Il a foisonné, sur les réseaux sociaux, ces derniers temps, des points de vue et commentaires qui disent tout et son contraire sur le séjour de plusieurs semaines effectué par SM Mohammed VI à l’étranger. Séjour qui vient de prendre fin avec le retour du Souverain dans son pays, ce lundi 16 avril.
La liberté à laquelle donnent lieu, aujourd’hui, les réseaux sociaux, est sans limites.
Indépendamment des médias internationaux dont la ligne éditoriale est connue ; et des plumes de journalistes étrangers au positionnement non moins connu ; de nombreux internautes nationaux ont également surfé sur la vague… Tous s’interrogeant, avec bonne ou mauvaise foi, sur les causes et les effets de ce long séjour royal hors du Maroc.
Quelle est la part de vraies inquiétudes ?
Et quelle est la part d’instrumentalisation des faits ?
Les inquiétudes, il y en a eu de sincères. Elles ont eu trait à la santé du Roi et ont été fortement ressenties par le Peuple marocain, à l’annonce de l’intervention chirurgicale subie par le Souverain, en France.
C’était le 26 février dernier, lorsqu’un communiqué officiel, signé par ses médecins, expliquait que SM Mohammed VI avait été victime de troubles du rythme cardiaque le 20 janvier, déjà ; que des recherches médicales avaient été effectuées et avaient conclu à un «flutter auriculaire» (accélération et arythmie des battements du coeur). D’où l’intervention chirurgicale du 26 février, à Paris, qui a consisté en une ablation par radiofréquence de cette arythmie.
Le communiqué avait bien précisé que l’opération s’était déroulée avec succès et qu’elle avait permis de normaliser le rythme cardiaque du Souverain. Mais les inquiétudes étaient bien là. Avec, d’un côté, l’effet rétroactif du choc, le communiqué ayant indiqué que la 1ère alerte cardiaque s’était produite plus d’un mois en arrière. Et, de l’autre, le souci de se rassurer sur le fait que la convalescence se déroulait bien, depuis la sortie de clinique…
De nombreux internautes ont exprimé ces sentiments, spontanément et sincèrement, sans extrapoler sur l’absence ou la présence du Roi dans son pays… Ils exprimaient là les sentiments de l’écrasante majorité du Peuple marocain.
«Le Roi absent»
Mais il y a eu aussi l’inévitable instrumentalisation des faits, par ceux qui font feu de tout bois dès lors qu’il s’agit du Maroc et de son Roi.
Passons sur l’utilisation de moyens éhontés d’«intox» et de désinformation (photo royale retraitée, mensonges ignobles) qui mettent à nu l’indignité de leurs auteurs. Et arrêtons-nous sur les commentaires qui se veulent plus crédibles, qu’ils soient parus dans des médias ayant pignon sur rue, sous des signatures de renom, ou juste dans tel ou tel forum des différents réseaux sociaux.
Il y est question des récents déplacements royaux à l’étranger, pour lesquels les commentateurs et présumés analystes tiennent de véritables comptes d’épicier, alignant destination et nombre de jours relatifs à chacun d’eux. Et il y est surtout question du dernier séjour du Souverain en France, sur lequel toutes les libertés de commentaire ont été prises… Qualifié de tellement long que les uns lui ont trouvé de foireuses explications politiques, tandis que les autres ont tout simplement ignoré les 18 ans de gouvernance royale, pour ne s’en tenir qu’à ce séjour de quelques semaines hors du pays et qualifier le Souverain de «Roi absent», ou «Roi virtuel»…
Sans compter que ce prétendu «long séjour français du Roi» n’était, en aucun cas, un séjour de non-gouvernance du pays par le Souverain. L’écrire, c’est soit verser dans la «manip» et «l’intox», soit –dans le meilleur des cas- méconnaître totalement le Maroc et son Roi… Qui n’a jamais été un «Roi absent».
Des actes connus, d’autres pas…
Outre le fait que le Roi a le droit, comme tout un chacun, de prendre un temps de repos (a fortiori quand il s’agit d’une convalescence) et de choisir pour cela la destination qu’il veut, faut-il rappeler aux zélés commentateurs qu’un chef d’Etat n’est pas un fonctionnaire, tenu de se trouver derrière un bureau ou un guichet, de 8h à midi et de 14h à 18h, pour servir son pays ?
SM Mohammed VI, en particulier, a un rythme et des horaires de travail qui en ont impressionné plus d’un. Faut-il avoir la mémoire courte pour oublier les tournées royales dans toutes les régions du Maroc, matin et soir, toute la semaine, week end compris, des mois durant, sous le soleil comme sous la pluie ? S’ils n’étaient tenus par l’obligation de réserve, les proches collaborateurs du Souverain pourraient en témoigner. Dans une de ses sorties intempestives, l’ex-chef de Gouvernement, Abdelilah Benkirane, l’avait fait, rapportant que le Roi l’avait réveillé à 4h du matin, pour s’enquérir d’une manifestation à Tanger.
Pendant son séjour en France, le Roi était loin d’être absent. La présence du Souverain était signée par des actes et faits concrets, les uns connus, les autres pas.
Cela va de la prise en charge des frais d’inhumation et obsèques des victimes d’accidents dans la région de Tanger (mi-février) ou d’Agadir (fin mars), au suivi du dossier du Sahara à l’ONU, à la veille d’une nouvelle résolution du Conseil de Sécurité, ou encore, le suivi du dossier de l’accord de pêche Maroc-UE, avec tout ce que cela induit comme travail, contacts et lobbying…
Il y a également les rencontres du Roi avec les leaders et chefs d’Etats, qui ont toutes pour objectif la consolidation des relations d’amitié interétatiques et la défense des intérêts supérieurs du pays.
Où est la logique ?
Entre, par exemple, dans cette catégorie, la réunion de SM Mohammed VI avec le Président Macron, à l’Elysée, le 10 avril dernier, au terme de laquelle «les deux chefs d’Etat se sont réjouis de l’excellence des relations bilatérales entre le Maroc et la France et ont marqué leur volonté de les renforcer dans tous les domaines, notamment politique, sécuritaire, économique et culturel», selon un communiqué du Cabinet Royal. Ou la soirée privée du Souverain avec le Prince Héritier saoudien Mohamed Ben Salmane (MBS) et le président du Conseil des ministres libanais, Saad Hariri. Soirée immortalisée par le Selfie de Saad Hariri, dont les Marocains ont vu le 1er résultat au Sommet de la ligue arabe de cette semaine à Dahrane (Arabie Saoudite), avec cet appel unanime à soutenir la candidature marocaine pour l’organisation du Mondial 2026.
Où qu’il soit, le Roi travaille donc. Mais ceux qui lui reprochent d’être absent sont invités à une réflexion. Que veulent-ils au juste ? Lorsque le Souverain est à pied d’oeuvre dans son pays, il lui est reproché de concentrer les pouvoirs et de décider de tout. Et lorsqu’il laisse le Gouvernement faire son travail et qu’il se consacre à l’une de ses attributions constitutionnelles, en l’occurrence la diplomatie, il lui est reproché de ne pas tout prendre en mains…
Il lui est donc reproché, à la fois, sa présence et sa non-présence ! Où est la logique ?
Bien sûr, la présence physique du Roi dans son pays est souhaitée par tous les Marocains. Elle les rassure. Elle dynamise la vie politique… Mais ce n’est pas une raison pour que ses absences lui soient comptées.
Bahia Amrani