La Caisse marocaine des retraites est au rouge depuis des années. Pour tenter l’équilibre financier du régime de retraites, le gouvernement de Benkirane a élaboré une réforme. Cette réforme a été catégoriquement rejetée par les syndicats parce que, selon eux, elle comprendrait des mesures anti-démocratiques et que c’est l’Etat qui a failli à son devoir. Eclairage.
Le gouvernement a tenu, mercredi 18 juin, une réunion avec les centrales syndicales, ainsi que les directeurs des différentes Caisses de retraite, pour débattre de la problématique de la réforme des régimes de retraite, notamment la Caisse marocaine des retraites (CMR).
Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a confirmé pendant cette rencontre que le régime des retraites est arrivé à un stade de déficit très critique et que cette problématique constitue une source de préoccupation nationale qui doit impliquer tout le monde. Ce qui nécessite, selon lui, une prise de mesures immédiates pour la réforme de ce régime. Et d’ajouter: «L’objectif de la réunion de la commission technique chargée de la réforme des retraites est de se pencher sur la réflexion concernant les différentes mesures, afin d’établir l’équilibre financier des régimes de retraite».
La réforme proposée par A. Benkirane entend relever de façon graduelle l’âge légal de la retraite, à 62 ans à partir de l’année prochaine, dans la perspective de le fixer durant les années à venir à 65 ans ; augmenter les cotisations de l’Etat, des employeurs et des employés de deux points ; et calculer la pension en fonction du salaire moyen perçu lors des dernières huit années de travail, au lieu du dernier salaire, tout en sauvegardant tous les droits acquis jusqu’au moment de la réforme.
Lors de cette rencontre, il a été décidé que les centrales syndicales présentent leurs propositions concernant cette problématique dans un délai d’un mois. Le chef de gouvernement a pour sa part rappelé que les réserves de la Caisse marocaine des retraites ne tiendraient pas au-delà de 2019 ou de 2021. A. Benkirane a également rappelé la situation déficitaire du régime des retraites civiles et le manque des réserves à l’horizon attendu. Il a assuré que si aucune mesure n’est prise pour réformer ce régime, il faudra s’attendre à une détérioration de la situation et, par conséquent, les pensions des retraités ne seront plus versées. Le chef de gouvernement a aussi informé que le gouvernement adopte, dans le cadre de la réforme des régimes de retraite, l’approche de consultation de toutes les parties concernées, afin de s’assurer des conditions de succès et de la durabilité de ces systèmes, compte tenu de leur impact économique et social sur les générations actuelles et futures. Les syndicats, au nombre de cinq, dont l’alliance des trois organisations, l’UMT, la CDT et la FDT, représentés par leurs secrétaires généraux respectifs, ont largement refusé la proposition de sauvetage de la Caisse marocaine de retraite. Ils ont souligné qu’ils refusaient le relèvement de l’âge de départ à la retraite pour les fonctionnaires et la hausse des cotisations.
Mesures rejetées par les syndicats
Les syndicats ont ainsi rejeté catégoriquement ce projet de réforme. Pour eux, ces mesures sont provisoires et ne pourront jamais résoudre les différents problèmes de la CMR, surtout à long terme.
Les centrales syndicales ont maintenant trois semaines pour remettre leurs contre-propositions. Ils considèrent ce projet de réforme de la CMR antidémocratique et impopulaire. Car, selon eux, les mesures qu’il préconise frappent de plein fouet les droits acquis des salariés. «L’UMT a suivi avec intérêt l’exposé du chef de gouvernement, mais il s’est révélé que les propositions du gouvernement sont restées inchangées. Le gouvernement veut faire subir le poids par les fonctionnaires en allongeant l’âge de la retraite à 62 ans en 2015 et à 65 ans durant les années à venir et en augmentant les cotisations à 28%. Ce qui est grave encore, c’est que l’Etat compte aussi baisser la pension de 20 à 40% et ce, en calculant la pension en fonction du salaire moyen perçu lors des dernières huit années de travail, au lieu du dernier salaire perçu», s’indigne Miloudi Mokharik, Secrétaire général de l’Union Marocaine du travail. Et d’ajouter: «L’UMT et Miloudi Mokharik, en sa qualité de Secrétaire général de l’Union Marocaine du travail, rejettent les propositions du gouvernement. Pour ce qui est de l’augmentation de l’âge de la retraite, elle doit être facultative, parce qu’il faut prendre en considération la pénibilité de certaines fonctions telles les sapeurs-pompiers, le corps de la police et les enseignants. Sans oublier les femmes qui, comme tout le monde le sait, ne peuvent pas travailler jusqu’à 62 ans. Quant à l’augmentation des cotisations, c’est une mesure aberrante. Les retraités ont besoin d’une retraite décente. Ces derniers ont des soins médicaux qu’ils continuent à traîner durant toute leur vie. L’actuel gouvernement nous demande de travailler plus, de cotiser plus et de gagner moins». Il faut suspendre ces mesures parce que ces fonctionnaires ont payé leurs cotisations, surtout que c’est l’Etat qui les prélevait à la source, qui ne respectait pas ses engagements et a suspendu le paiement des cotisations depuis 1960 et jusqu’à 2004 (la part patronale). Sans oublier, bien entendu, les détournements de fonds et la mauvaise gestion des Caisses de retraite, selon Miloudi Mokharik. «Et si 11 milliards de DH avaient été fructifiés, on ne serait pas arrivé à cette situation. L’Etat doit mettre la main à la poche, au lieu de faire payer les fonctionnaires», conclut-il.
Acceptation sous réserves et solutions…
«Abdelilah Benkirane a dévoilé la vision du gouvernement concernant une partie des retraites, plus précisément celle de la CMR. Sur ce plan, il a raison, puisqu’il est temps de porter des solutions à ce régime déficitaire. C’est vrai que l’Etat a failli à ses obligations. Il a suspendu le paiement de ses cotisations durant plusieurs années et la situation, elle, est dramatique. Alors, qu’est-ce qu’on va faire? Les syndicats s’opposent à ces mesures, mais on doit faire quelque chose. On ne peut pas attendre sans adopter les mesures d’accompagnement de ce régime. La Commission nationale technique chargée de la réforme des retraites a trouvé des solutions tels le prolongement de l’âge légal de la retraite, la révision en baisse de la pension de retraite et l’augmentation des cotisations de deux points», indique Abdellatif Ouammou, membre du BP du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et parlementaire. Et d’ajouter: «Le taux de la couverture sociale n’est que de 30%, ce qui est malheureux. À côté de ce problème de la couverture sociale, il y a également le chômage lié au taux bas de la croissance. À mon avis, il faut définir la politique de l’emploi. On espère que le ministre de l’Emploi et des Affaires sociales, Abdeslam Seddiki, la dévoile au mois de septembre, comme convenu. Les solutions avancées par le gouvernement de Benkirane restent des solutions provisoires et très relatives. Il est donc impératif de capitaliser. Pour la continuité ou la pérennité de l’équilibre du régime des retraites, il faut passer du système de retraite distributif à un système de retraite capitalisé. La masse prend de l’ampleur, il faut sauver l’avenir des retraités marocains».
Badia Dref
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La CMR va enregistrer un déficit de 200 à 300 MDH en 2014 La Caisse marocaine de retraite (CMR) souffre d’un déficit depuis plusieurs années, suite à la mauvaise gestion, aux détournements des deniers publics et au non-remboursement de la part patronale de l’Etat au profit de ses fonctionnaires. La CMR va enregistrer un déficit de 200 à 300 millions de DH en 2014. Dans sept ans, des milliers de retraités de la Fonction publique risquent de se retrouver sans pension. Et si rien n’est fait, les réserves seront totalement épuisées en 2021, selon les responsables. En plus de cela, le pays doit faire face à un rapport démographique cotisants/bénéficiaires de plus en plus défavorables, dû à une hausse de l’espérance de vie et à une baisse des naissances. En même temps, le gouvernement est pressé de poursuivre la réduction de son déficit public qui a atteint plus de 7% en 2012 du fait de l’explosion du coût de la Caisse de compensation qui atteint plus de 56 milliard de DH. Il devrait être ramené sous les 5% à fin 2014, à la faveur notamment de la libéralisation des prix de l’essence. |
BD
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Interview
Jamal Belahrach, président de la commission de l’Emploi et Relations sociales à la CGEM et membre de son Conseil d’administration
«Le temps de la décision est venu»
Pour Jamal Belahrach, la situation des régimes de retraites du secteur public est dramatique et ne rien faire serait suicidaire. Ceci est une question de responsabilité politique.
Que pensez-vous des décisions qui seront prises par le gouvernement concernant la réforme du régime de retraites?
La situation du régime de retraites du secteur public est dramatique. Ne rien faire serait suicidaire et surtout irresponsable vis à vis des futurs retraités. Le gouvernement est dans son rôle de faire les bons arbitrages en tenant compte des intérêts communs et non partisans. Cela fait quelques années que nous reportons les décisions, que nous faisons des études qui aboutissent à des rapports. Le temps de la décision est venu. Ceci est une question de responsabilité politique. Il y aura certainement un peu de casse, mais les non décisions ont cumulé le déficit et ont fait que la facture serait plus élevée pour les uns et les autres.
Etes-vous pour ou contre l’augmentation des cotisations salariales, la prolongation de l’âge de la retraite à 62 ans, puis à 65 ans et la baisse des pensions?
Dans tous les pays qui ont réformé leurs régimes de retraite, l’ensemble des paramètres ont été revus. Il ne faut pas oublier que le progrès nous fait vivre plus longtemps et, par conséquent, travailler plus longtemps pour toucher une pleine retraite ne doit pas être perçu comme étant une décision rétrograde. Ce qui est important, c’est que le retraité puisse avoir le choix de partir à 62 ou à 65 ans. En ce qui concerne l’augmentation des cotisations, elle est inéluctable du fait que l’Etat a été généreux pendant des années et que, maintenant, il faut rééquilibrer le niveau des cotisations. Cependant, il serait injuste que l’Etat ne contribue pas à cette hausse car, je le rappelle, il est responsable de cette situation. Enfin, la baisse de la pension devra être amortie par une mesure fiscale ou sociale qui ne baisse pas trop le pouvoir d’achat, pour ne pas pénaliser la consommation et donc notre croissance et nos emplois.
Quelles seront vos propositions?
Que l’Etat prenne ses responsabilités, car plus nous tardons, plus nous aggravons la situation et la facture prendra encore une dimension plus importante de faillite du système. Nos propositions sont alignées sur celles de la Cour des comptes qui nous semblent juste. Vous savez, mettre en place un modèle social juste, cela passe par une contribution juste de toutes les parties prenantes. Il est temps que nous en prenions conscience si nous ne voulons pas préempter l’avenir de plusieurs générations de notre pays. L’heure est à la décision. Pour cela, il faut impérativement que le dialogue social soit érigé en priorité politique et installé dans la durée pour que la confiance préside aux décisions qui engagent le futur de notre pays.
Propos recueillis par Badia Dref
cette réforme n’est pas la solution durable et juste . Il faut aller chercher ceux qui ont dilapidé les deniers publics durant des années , et les traduire devant la justice car les citoyens marocains sont tous égaux devant la loi . Les fonctionnaires ne vont payer les pois cassées et déjà ils sont fatigués de la cherté de la vie avec les augmentations des prix que connait notre pays ASSEZ!!
hchoma on a choisi had lhoukoma pour defondre nos droits mais on vois le contraire..le pauvre fonctionnaire dans les
anciennes conditions il saufrait …wach le fonctionnaire dialna howa dialeuropa pour tenir en fonction j usquau 65 ans ….60ans deja trop pour lui vu ses conditions de vie…..en plus le fonctionnaire a cotisé.sufisament…redu lui seulement
son argent soit à l ‘age de 60ans ou 65ans…ou moins