Le 28ème Sommet de l’Union Africaine (UA), prévu fin janvier 2017 à Addis-Abeba, en Ethiopie, se tient cette année dans un contexte bien particulier. Après plusieurs années d’absence, le Maroc est attendu à ce rendez-vous continental par excellence.
Le Royaume a, en juillet 2016, lors de la tenue du précédent sommet de l’UA à Kigali, exprimé sa volonté de réintégrer sa famille institutionnelle panafricaine. Ce retour est cependant parsemé d’embûches par les ennemis du Maroc qui évoquent des arguments fallacieux relatifs à des «irrégularités» juridiques qui empêcheraient le Royaume de reprendre son siège à l’UA.
Retrouvailles tant attendues
Le Roi Mohammed VI est attendu, fin janvier 2017 à Addis-Abeba. Le Souverain va prendre part au 28ème Sommet de l’Union Africaine (UA), le Royaume ayant officiellement formulé la demande de réintégrer cette Union qu’il avait quittée en 1984.
Les raisons qui ont poussé le Maroc à claquer la porte de l’OUA, ancêtre de l’UA, sont connues.
Il y a 33 ans, sur une forfaiture, le Polisario est admis au 20ème Sommet de cette instance panafricaine. Ne pouvant passer sous silence une telle infraction aux règlements de l’OUA, le Maroc a claqué la porte. A travers une lettre adressée aux participants au Sommet, feu SM Hassan II déclare que le moment de se séparer de l’OUA a sonné.
Depuis 1984, le siège du Royaume à l’OUA est resté vide, profitant ainsi aux ennemis du Maroc et de son intégrité territoriale.
En 2002, l’OUA change de statut pour devenir l’Union Africaine (UA). C’est à compter de cette date que le Maroc, sous la direction de SM le Roi Mohammed VI, prend conscience que la politique de la chaise vide n’est pas du tout profitable. En fait, le Royaume ne devrait pas tendre le bâton pour se faire battre par ses ennemis.
Vient alors le 27ème Sommet de l’Union Africaine (UA), dont les travaux se sont tenus en juillet 2016 à Kigali. Le Maroc annonce à travers une délégation de haut niveau son intention de reprendre son siège au sein de sa famille institutionnelle panafricaine.
En septembre dernier, une motion est alors transmise à la présidente de la Commission africaine de l’UA, la très contestable Dlamini-Zuma, connue pour ses affinités avec le pouvoir algérien et son laquais, le Polisario. Tous siègent à l’UA et ne souhaitent pas voir le Maroc réintégrer l’Union, pour qu’ils puissent poursuivre leurs manigances et leurs coups bas contre l’intégrité territoriale du Royaume.
Vice de procédure, dites-vous?
Afin d’achever leur plan diabolique contre le Royaume, le trio Algérie-Polisario-Nkosazana Dlamini-Zuma (et, derrière Dlamini-Zuma, son pays l’Afrique du Sud) estime que le Maroc n’a pas suivi la procédure juridique légale pour revenir à l’UA. Sur ce point, les spécialistes en droit international tranchent pour dire que le Maroc s’est plus que conformé aux procédures prévues par l’Acte constitutif de l’UA, texte qui régit le fonctionnement de cette institution panafricaine. Les mêmes sources indiquent que le Royaume remplit toutes les conditions préalables qui lui permettent de réintégrer l’UA.
Reconnaissance de la RASD, mais quelle république?
Les détracteurs du Maroc et de son retour à l’UA avancent dans leur réquisitoire fallacieux anti-marocain qu’en réintégrant l’Union Africaine, le Royaume reconnaît explicitement la RASD, créée par le Polisario et l’Algérie. Sur ce point, le professeur à l’Institut des études africaines à Rabat, Khalid Chegraoui, explique que le Maroc ne peut reconnaître une république qui ne jouit pas de la reconnaissance de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Il ajoute que la RASD ne devait même pas siéger à l’UA. En effet, l’article 6 de l’Acte constitutif de l’Union stipule: «La Conférence est composée des Chefs d’Etat et de Gouvernement ou de leurs représentants dûment accrédités». Cet article de l’Acte parle des Etats. Or, la RASD n’est pas reconnue en tant que telle.
Dlamini-Zuma improvise une nouvelle procédure
Constatant que le Maroc est en position de force et que sa réintégration de l’UA n’est plus qu’une question de jours, la présidente de la Commission africaine monte sur ses grands chevaux. Dlamini-Zuma exige alors un document écrit du Maroc dans lequel il s’engage à respecter, entre autres, le principe d’inviolabilité des frontières postcoloniales. La bonne dame et, avec elle, ses alliés (Algérie et Polisario) croient que le Maroc n’y verra que du feu et signera cet engagement, en faveur des séparatistes.
En réaction à la nouvelle exigence de la présidente de la Commission africaine de l’UA contre le Maroc, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération réagit de façon vigoureuse. «Après avoir retardé, de manière injustifiée, la diffusion de la demande du Maroc aux membres de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma poursuit son élan d’obstruction, en improvisant une nouvelle exigence procédurale, inédite et sans fondement, ni dans les textes, ni dans la pratique de l’Organisation, par laquelle elle rejetterait arbitrairement les lettres de soutien au Maroc émanant des ministères des Affaires étrangères des Etats membres de l’UA», déplore le communiqué du département des Affaires étrangères.
Le Souverain prend les choses en main
Le Roi Mohammed VI, qui est également Docteur en Droit, est un fin connaisseur des procédures juridiques régissant les relations internationales. D’ailleurs, le Souverain passe très vite à l’action en convoquant un Conseil des ministres qu’il préside en personne au Palais royal à Marrakech, le 10 janvier 2017. Lors de ce Conseil, ayant connu l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union Africaine (UA) et les textes y afférents, le Souverain enjoint aux membres des deux Chambres du Parlement de se réunir en séance plénière pour adopter l’Acte en question. L’exécution de la volonté royale ne tarde pas, puisque le Parlement, avec ses deux Chambres, adopte à l’unanimité, les 17 et 18 janvier 2017, l’Acte constitutif de l’UA. Au niveau interne, la réintégration par le Maroc de sa famille institutionnelle panafricaine est aujourd’hui légitime et revêt tout son aspect juridico-légal. Reste à savoir si tel est le cas au niveau de l’UA elle-même.
Ce que dit l’Acte constitutif de l’UA
Au niveau de l’Acte constitutif de l’Union Africaine, rien n’empêche le Maroc de réintégrer l’UA. Dans son article 29, cet Acte constitutif souligne: «Tout Etat Africain peut, à tout moment après l’entrée en vigueur du présent Acte, notifier au Président de la Commission son intention d’adhérer au présent Acte et d’être admis comme membre de l’Union». Cette notification a été bien remise à la présidente de la Commission africaine de l’Union, Nkosazana Dlamini-Zuma, en septembre 2016. Normalement, la notification doit être distribuée aux représentants des Etats membres de l’Union Africaine dans un délai raisonnable. Au lieu de faire preuve de neutralité, abstraction faite de ses positions hostiles au Maroc, la présidente de la Commission de l’UA tarde à faire son travail. Zuma ne distribue la notification concernant l’intention du Maroc d’adhérer à l’Acte constitutif de l’UA qu’en novembre 2016. Il a fallu que le Roi Mohammed VI s’entretienne par téléphone avec le président du 27 Sommet de l’UA, le Tchadien Idriss Déby, pour que Dlamini-Zuma s’active.
Le Maroc réintégrera l’Union Africaine (UA). Il est devenu un acteur clé dans le continent. A coups d’investissements colossaux et grâce aux tournées royales dans de nombreux pays Africains, le Royaume a su occuper sa place en tant que leader incontournable dans la région. Rendez-vous fin janvier à Addis-Abeba.
Mohcine Lourhzal