avant tout, n’est-il pas temps de s’occuper sérieusement de l’économie et de passer à l’action par la mise en œuvre des mesures qu’impose une conjoncture de plus en plus difficile?
Se déciderait-on à éviter au Maroc et à son économie, jusqu’à présent dans l’impasse, un mauvais «PAS» et de franchir le «pas» en troquant «l’hostilité» contre «l’austérité», même si le capital «popularité» doit y laisser quelques plumes?