On en rirait presque, si les dangers n’étaient pas réels. Mais tous ces propos menaçants que tiennent les uns et les autres au sujet du Maroc commencent à faire beaucoup, comme on dit en langage courant…
Faire face au terrorisme ? Au séparatisme ? Aux supporters de l’un et de l’autre qui agissent en électrons libres ?
La question qui se pose de plus en plus est de savoir si la classe politique a bien conscience de la situation ?
Car à constater les chamailleries politiciennes, au sein du Parlement et dans certains partis (l’USFP, notamment) ; à voir les «causes» qui mobilisent nos représentants ; on a l’impression d’une déconnexion totale de nos politiques des vrais intérêts de la nation.
Posons-leur des questions naïves. Qu’est ce qui est plus important: une scission au sein de l’USFP, ou les menaces du chef de Daesh ? Les guéguerres entre majorité et opposition, ou ce que traverse aujourd’hui la question de l’intégrité territoriale du pays ?
Où en sont les partis au sujet de ces deux dossiers ?
Il y a quelques jours, alors que certains le croyaient mort, atteint par les bombes américaines, le chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi, a fait diffuser un enregistrement audio de 17 minutes où il s’en prend nommément au Maroc, entre autres pays.
Et de haranguer ses ouailles, les invitant à la violence aux quatre coins du monde: «Ô soldats de l’Etat islamique, allumez partout les volcans du jihad». «La marche des moudjahidines se poursuivra jusqu’à ce qu’ils atteignent Rome», a-t-il menacé, avant de saluer la création de «nouvelles wilayas» affiliées à Daesh dans cinq pays: l’Arabie Saoudite, le Yémen, l’Egypte, la Libye et l’Algérie, promettant que l’Etat islamique continuera de s’étendre…
Presque dans le même temps, les autorités marocaines interpellaient des terroristes –voilà qui est nouveau- de nationalités étrangères, notamment des Français, venant fomenter leurs coups au Maroc…
Par ailleurs, depuis le discours royal qui a exprimé l’exaspération du Maroc devant l’injustice et les pressions qu’il subit dans l’affaire du Sahara, la partie adverse multiplie les menaces, quand elle ne les met pas à exécution… Plusieurs manifestations ont eu lieu au Sahara, sous un prétexte ou un autre, mais aussi en Espagne où une organisation qui soutient les séparatistes –l’eucoco- a organisé un rassemblement et multiplié les recommandations hostiles au Maroc.
C’est à l’occasion de ce rassemblement que la chef de file des «séparatistes de l’intérieur», Aminatou Haïdar, qui tenait une conférence de presse, le 15 novembre à Madrid, a lancé ses propres menaces: «La situation actuelle marquée par le blocage du processus de négociations risque de pousser les jeunes sahraouis à agir par d’autres moyens, telle que la violence, pour attirer l’attention de la communauté internationale», a-t-elle dit.
Propos clairs qui annoncent de nouvelles manifestations au Sahara.
Reposons la question: la classe politique a-t-elle bien conscience de la situation ? Et que compte-t-elle faire ?
Personne, à part elle, ne peut répondre à ces questions.
Ceux qui n’ont pas de pouvoir de décision ne peuvent que constater, avec angoisse, que pour le Maroc, il y a de grosses menaces d’un côté et de gros points d’interrogation de l’autre.
Bahia Amrani