L’UE est le partenaire essentiel et prioritaire du Maroc. Mais, en réintégrant l’Union Africaine, Rabat veut diversifier ses échanges commerciaux, notamment avec ses partenaires africains.
Engagé dans une stratégie visant à consolider davantage ses échanges commerciaux avec l’Afrique, le Maroc a commencé, bel et bien, à tirer parti de cette démarche, avec l’aboutissement de plusieurs partenariats, résultat d’un engagement royal. Ces accords ont été conclus, cette année, sous la présidence du Roi Mohammed VI qui multiplie les voyages dans le continent africain, en compagnie d’une forte délégation d’opérateurs économiques. Mais quelles sont les perspectives pour les relations avec l’UE?
Le Maroc (l’un des rares pays qui se sont vu reconnaître le «statut avancé» avec l’UE) est, certes, soucieux de diversifier ses échanges avec l’Afrique mais, en même temps, il veut maintenir ses relations avec l’Union européenne. La volonté royale -et c’est là une autre carte dans les relations Maroc-UE- est de renforcer davantage ces relations. La coopération entre les deux parties s’est étendue à d’autres domaines. En effet, le Maroc peut jouer également la carte de la sécurité. La vulnérabilité des pays du Sahel en fait, malheureusement, une région à haut risque. Les services que le Royaume rend, en matière de sécurité, pour la stabilité dans cette région, ne sont plus à prouver. De l’avis même de l’UE, le Maroc n’est plus un allié ordinaire dans le domaine sécuritaire. En témoigne la coopération entre l’Espagne et le royaume dans la lutte contre le terrorisme. Les responsables sécuritaires des deux pays ne manquent aucune occasion pour exprimer leur satisfaction de cette coopération.
Autre carte -et non des moindre- dans les relations Maroc-UE: l’immigration. Depuis quelques années, le Royaume est devenu un allié indispensable dans la gestion des flux migratoires. L’UE, qui tente difficilement de maîtriser l’important flux migratoire le long de ses frontières, en sait quelque chose. En effet, sans la politique adoptée par le Maroc pour accueillir les migrants subsahariens, l’Espagne serait aujourd’hui débordée par un afflux massif de migrants venus de la région subsaharienne.
En termes d’échange commercial, l’Union reste le partenaire principal du Maroc. Les derniers chiffres d’Eurostat le confirment. En effet, les exportations marocaines vers l’UE ont augmenté de 5,7% au premier trimestre de 2017. En même temps, les importations de l’ensemble de l’UE ont, elles aussi, connu une hausse de 6,55% au cours de la même période.
Mais avec l’UE, des problèmes surgissent, notamment en rapport avec la question du Sahara. Le différend, qui a toujours opposé le Royaume et le Parlement européen, porte sur l’interprétation de l’accord de libre-échange, signé entre les deux parties en 2012, concernant les produits de l’agriculture et de la pêche. A ce différend s’ajoute maintenant la décision de la Cour de justice européenne, laquelle a jugé, le 21 décembre 2016, que ledit accord ne doit pas s’appliquer au Sahara. Pour le Maroc, qui n’acceptera jamais d’être mutilé de son Sahara, les accords le liant à l’Union et qui assurent des milliers d’emplois continueront de s’appliquer sur l’ensemble de son territoire, y compris le Sahara. Le verdict de la Cour de justice européenne va certainement compliquer les choses entre l’UE et le Royaume. Les prochaines négociations concernant le futur accord sur la pêche ne devraient pas être faciles.
D’un côté, les Européens souhaitent l’aboutissement du futur accord sur la pêche avec le royaume. Car cet accord, disons-le, rapporte énormément aux navires européens (dont 110 navires espagnols). Mais, d’un autre côté, les Européens doivent, en accord avec le gouvernement marocain, trouver une solution juridique afin d’éviter l’«exclusion» du Sahara, tout en restant en accord avec la décision de la Cour (solution qui existe, selon ceux qui estiment que l’accord est légal, dans la mesure où la commercialisation des produits du Sahara profite aux populations du Sahara). Pour l’Etat marocain, sa décision est bel et bien prise: le Sahara est une partie intégrante de sa souveraineté. D’autant plus que le règlement de cette question relève du seul ressort de l’ONU.
Naîma Cherii