On attendait son annonce depuis début 2016, mais c’est en 2018 qu’elle aura finalement lieu. La décompensation du prix du sucre sera étalée sur 2 ans. Il reste à savoir comment elle sera introduite et quel impact sur les consommateurs.
Après avoir été maintes fois reportée, voilà que la décompensation du prix du sucre revient sur les devants de la scène, avec une très probable entrée en vigueur progressive, courant 2018, étalée sur 2 ans. Rien d’officiel ne vient, pour l’instant, confirmer l’information. Il n’en demeure pas moins que les fuites et bruits de couloirs qui pullulent depuis plusieurs semaines font état d’une mise en application à très court terme. Plusieurs sources concordantes le confirment et le plan de décompensation restera, a priori, le même que celui concocté en 2015, année durant laquelle ont été faites les premières annonces de décompensation de ce produit de première nécessité.
En effet, il y a 2 ans de cela, le bruit courait que le projet de loi relatif à la décompensation du prix du sucre était «prêt» et n’attendait que le feu vert du gouvernement pour son entrée en vigueur (en janvier 2016). Il fut reporté, une première fois, à une date ultérieure, puis reporté à nouveau en juin 2016 pour après les élections d’octobre. La suppression de cette subvention devait soulager les finances de l’Etat de quelque 3 MMDH par an, si l’on en croit les chiffres avancés, à l’époque, par le ministère chargé des Affaires générales et de la Gouvernance. Dans le détail, cela reviendrait à supprimer ladite subvention de manière progressive, notamment de – 0,15 DH/kilo par mois en moyenne, pendant 2 ans. Comment le gouvernement avait-il identifié ce chiffre? Il fut calculé, la toute première fois, début 2015. Le poids de cette subvention était aux alentours de 2 MMDH. La baisse de – 0,15 DH/kilo par mois était, alors, programmée sur 18 mois. Sauf qu’entre-temps, le poids de la compensation pour ce produit s’est alourdi de 1 milliard supplémentaire, ce qui justifierait les 6 mois rajoutés. S’agissant de l’impact qu’une telle décision aura sur le portefeuille du consommateur, le gouvernement avait adopté l’hypothèse de travail selon laquelle un Marocain consommerait en moyenne 36 kilos de sucre par an. Mathématiquement, cette mesure impacterait ce dernier à hauteur de 100 dirhams par an tout au plus. Or, ce que le gouvernement avait omis dans ses calculs, c’est la pondération avec tous les autres produits industriels contenant du sucre et qui ont été mis sur un pied d’égalité avec le produit fini en lui-même. Les industries du soda, les confiseries et les pâtisseries, qui accessoirement participent pour plus du quart à la consommation globale, ont été intégrés au calcul, ce qui le fausse de facto.
De plus, les estimations ont omis de préciser la prise en compte du sucre granulé, qui représente plus de 56% de la consommation nationale. Pourtant, la décompensation concerne quasi exclusivement cette forme de produit, qui est celle utilisée par les industriels comme intrant. Le sucre granulé coûte 4,5 DH/Kg, contre 5,82 pour les morceaux et les lingots. Une question s’impose: pourquoi cette décompensation intervient-elle maintenant? Parce que le contexte s’y prête, à en croire les conclusions d’un rapport de la Caisse de compensation qui fait état d’une chute du prix du sucre importé (60% des besoins). Aussi, l’autre argument avancé est médical, cette fois. Le consensus veut que la consommation excessive de sucre soit dangereuse pour la santé. Cela devrait, en principe, amener les Marocains à réduire progressivement la part de ce produit dans leur panier et avec lui celle des produits sucrés. Le soulagement des caisses de l’Etat n’en serait donc qu’un effet secondaire fortuit, mais ô combien opportun!
Mehdi Mouttalib