Artémis, leader marocain dans le domaine de l’information juridique pour les professionnels, a organisé, jeudi 30 novembre 2017 à Casablanca, une matinée d’étude pour présenter le nouveau Code de la presse.
Animée par Abdelkader Azergui, avocat inscrit au Barreau de Casablanca, cette matinée d’étude, placée sous le thème «Les fondamentaux de l’encadrement du journalisme dans la loi 88-13», a été l’occasion de relever les points forts et les inconvénients de cette loi relative à la presse et à l’édition au Maroc, ainsi que les difficultés auxquelles font face les journalistes marocains dans l’exercice de leur métier.
Le journalisme entre hier et aujourd’hui
Au début de sa présentation, Me Azergui a expliqué que le Royaume a franchi des étapes importantes en matière de liberté d’expression et d’exercice du journalisme, en tant que métier noble et riche en expériences. «Les jeunes journalistes sont nés dedans et, de ce fait, ne sauront peut-être pas à quel point le journalisme, en tant que métier, s’est développé», a-t-il affirmé. Il a rappelé que, par le passé, il était très difficile, parfois-même impossible d’accéder à l’information pour pouvoir la partager à grande échelle avec les lecteurs. Abdelkader Azergui a ensuite souligné que le vide juridique touchant la réglementation de la presse est enfin comblé par la loi n° 88-13, relative à la presse et à l’édition. Selon lui, la profession jouit aujourd’hui de garanties dont elle ne disposait pas avant, comme la protection accordée aux journalistes et la possibilité qui leur est donnée de ne pas dévoiler leurs sources d’information. «Avant, le journaliste était parfois obligé de donner ses sources, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, grâce à cette loi», a noté Azergui.
Les vieilles pratiques ont la peau dure
Par ailleurs, l’avocat a attiré l’attention sur les difficultés auxquelles font face les journalistes dans l’exercice de leur profession. Parmi elles, le refus de certains responsables politiques et administratifs de s’adresser aux médias. Selon l’orateur, la rétention de l’information est contraire aux principes contenus dans la loi 88-13, ainsi qu’à la Constitution de 2011 qui a placé l’accès à l’information en tête des droits garantis pour l’ensemble des citoyens.
Retour à la case prison
S’agissant des peines privatives de liberté, contenues dans le Code pénal auquel le Code de la presse renvoie explicitement, Abdelkader Azergui a affirmé: «Les juges se montrent généralement cléments envers les journalistes, du moment que ces derniers n’ont pas porté atteinte aux fondamentaux de l’Etat, à savoir Dieu, la Patrie et le Roi». Et d’ajouter que cette question de peines privatives de liberté qui menacent les journalistes nécessite l’ouverture d’un débat plus approfondi.
Une avancée, mais…
Me Azergui a conclu que la loi 88-13 relative à la presse et à l’édition est une avancée et est essentielle dans le processus des réformes visant la consolidation du processus démocratique et des fondements de l’Etat de droit. Il n’a pas manqué de saluer «l’effort collectif qui a marqué le processus d’élaboration et d’adoption de cette loi, ainsi que celui des autres lois relatives à la presse, qui forment le Code de la presse et de l’édition».
Il y a lieu de relever que l’optimisme était au rendez-vous lors de cette matinée de formation, quoique nombre de journalistes qui y ont assisté estimaient que le fossé demeure encore très grand entre les lois qui régissent le secteur de la presse et la réalité sur le terrain, notamment pour les professionnels du secteur.
Mohcine Lourhzal