Maroc-France | Crise, rapports secrets et bon sens

Tout doucement, le sentiment qu’une crise entre le Maroc et la France couve a glissé, au fil des mois, des plus hautes sphères politiques vers les plus larges couches de la population.

Il est vrai qu’au début, personne ne voulait y croire. Des problèmes avec notre amie la France ? Notre 1er partenaire commercial (avant que l’Espagne ne lui dispute cette place) et notre 1er soutien au Conseil de Sécurité dans le dossier du Sahara ? Non… Et quand bien même il y en aurait, ils ne pourraient être que mineurs et vite résolus…

Le fait est que lesdits problèmes, juste soupçonnés à l’époque, se sont bien confirmés, puis multipliés, jusqu’à installer entre les deux pays une crise, d’abord latente, aujourd’hui manifeste.

Bien sûr, vis-à-vis de l’opinion publique, la France tente de temps à autre un démenti et le Maroc officiel garde le silence. Mais nul n’est dupe, ni les observateurs internationaux qui suivent de près les relations du Maroc avec la France, ni les cercles politico-médiatiques marocains, qui ont régulièrement pointé et recensé les facteurs de dégradation de ces relations. Et désormais, ce sont tous les citoyens marocains qui s’interrogent sur les véritables intentions de la France. Avec la décision des restrictions appliquées aux visas, les couches populaires sont concernées et, progressivement, la colère monte contre la France.

Une incompréhension «d’en-bas» qui s’ajoute à l’incompréhension «d’en-haut».

Personne au Maroc, en effet, ne comprend la réaction de la France face au choix du Maroc de diversifier ses relations internationales, ou d’aller vers ses pairs africains (sachant que Rabat se garde bien queses activités en Afrique n’empiètent sur celles des autres Capitales), ou encore d’accorder le marché du port de Dakhla au moins disant (qui plus est des nationaux).

Ahmed Lahkim, président d’un nouveau parti français, l’UDLEF

Pas plus que ne sont comprises les attitudes quasi-comminatoires de hauts responsables français à l’égard du Maroc, ni les mesures de représailles qui ne disent pas leur nom… Tels le traitement inédit et violant toutes les règles de réciprocité en la matière, infligé sur le sol français au plus grand responsable sécuritaire marocain, Abdellatif Hammouchi, l’affaire des restrictions de visas, ou –plus grave- l’affaire Pegasus qui a mobilisé tous les médias publics français contre le Maroc…

Et ce que les Marocains comprennent encore moins, c’est l’attitude du Président Macron qui semble faire de ses relations avec l’Algérie un instrument de pression sur le Maroc. Certains y voient même un instrument de chantage.

Cette semaine, la tension est montée d’un cran avec le «fuitage» de deux présumés rapports «secrets» «RF/PM/21/22» du 14 novembre 2021 et «RF/PM/22/23»du 7 mai 2022, dans lesquels le patron de la DGSE française (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), Bernard Emié, conseille au Président Macron, face à la baisse des intérêts de la France au Maroc, une série de mesures de déstabilisation et de représailles contre le Royaume et ses symboles.

Certes, l’ambassade de France à Rabat a formellement démenti ces informations, mais pour bon nombre de Marocains, ce qui est conseillé dans ces présumés rapports est déjà partiellement mis en œuvre et le Président Macron serait bien mal inspiré d’aller plus loin. En appliquant l’ensemble de ces conseils, s’ils étaient vrais (une source américaine affirme que les deux rapports en question sont authentiques… Qui croire ?), il risquerait d’affaiblir davantage la France, en la privant de ses relations historiques avec le Maroc et de tous les accords et partenariats qui vont avec… Ce qui fera le bonheur d’autres Puissances entrées (en force) en compétition au Maghreb et en Afrique. L’Afrique, où la France est en perte de vitesse…

ONMT/ Maroc | Le “Light Tour” fait un carton à Londres

Une chose est sûre, corser le bras de fer avec le Maroc serait une erreur stratégique qui ferait perdre à la France beaucoup plus que ce qu’elle croit avoir perdu aujourd’hui. Rabat n’a qu’une revendication: préserver son intégrité territoriale et donc, son Sahara, qui représente 1/3 de son territoire.

Pourquoi la France, qui a amputé le Maroc d’une grande partie de ses terres à l’Est pour en enrichir l’Algérie qui était alors française ; et qui sait autant que l’Espagne que ce qu’ils appellent «le Sahara occidental» est bel et bien marocain, ne veut-elle pas accepter cette revendication ? Pour tenir la dragée haute au Maroc ? Cette époque est finie ! Bien au contraire, le Président Macron devrait faire du Maroc son meilleur allié pour continuer de compter parmi les grands, même s’il y a une redistribution des cartes. Il y a une place pour tous… sauf pour ceux qui s’excluent d’eux-mêmes. Cela procède du bon sens. Quant au piège du Régime algérien, qui veut imposer à tous les Etats un choix radical entre Alger et Rabat, mieux vaut ne pas y tomber. Personne n’y a jamais gagné. Le Maroc, lui, n’exige nullement que ses amis ne soient pas ceux de l’Algérie. Il faut perdre tout sens de ses intérêts pour imposer une telle exigence… Ou pour l’accepter !

Bahia Amrani

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